Ruisseau sec, jardin de pluie... vous connaissez ces aménagements écologiques? Le concept: capter les eaux pluviales au plus bas du terrain, dans un lit de pierres ou de plantes. L'eau percole le sol sur place, au lieu de ruisseler dans les infrastructures municipales. On y gagne un terrain bien drainé, des aqueducs décongestionnés, moins de polluants rejetés dans les cours d'eau et un élément intéressant dans le paysage!

«Quand je suis arrivé, en 1989, l'eau s'accumulait dans le fond du jardin, à cause de la pente, se souvient Michel Girard. C'était vaseux.» Ce propriétaire de Beaconsfield a fait preuve d'avant-gardisme pour l'époque en faisant aménager un ruisseau sec sur son terrain. «Je ne pouvais tout de même pas refiler toute cette eau aux voisins!»

Avec l'aide de l'architecte paysagiste Carlos Martinez, la solution s'est dessinée peu à peu: créer un bassin de rétention intégré au paysagement, en suivant les pentes naturelles du terrain, ce qui allait lui donner la forme d'un cours d'eau desséché.

«Ce réservoir permet de contenir l'eau en cas de pluie abondante, explique M. Martinez, le temps que le sol l'absorbe et l'amène à la nappe phréatique.»

Chez M. Girard, on a creusé le sol de quelques pouces, juste ce qu'il fallait pour installer une toile géotextile, puis un peu de sable et de gravier, le tout surmonté de gracieux cailloux de rivière. Le résultat? Un ruisseau sans eau - sauf quand il pleut! -, qui serpente le long d'un grand L d'un côté de la maison et à l'arrière, sur environ 150 pieds. «Ça donne un cachet, apprécie M. Girard. Le problème de drainage s'est transformé en élément d'intérêt dans le paysage. Lorsqu'il pleut, on voit le ruisseau se remplir. Mais une heure après l'orage: plus de trace d'eau!»

«Avec les changements climatiques, la rétention d'eau devient plus importante que jamais, affirme Carlos Martinez. On reçoit davantage de pluies torrentielles. Des aménagements comme un ruisseau sec, un puits sec ou un jardin de pluie ont l'avantage d'éviter ou de retarder l'arrivée de l'eau dans les collecteurs. De plus, ça demande peu d'entretien.»

Irriguer et drainer

Chez Marjorie et John, propriétaires d'une maison LEED à Pointe-Claire, on a creusé deux puits secs, l'un côté rue et l'autre côté jardin. «Je n'ai jamais vu d'eau à la surface de nos puits, rapporte John. Il faut dire que le constructeur, prudent, les a faits plus volumineux que nécessaire, avec leurs 4 à 5 pieds de diamètre par 6 pieds de profondeur.»

Les quatre gouttières de la maison et celle du garage sont reliées souterrainement aux puits par des tuyaux perforés, lesquels irriguent le sol sur leur chemin avant de déverser leur trop-plein.

La fin du tout-à-l'égout

L'entrepreneur paysagiste Guy Lajoie (Décoration horticole Lajoie), se souvient qu'il y a 10 ans, les gens ne voulaient rien savoir d'autre qu'évacuer l'eau à l'égout. «Mais maintenant, les bons promoteurs utilisent des aménagements paysagers de drainage, dans leurs projets domiciliaires.»

M. Lajoie utilise, pour habiller les puits ou ruisseaux secs, des plantes indigènes qui supportent la sécheresse autant que l'inondation: certaines astilbes, des iris, des ligulaires, des lysimaques, des myosotis, etc., chacune ayant ses préférences d'ensoleillement. Et pour les arbustes: le saule, l'aronie noire, l'arbre des neiges, le sureau, le myrique baumier...

On peut également se servir d'un puits sec pour mettre en valeur une sculpture.

Et le coût? «Chaque cas est unique, répond M. Lajoie. Il faut calculer le coût des pierres, de la miniexcavatrice, le temps, par exemple deux heures, à deux, pour un puits de 6 pieds de diamètre et de 30 pouces de profondeur. Creuser, installer la toile géothermique puis les pierres, ce n'est pas si long, poursuit Guy Lajoie. S'il faut retravailler la pente, cela fait partie de l'ensemble de l'aménagement du terrain.»

Pour trouver les dimensions d'un puits sec qu'on veut faire soi-même, il faut tenir compte de la surface à drainer et des précipitations locales, indique la Société canadienne d'hypothèque et de logement, qui explique comment dans sa série Votre maison.

Photo fournie par Décoration Horticole Lajoie

Sur ce terrain de Blainville, les pentes ont été orientées vers des puits secs de 2,5 pieds de profondeur et 6 pieds de diamètre. Les grosses roches de la circonférence retiennent bien le sol. On remarque un luminaire intégré à l'ouvrage, ce qui le met à l'abri d'un mouvement de tondeuse intempestif!