Depuis l'été dernier, du mobilier de jardin inspiré des biergarten allemands envahit tranquillement les cours montréalaises et les devantures de commerces.

En Allemagne, ces longues tables en bois aux pattes vertes font partie intégrante du décor. On les trouve beaucoup dans les biergarten, ces petits troquets où l'on boit de la bière à ciel ouvert.

La Montréalaise Lea Berger, dont le père est allemand, a grandi avec ce mobilier en pruche et en acier. C'est donc tout naturellement qu'elle a voulu en avoir chez elle, dans sa propre cour. «Je trouvais que le modèle table à pique-nique n'avait pas trop évolué depuis 50 ans au Québec, lance-t-elle en riant. C'est lourd, encombrant et difficile à ranger, surtout avec les hivers qu'on a ici.»

Il y a quelques années, elle avait trouvé un modèle semblable aux États-Unis et l'avait expédié ici, en dépit des frais de livraison extrêmement élevés. Une fois la table installée chez elle, elle a vu à quel point le meuble suscitait de l'intérêt auprès de ses amis. «Au début, je leur donnais l'adresse aux États-Unis. Mais un moment donné, avec mon père et mon conjoint, on s'est dit qu'on pourrait les importer ici plutôt, directement de l'Allemagne», reprend Mme Berger, qui est designer graphique de formation.

C'est le père de Lea qui a fait les recherches et rencontré les marchands, avant de fixer son choix sur un modèle. Les exemplaires voyagent par bateau, puis le trio, qui a fondé l'entreprise Montréal Beergarden, assure la livraison. 

«Ce n'est pas comme si on avait un grand entrepôt ou un système de livraison avec UPS... On fait ça nous-mêmes. C'est un peu pour nous amuser aussi.»

Les entrepreneurs s'y affairent néanmoins avec sérieux, puisqu'ils estiment avoir vendu une cinquantaine d'ensembles en un an et des poussières. D'ailleurs, des commerces ont aussi été séduits par le concept: le restaurant Vin papillon, notamment, vient de s'en procurer pour son jardin. Aussi, il suffit d'aller se balader dans le Mile End pour apercevoir les bancs appuyés contre la façade de quelques commerces, dont le restaurant Lawrence ou la boutique La Montréalaise atelier.

On peut aussi s'en servir à l'intérieur, comme table de salle à manger. D'autres l'utilisent pour travailler. D'ailleurs, l'application de voyages montréalaise Hopper en a commandé pour ses bureaux. Des designers paysagistes ont même acheté une table pour une école.

«L'utilisation peut vraiment varier, mais on a l'impression que c'est surtout pour des jeunes professionnels qui commencent à avoir une belle maison», constate toutefois Mme Berger.

Des protège-pattes en caoutchouc sont inclus dans le prix - qui s'élève à 490 $ avant taxes pour la table et les deux bancs. «Sinon, l'acier peut facilement rayer le plancher, puisqu'on n'a pas nécessairement des petits cailloux au sol comme en Allemagne.»

On peut garder les tables et les chaises dehors pour trois saisons. Puisqu'il ne requiert aucun montage, l'ensemble se range facilement: il suffit de plier les pattes en fer, puis de ranger le tout au sous-sol ou au cabanon en attendant le retour des beaux jours.