Au retour du boulot, Guy D'Anjou fait toujours une petite visite à l'étang, avant même de mettre la clé dans la porte. Pour tremper une main dans l'eau, observer une libellule, un chapelet d'oeufs de crapaud ou même, un jour de chance, une salamandre... «C'est chez moi. C'est relax.»

Voilà maintenant quatre ans que l'eau chatoyante a remplacé, sur ce terrain de Prévost, le foin en pagaille d'un ancien pacage à chevaux. «Nous - j'étais alors en couple - trouvions la pente propice à l'établissement d'une cascade», relate Guy.

 

Pour cet amoureux de nature et de canot-camping, l'étang et la cascade rappellent, en microcosme, ses excursions dans les bois environnants. De juin à septembre, il y fait trempette, avec les petits poissons qui lui «bécotent» les jambes. «La nuit, je dors au chant des grenouilles et de la cascade.»

Il y a 10 jours, un cerf s'est aventuré hors de la forêt et a dévoré les hostas en bordure du plan d'eau. Une fois, Guy a observé un martin-pêcheur se servir dans le bassin comme un ado dans le frigo. «L'an dernier, un grand héron est resté quelques jours, le temps de vider l'étang de ses grenouilles.»

 

Paliers concentriques

Le fond du bassin descend par paliers concentriques, (avec des «contremarches» de huit pouces). On peut en sortir par n'importe quel point de la circonférence.

En hiver, une petite pompe continue de fonctionner. «L'eau doit bouger assez pour laisser échapper les gaz de matières en décomposition», explique M. D'Anjou. Ayant omis ce détail la première année, il a découvert au printemps des petits cadavres de poissons et d'amphibiens... Triste moment.

Diverses variétés de grenouilles sont venues de la forêt coloniser l'étang. Les poissons, des «ménés» et des crapets de roche, Guy les a capturés à la bourolle (petite cage métallique), dans une mare de la forêt voisine.

Les plantes et l'écumoire suffisent tout juste ici à maîtriser la prolifération d'algues. L'installation d'un marais filtrant, l'été prochain, devrait les enrayer pour de bon.

Des plantes émergentes, graminées aquatiques et plantes à fleurs qu'on retrouve le long des berges, ont été plantées en périphérie de l'étang, alors que les nénuphars, avec leurs racines plus profondes, flottent au milieu. Ces plantes filtrantes variées ont des besoins différents en minéraux, ce qui les rend complémentaires dans leur rôle de purification.

Des lampes submersibles sont allumées quelques heures le soir. «Ça attire les petites mouches et nourrit les poissons.»

La cascade fait 50 pieds de longueur et trois ou quatre pieds de largeur, sur un dénivelé de 6 pieds. Le bassin mesure 8 pieds sur 26, pour une profondeur de 3 ou 4 pieds. La pompe émet un débit de 7500 gallons à l'heure. L'ensemble, réalisé par Jardins Aquadesign, a coûté 18 000$. Ajouter un marais filtrant (de 45 à 50 pi2) fera grimper la facture de 3000$.

Photo: Ivanoh Demers, La Presse

L'étang construit avec des plantes indigènes attire immanquablement des représentants de la faune locale.