Voilà six ans, Jim Andrewes a décidé de se faire plaisir. Depuis plus d'une vingtaine d'années, le designer britannique se passionnait pour les cadrans solaires multifonctionnels, qui donnent plusieurs informations en plus de l'heure. Il a décidé qu'il fabriquerait un cadran «gnomonique», qui donne l'heure qu'il est à deux endroits différents de la planète.

Voilà six ans, Jim Andrewes a décidé de se faire plaisir. Depuis plus d'une vingtaine d'années, le designer britannique se passionnait pour les cadrans solaires multifonctionnels, qui donnent plusieurs informations en plus de l'heure. Il a décidé qu'il fabriquerait un cadran «gnomonique», qui donne l'heure qu'il est à deux endroits différents de la planète.

 

Ce changement de carrière a été heureux. Maintenant, M. Andrewes, qui demeure au Massachusetts, construit des cadrans solaires dont la valeur varie entre 18 000$ et 150 000$, en Europe et en Amérique du Nord. L'ancien directeur du Musée du temps, qui a eu pignon sur rue à Chicago entre 1978 et 1987, et de la collection d'instruments scientifiques de l'Université Harvard, a bouclé la boucle. Il est revenu aux héros de son enfance, les horlogers.

 

«Ce qui me fascine, c'est de construire des horloges qui n'ont pas de composantes mécaniques, et qui donc seront encore valides pour nos descendants dans plusieurs siècles. Mes clients apprécient aussi le souci que je mets à faire des objets d'art, qui peuvent être admirés en tant que tels et non seulement pour leur prouesse technique.»

Les modèles



Les cadrans solaires sont en vogue, et pas seulement pour les clients très fortunés. La compagnie montréalaise Shepherd's Watch vend depuis quelques années des cadrans portables, dont un qui est inspiré d'une bague donnée à son mari par Aliénor d'Aquitaine au XIIe siècle pour qu'il rentre à l'heure de la chasse. L'an dernier, le Daily Telegraph de Londres a publié deux listes de fabricants de cadrans solaires pour les lecteurs désireux d'agrémenter leur jardin. Et selon M. Andrewes, l'Association nord-américaine de cadrans solaires est de plus en plus active.

 

«Il faut faire attention, par contre, avec les modèles les moins chers, qui coûtent à peine plus de 100$. Mieux vaut en faire un soi-même, avec par exemple les modèles du livre Sundials and their Construction, d'Albert Waugh, ma bible personnelle.»

 

Les cadrans de M. Andrewes sont positionnés grâce à un logiciel appelé Geocart, de manière à montrer à chaque moment le midi dans la zone du monde sur laquelle ils projettent leur ombre, sur une carte situé à leur base. Autour de la carte se trouve une horloge qui donne le temps du lieu où ils se trouvent. Des versions plus sophistiquées peuvent avoir des configurations particulières pour les anniversaires des proches de leur propriétaire, l'heure du lever et du coucher du soleil, ainsi que les signes du zodiaque. Les plus petits modèles font 30 centimètres, les plus grands, 1,3 mètre.

 

Les cadrans solaires ont longtemps été les seuls moyens fiables de tenir l'heure. Les cadrans hydrauliques étaient plus précis, mais ils souffraient de l'évaporation, souligne M. Andrewes. Dans la Rome antique, l'architecte Vitrinius dénombrait 13 types de cadrans solaires seulement en Grèce.

 

Concevoir un cadran gnomonique n'a pas été facile. «J'y ai mis un an et demi. J'ai commencé durant des vacances en Crète. Je me souviens que ma famille était découragée de me voir travailler tous les jours, sur la plage, à des modèles en carton que je devais cacher le soir venu pour éviter qu'ils partent avec le vent.»