Cet arbuste très dense aux petites feuilles vert très foncé est autant utilisé pour faire des haies en Europe que nous utilisons le thuya (cèdre) au Québec. Et ils supportent mieux la taille que les thuyas: on peut vraiment obtenir des haies à l'allure «coupée au couteau» avec le buis.

Cet arbuste très dense aux petites feuilles vert très foncé est autant utilisé pour faire des haies en Europe que nous utilisons le thuya (cèdre) au Québec. Et ils supportent mieux la taille que les thuyas: on peut vraiment obtenir des haies à l'allure «coupée au couteau» avec le buis.

De plus, s'il arrive une avarie — une branche qui meurt, par exemple — le buis peut se régénérer à partir du vieux bois alors que le thuya en est incapable. Son principal défaut? Une croissance désespérement lente: il peut atteindre jusqu'à 9 m de hauteur et 4 m de diamètre… après 300 ans! Ainsi, une haie de buis d'Europe de 1,5 cm de hauteur a probablement 40 ans ou plus!

L'autre hic, c'est que le buis d'Europe (Buxus sempervirens) n'est pas rustique au Québec. Même le cultivar le plus tolérant au froid, Suffruticosa, n'est que de zone 6b. On le réussit parfois dans la région de Montréal (zone 5b) dans un emplacement bien protégé des vents, mais on ne peut guère le recommander dans l'Est du Québec.

Plusieurs jardiniers ont toutefois découvert que le buis de Corée (B. sinica insularis, mais habituellement vendu sous son ancien nom, B. microphylla koreana) pouvait se cultiver dans la région, à condition de bien le protéger des vents d'hiver. Sa véritable zone de rusticité est 5a, mais en le recouvrant l'hiver, on peut parfois le réussir en zone 3b. C'est pourquoi les amateurs de ce buis ont l'habitude de lui construire une petite maisonnette de bois pour le protéger du froid. Il faut dire que ce buis est moins attrayant que le buis d'Europe, puisque son feuillage devient jaunâtre l'hiver, et il est de taille nettement moindre (à peine 60 cm de hauteur par 75 cm de diamètre sous notre climat), mais au moins on peut le réussir… parfois.

Des buis vraiment rustiques

Dans les années 70, la pépinière Sheridan en Ontario a expérimenté avec l'hybridation des buis les plus rustiques existants, pour faire une découverte fascinante: en croisant le buis d'Europe avec le buis de Corée, on obtenait des plants plus rustiques que l'un ou l'autre des parents! On appelle ce phénomène la «vigueur de l'hybride», ou hétérosis. Ainsi ces nouveaux buis, qui commencent à peine à paraître sur le marché au Québec, sont rustiques sans aucune protection en zone 4b (la zone de la région de Québec) et même, là où la neige s'accumule, jusqu'en zone 2. Vous voulez en voir la preuve? Allez au Jardin Roger-Van den Hende de Sainte-Foy, où vous trouverez des Buxus Green Mound qui poussent à merveille, sans la moindre protection hivernale (à part une protection contre l'écrasement), depuis plus de 15 ans!

Les « buis hybrides de Sheridan », comme on appelle maintenant ces nouveaux venus, sont toutefois des plants de taille restreinte (le plus haut ne dépasse pas 1,3 m) : il est donc difficile de les utiliser comme écran végétal. On pourrait toutefois les employer comme minihaie pour délimiter un terrain ou une partie de terrain. Et leur taille restreinte en fait d'excellents sujets pour un parterre de broderie à la française, soit des plants taillés selon un motif d'arabesques.

Une description et une culture

Les buis hybrides de Sheridan ressemblent à un buis d'Europe de taille plus limitée : leur feuillage est aussi dense et ils restent verts durant tout l'hiver. Leurs petites fleurs verdâtres sont bien cachées parmi le feuillage, on ne les remarque pas. Enfin, leur bois est flexible, mais très solide : même si l'arbuste se fait comprimer par le poids de la neige, il se relève au printemps quand la neige fond.

Le buis est naturellement une plante de sous-bois, poussant mieux à l'ombre ou à la mi-ombre. Il peut tolérer le plein soleil, mais risque alors de subir des brûlures au cours de l'hiver. Mieux vaut alors le planter à l'abri du soleil du midi et des vents d'hiver, soit sous des arbres ou du côté nord ou est de la maison. Sa croissance est relativement rapide : il atteint sa taille maximale en environ

7 à 10 ans.

Tout sol bien drainé lui convient, même un sol glaiseux, mais il faut lui assurer une certaine humidité en tout temps. À cette fin , un bon paillis est toujours de rigueur. Par période de sécheresse estivale , il peut aussi falloir l'arroser à l'occasion. Si le buis aime bien un sol riche, sans toutefois l'exiger, il faut tout de même éviter de le fertiliser trop abondamment, notamment avec un engrais riche en azote. Cela provoque une croissance plus rapide, mais sujette aux brûlures en hiver.

Tous les buis hybrides de Sheridan prennent tout naturellement une belle forme dense. Il suffit de les planter en ligne droite et de les laisser pousser pour obtenir une belle haie, bien qu'il puisse parfois être nécessaire de supprimer à l'occasion une tige égarée ou de les égaliser un peu. Pour les tailler en carré ou selon une autre forme géométrique, procédez à la fin du printemps, après l'apparition des nouvelles feuilles. On peut tailler une deuxième ou troisième fois , au besoin, pour maintenir en permanence une apparence « coupée au couteau ».

La meilleure protection hivernale est… un automne bien arrosé ! En effet, tant que les tissus arrivent à l'hiver bien gorgés d'eau, il n'y aura pas de dommages hivernaux. Si l'automne est sec , arrosez bien juste avant que le sol gèle. Une légère protection hivernale peut toutefois être utile le premier hiver. Entourez le ou les plants de piquets et étendez un géotextile ou du jute. Il ne faut pas recouvrir le sommet de la plante, sinon un surchauffement peut survenir. Dans les emplacements exposés au soleil et aux vents d'hiver, préférez une vaporisation de Wilt-Pruf (un antitranspirant pour arbustes et pour conifères) aux « cages de bois » traditionnelles , car l'expérience démontre que les buis protégés au Wilt-Pruf sont en meilleur état au printemps.