Oubliez la Floride, Cayo Coco ou le Club Med. Les Québécois pourront bientôt se prélasser sous l'ombre de somptueux palmiers 365 jours par année. Effet pervers du réchauffement climatique? Pas pour l'instant. L'émergence soudaine d'arbres tropicaux est l'oeuvre des frères Biagioni, qui prévoient, dès le mois de mai, importer et vendre des centaines de cocotiers faits d'acier galvanisé et de fibre de verre.

Oubliez la Floride, Cayo Coco ou le Club Med. Les Québécois pourront bientôt se prélasser sous l'ombre de somptueux palmiers 365 jours par année. Effet pervers du réchauffement climatique? Pas pour l'instant. L'émergence soudaine d'arbres tropicaux est l'oeuvre des frères Biagioni, qui prévoient, dès le mois de mai, importer et vendre des centaines de cocotiers faits d'acier galvanisé et de fibre de verre.

 «Est-ce qu'on va changer le look du Québec? Je ne sais pas, mais en 30 années de travail dans l'industrie des plantes artificielles, je n'ai jamais vu autant d'intérêt pour un seul produit», lance Luciano Biagioni, copropriétaire de la compagnie Le Présent.

 «Aujourd'hui, les gens mettent davantage en valeur l'extérieur que l'intérieur de leurs demeures, poursuit-il. Les Québécois investissent des milliers de dollars dans des fontaines, des spas... Imaginez, nous sommes le pays qui détient le record mondial de piscines per capita et pourtant, nous sommes un pays nordique! Quand vient l'été, les gens veulent en jouir à 100 %.»

 Profiter de cette ambiance tropicale n'est toutefois pas à la portée de tous les budgets. Un faux palmier de 10 mètres coûtera environ 10 000 $ et un cocotier de quatre mètres, plus de 3800 $.

 «On vend du rêve, explique Luciano Biagioni. Au début, on pensait importer le concept seulement pour les endroits comme les hôtels, les zoos ou les parcs aquatiques. Mais j'ai été très surpris de constater que monsieur madame Tout-le-Monde en voulaient dans leur cour.»

 Les 40 premiers échantillons des palmiers dattiers et des cocotiers courbés artificiels sont arrivés au Québec il y a moins d'un mois et déjà, ils se sont tous envolés. Le Présent prévoit en importer des centaines au cours de l'été.

 «À s'y méprendre»

 Malgré leurs feuilles en polyester et leurs troncs en acier recouverts de fibre de verre, les palmiers et cocotiers importés par Le Présent ont une apparence étonnamment réelle. «C'est stupéfiant, à s'y méprendre», soutient Sergio Biagioni.

 La durabilité d'un tel produit aurait d'ailleurs fait ses preuves en Asie où le concept existe depuis plus de 10 ans. Les palmes résisteraient à des vents de 110 km/h ainsi qu'à la neige. Pour prolonger leur durée de vie, Sergio et Luciano Biagioni suggèrent toutefois de retirer le feuillage et de l'entreposer à l'intérieur durant l'hiver.

 Le tronc aurait une durée de vie entre 10 et 15 ans. Les feuilles doivent être remplacées ou recolorées après cinq ou six ans.

 L'installation est également simple. Une structure de métal est posée dans un trou de 1,2 mètre creusé dans le sol. Le trou est ensuite recouvert de béton. Une fois que la fondation est sèche, le palmier - qui pèse 600 livres - est boulonné sur les tiges de métal et les palmes sont vissées une à une. Cette dernière opération prend environ quatre heures.

 À Québec, les palmiers dattiers et les cocotiers courbés seront disponibles dans les centres jardiniers à grande surface et chez les pisciniers, assurent les frères Biagioni.

 À ce jour, Floralies Jouvence a confirmé l'achat de deux palmiers de 10 mètres. Ils seront exposés à l'avant de la succursale de Sainte-Foy dès le 20 avril. «À Québec, il y a des gens qui on le goût et le budget pour les produits d'extérieur haut de gamme», affirme la copropriétaire de l'entreprise Ghila Daoust. Le prix sera fixé entre 7000 $ et 7500 $, dit-elle. «J'ai décidé de les acheter, car j'offre tout ce qu'il y a de nouveau à mes clients. Si je ne les vends pas, ce n'est pas si grave, ils vont rester devant la porte comme décoration.»

 Faire jaser

 La propriétaire de l'Atelier du fleuriste Dumont sur le boulevard Henri-Bourassa, Jackie Dumont, songe également à installer des palmiers devant la façade de son commerce. «Au départ, j'ai trouvé l'idée d'avoir des palmiers dans la neige assez particulière. Ça va faire jaser c'est sûr.»

 Bien qu'elle soit convaincue qu'une telle initiative attire des clients, elle est consciente du caractère kitsch d'un tel produit.

 «Je pense qu'il va y avoir différentes opinions. Pour ne pas que ça fasse La Florida et rendre hommage à la qualité du produit, il va falloir qu'on l'exploite d'une bonne façon», conclut-elle.

 En attendant de siroter un pina colada ou de barboter sous un palmier de 10 000 $, les amateurs des tropiques peuvent se rabattre sur des versions miniatures d'un à deux mètres des arbres artificiels, qui coûteront entre 500 $ et 1600 $.

La Chine, toujours la Chine

 C'est par pur hasard, lors d'un voyage d'affaires effectué en Chine en novembre 2006, que les frères Biagioni découvrent les palmiers et cocotiers artificiels.

 «Nous roulions en taxi sur un long boulevard orné de magnifiques palmiers», explique Sergio Biagioni. «À un moment, j'ai aperçu des ouvriers sur des échafauds en bambou visser de longues palmes sur des troncs. Sur le coup, je n'en croyais pas mes yeux! Je n'aurais jamais crû que c'était des arbres artificiels. J'ai tout de suite cherché à savoir qui les fabriquait».

 Le concept de palmiers artificiels grandeur nature a été lancé en Chine il y a une douzaine d'années pour pallier le manque de végétation dans les nouveaux centres urbains.

 «Là-bas, les villes poussent plus vite que la végétation», affirme Sergio Biagioni. «Ils plantent les palmiers artificiels en alternance avec des vrais, en attendant qu'ils grandissent», ajoute Luciano Biagioni.

 Les deux entrepreneurs québécois ne sont pas les seuls à avoir été séduits par le concept. Les parcs d'attractions Walt Disney, les hôtels de Las Vegas, les Japonais, les Allemands et les Saoudiens sont de grands clients.

 

Photo fournie par Le Présent

En Chine, ces palmiers artificiels sont plantés en attendant que les véritables palmiers grandissent.