Ses épis floraux ressemblent beaucoup à ceux du lupin, mais n'attirent pas les pucerons. Bénédiction! On l'appelle faux indigo, faux indigotier ou encore lupin indigo. Mais son nom scientifique est baptisia, un terme latin couramment francisé au Québec, une appellation d'autant plus appropriée que plusieurs cultivars n'ont aucune parenté avec le plus connu de tous, Baptisia australis, le vrai faux indigo.

On compte une quinzaine d'espèces de baptisias (certains auteurs parlent d'une trentaine selon la classification utilisée), tous originaires de l'est et du sud des États-Unis et de certains États du Midwest. Plantes de la famille des légumineuses, elles forment des cosses noires à maturité, semblables à celles des pois, des tiges qui peuvent alors enjoliver des bouquets de fleurs séchées. Au Québec, les baptisias et leurs cultivars sont habituellement en fleurs vers la mi-juin et vous en trouverez probablement encore en pleine floraison dans votre centre de jardin préféré.

Un des premiers baptisias utilisés à des fins décoratives, Baptisia australis, donne une profusion de fleurs bleu foncé. Il porte le nom de faux indigotier, car on a utilisé ses feuilles pour obtenir la teinture bleue qui provenait jusqu'alors de l'indigotier (Indigofera tinctoria), une plante originaire d'Asie, notamment de l'Inde où on s'en sert en teinturerie depuis des millénaires. Il était beaucoup moins coûteux d'obtenir la teinture d'une plante qui poussait un peu partout à l'état sauvage comme une mauvaise herbe, que de faire venir le produit de contrées plus éloignées. À une certaine époque, les Européens ont même engagé des Américains pour produire la plante. D'origine grecque, le terme baptisia signifie d'ailleurs immerger, tremper, une allusion au processus de teinture, tandis qu'australis fait allusion à son origine du Sud.

Offert un peu partout en pépinière, Baptisa australis atteint autour d'un mètre et ses fleurs arrondies ressemblent à celles du pois. On peut les produire à partir de semis, mais il faudra attendre au moins trois ans avant d'obtenir une première floraison. D'ailleurs, il serait sage de demander à votre pépiniériste quand est prévue la floraison du baptisia que vous avez l'intention d'acheter. Je me souviens d'avoir attendu quelques années avant de voir les premières fleurs de celui que je m'étais procuré il y a 20 ans, un plant qui fleurit depuis en juin durant deux semaines. Il a perdu un peu de son ampleur en raison de l'ombre plus grande des arbres des alentours.

S'ils peuvent vivre des décennies, les baptisias, tous espèces et cultivars confondus, exigent le plein soleil, soit six heures d'ensoleillement par jour. On vous dira souvent que la plante pousse aussi à la mi-ombre. Dans ce cas, le feuillage sera moins dense, la floraison moins abondante et les tiges auront souvent besoin d'être tuteurées. La plante croît plutôt lentement, préfère un sol friable, pas trop riche, retenant l'humidité. Par contre, une fois établie, elle résiste fort bien à la sécheresse et à la chaleur.

Une racine pivotante

Les racines des baptisias sont pivotantes et forment un amas que l'on peut diviser au printemps quand les tiges ne dépassent guère 15 cm (elles ressemblent aux asperges). Prolifique dans un milieu approprié, la plante pourra alors produire quelques dizaines de tiges. Autres caractéristiques: elle n'attire pas les insectes et ses feuilles sont si amères qu'elle est ignorée des cerfs, marmottes, lapins et autres bestioles végétariennes à quatre pattes. L'espèce est rustique en zone 3, mais les cultivars sont un peu plus frileux et devraient être plantés en zone 4 ou 5.

Si l'on se fie aux nouveaux cultivars apparus au cours des dernières années, le baptisia connaît une nouvelle popularité. Ainsi, «Carolina Monlight» a été lancé par l'Université de la Caroline-du-Nord en 2002. Ses fleurs jaunes rappellent le thermopsis qui porte aussi le nom de faux lupin, mais elles sont beaucoup plus nombreuses. Adulte, le plant pourra produire une quarantaine de branches. «Purple Smoke» donne des fleurs aux pétales de couleur lilas et sa base est pourpre foncé, presque violette.

Introduits sur le marché encore plus récemment, en 2008 et 2009, par un hybrideur de l'Illinois, «Twilite Praisiesblues» (souvent écrit à tort «Twilight Pariries Blues») et «Starlite Praisiesblues» présentent des fleurs à deux couleurs auxquelles il est difficile de résister. Le premier, très beau, produit des fleurs pourpres contrastant avec la tache jaune de la base. Le second donne des fleurs bleu ciel mais avec une tache blanche à sa base. De quoi rendre jaloux n'importe quel lupin.

Découverte en fin de semaine passée dans une pépinière de la Rive-Sud, ce Kalmia latifolia «Raspberry Glow» devrait aussi être offert dans plusieurs centres de jardin, le cultivar n'étant pas nouveau. Les kalmias restent peu utilisés au jardin même s'ils ont les mêmes exigences que les rhododendrons et les azalées: milieu acide, mi-ombre, terreau retenant l'humidité. On peut obtenir plus de renseignements à leur sujet auprès de la Société des rhododendrons du Québec: https://rhododendronsquebec.org