À l'aide de plantes vivaces rustiques et comestibles, Croque Paysage transforme façades et cours en des jardins bons pour les papilles et beaux pour les yeux.

L'agastache? Goût de réglisse noir. La mélisse? Parfum de citronnelle. L'oignon égyptien? On peut manger les bulbilles, les racines et les feuilles. De plus en plus, la permaculture prend d'assaut l'aménagement extérieur.

«Ça goûte le yogourt à la framboise. Le matin, je viens et j'en mange trois ou quatre, car elles ne sont pas toutes prêtes en même temps», indique la designer de jardin Claudine Gascon en empoignant quelques framboises d'une ronce odorante de son jardin. «C'est un arbuste indigène qui pousse naturellement au Québec, mais qui est peu connu», ajoute-t-elle. Méconnus sont aussi la vigne à kiwi, un grimpant qui donne des fruits à la peau lisse et consommable, la livèche d'Écosse, le bleuetier géant, le camérisier, le fraisier alpin...

Dans le vaste terrain de sa maison, cohabitent en synergie arbres à noix, arbres à fruits, petits fruits, légumes vivaces, végétaux indigènes et médicinaux.

«Je n'ai pas encore beaucoup de pommes, de cerises, de poires et de prunes, mais tout est là et tout va me donner de plus en plus chaque année», dit la fondatrice de Croque Paysage, jeune entreprise de Val-David spécialisée dans l'aménagement paysager entièrement comestible.

Un design durable

Le jardin démonstratif, installé à l'été 2010 avant la création de Croque Paysage, donne une bonne idée de ce qu'accomplit l'entreprise: associer les principes de la permaculture à un aménagement au design harmonieux et visuellement intéressant. «Le souci d'esthétisme est important, c'est ce qui me différencie», affirme la jeune femme, qui utilise des plantes rustiques en pots, qu'elle cultive sans pesticides ni engrais chimiques, pour reconstituer dans nos cours, terrasses et façades un écosystème diversifié et durable.

«Mes plans sont conçus pour que les plantes s'entraident entre elles.» Si elles ont toutes une fonction ornementale, elles servent notamment à enrichir le sol, repousser les insectes et attirer les pollinisateurs.

En trois ans, Croque Paysage a donné vie à une trentaine de projets du genre, dont certains plus modestes que d'autres, comme la création des plates-bandes devant un hôtel de ville des Laurentides ou autour d'une piscine creusée à Saint-Jérôme. «On a aussi fait des projets à plus grande échelle où on a éliminé le gazon ou presque du terrain. On détermine les zones d'activités qu'on veut aménager, que ce soit un coin pour la terrasse, le feu, la détente ou autre, puis on installe des sentiers et des espaces de circulation. C'est important que les gens ne se sentent pas pris dans leur aménagement. On transforme tout le reste en plates-bandes comestibles», détaille l'horticultrice et paysagiste. Tous les services de consultation, conception et réalisation sont offerts à la carte ou clés en main, selon la motivation du client et son budget. D'autre part, bien qu'elle peut réaliser des potagers traditionnels, la designer suggère plutôt d'intégrer les plantes légumières aux aménagements.

Claudine Gascon s'est initiée à la permaculture en 2006, lors d'un séjour au Costa Rica. Avec en poche des connaissances en technique, en design et en anthropologie, elle poursuit des études en architecture du paysage et en horticulture avant de se lancer dans l'aventure et de terminer sa formation avec un diplôme en aménagement paysager.

Argousier, asperge, origan grec, échinacée, ciboulette à l'ail, roquette vivace... Parmi les quelque 300 variétés de plantes comestibles qui peuvent pousser au Québec, l'entrepreneure en valorise au moins 150, pour leurs origines indigènes, leurs qualités gustatives et ornementales, puis leur résistance aux maladies et au climat des Laurentides, son terrain de jeu. «Mes paysages sont esthétiques, mais aussi très champêtres. Il ne faut pas vouloir tout contrôler parce que, dans mes aménagements, il y a peu d'entretien à faire. On laisse la nature s'exprimer et travailler pour nous», dit Claudine Gascon.

Info: croquepaysage.com

Photo fournie par Croque Paysage

Croque Paysage cultive les plantes sans pesticides ni engrais chimiques, pour reconstituer un écosystème diversifié et durable.

Photo fournie par Croque Paysage

Il y a environ 300 variétés de plantes comestibles qui peuvent pousser au Québec. De ce nombre, Claudine Gascon en valorise au moins 150.

Quatre choses à faire à l'automne

Les conseils de Claudine Gascon pour profiter pleinement de son jardin comestible.

Recueillir les semences

«Récolter les semences bien séchées sur les plants d'octobre à la mi-novembre. On peut les conserver ou les semer tout de suite.»

L'automne est tout indiqué pour ce faire, car les semences de la plupart des végétaux tombent au sol durant cette période.

Attendre les premiers gels

«Plusieurs légumes annuels tels que le navet, le rutabaga, le poireau, la carotte, la betterave et le kale gagnent en sucre lorsqu'ils sont cueillis après les premières gelées et leur temps de conservation s'en trouve prolongé.»

Pour le rutabaga, la carotte, le poireau et le kale, il est possible d'attendre la veille du gel définitif du sol.

Récolter les légumes racines vivaces

«Les légumes racines vivaces tels que le topinambour helianthus tuberosus], le crosne du Japon stachys affinis], la scorsonère scorzonera hispanica] et le chervis sium sisarum] doivent être cueillis très tard à l'automne lorsque leur feuillage a totalement dépéri et que toute son énergie est entrée dans la racine.» Ils peuvent aussi passer l'hiver au sol et n'être récoltés qu'au début du printemps.

Toutefois, on veille à en laisser pour permettre aux végétaux de relancer leur croissance à leur éveil.

Planter avant l'hiver

«À l'opposé des plantes annuelles, l'automne est le moment idéal pour planter les vivaces herbacées, les arbres et les arbustes comestibles», note Claudine Gascon. On profite ainsi de la terre encore chaude et des pluies, qui assureront une reprise rapide aux plantes. «Chaleur et humidité favorisent la croissance des racines longtemps durant la saison, même après que le feuillage est tombé. Au printemps, le sol est toujours froid, ce qui freine l'établissement des racines fraîchement plantées. Ensuite, les chaleurs de l'été font pousser les feuilles et les fleurs au détriment des racines, ce qui peut causer énormément de stress à une plante, surtout pendant les canicules.»

Photo fournie par Croque Paysage

C'est lors d'un voyage au Costa Rica en 2006 que Claudine Gascon s'est initiée à la permaculture.