Réaliser un jardin urbain parfait d'un point de vue écologique. Voilà le défi que s'est donné un groupe de montréalais cet été. Après des mois de travail, alors que les premières feuillent jonchent la toute nouvelle cour, les écologistes disent enfin mission accomplie. Ils ont fait du jardin du Centre d'écologie urbaine de Montréal un véritable exemple de recyclage et de récupération de matériaux.

Réaliser un jardin urbain parfait d'un point de vue écologique. Voilà le défi que s'est donné un groupe de montréalais cet été. Après des mois de travail, alors que les premières feuillent jonchent la toute nouvelle cour, les écologistes disent enfin mission accomplie. Ils ont fait du jardin du Centre d'écologie urbaine de Montréal un véritable exemple de recyclage et de récupération de matériaux.

 Et en plus, précisent-ils, c'est beau. Voici quelques idées pour un jardin original, et on ne peut plus vert.

 «Avant qu'on se mette au travail, c'était épouvantable ici. Il y avait une grosse butte de terre, un stationnement de béton et un bac à compost inefficace. Ce n'était pas très chic», raconte Luc Rabouin, coordonnateur du Centre d'écologie urbaine de Montréal.

 Pour un organisme destiné à la promotion de l'environnement et du développement durable, la situation n'avait rien de très confortable. Il a donc formé un groupe pour réfléchir à la question, et développer l'idée d'un jardin parfait.

 Cet été, l'équipe est passée à l'acte, avec à sa tête, Emmanuel Blain-Cosgrove, propriétaire d'une des maisons les plus vertes d'Amérique. «Un jardin écologique n'a rien de bien sorcier ni très cher, explique le consultant. Il faut seulement accepter de modifier le projet en cours de route, en fonction des matériaux que l'on trouve dans les cours de rebuts.»

 C'est ainsi que des morceaux de tablettes industrielles sont devenus des supports à vélo, et que des restes de béton imitent la pierre dans la rocaille. Avec la mousse qui commence à s'installer, l'effet trompe-l'oeil est plutôt réussi.

 Des matériaux recyclés et récupérés oui, mais beaucoup de verdure aussi. Idéalement, le groupe aimerait que du ciel, on ne voit pratiquement que des plantes.

 Ainsi, l'abri à vélos présente quatre techniques de toits verts. «C'est une bonne façon pour les propriétaires montréalais de venir constater ce que donnent chacun de ces systèmes», croit Emmanuel Blain-Cosgrove.

Les plantes du jardin sont aussi très résistantes et ne demandent presque aucun entretien. «Nous savions que personne au Centre se dirait: tiens, il faut arroser les plantes!, lance en riant Luc Rabouin. Il nous fallait donc des végétaux presque autonomes!»

 «Notre premier but était de faire une cour qui n'aurait aucun impact sur l'environnement, ajoute M. Blain-Cosgrove. Mais de façon réaliste, c'est impossible. Même la teinture utilisée sur le bois de l'abri à vélos est passée par des procédés industriels qui laissent des traces. Mais au moins, on a fait notre part: tout ce qui est dans cette cour aurait pu finir dans un site d'enfouissement.»

 Le Centre d'écologie urbaine va d'ailleurs installer sous peu des panneaux un peu partout dans la cour afin d'expliquer la démarche derrière cette transformation. Les passants qui parcourent la ruelle à l'ouest de la rue du Parc (juste au nord de la rue Milton) sont donc les bienvenus dans le nouveau jardin.

 Comment s'y prendre?

 Les artisans de ce jardin ont mis plusieurs mois à réunir les matériaux usagés pour leur projet. Leurs conseils? Établissez vos besoins, et faites le tour des éco-centres et de quelques centres de rebuts à la recherche du bois, des pavés et des objets dont vous aurez besoin. Ces endroits sont ouverts au public et les prix y sont habituellement très bas. Il est possible, qu'en fonction de la taille des matériaux, vous deviez modifier légèrement vos plans. «C'est une partie du plaisir», lance Emmanuel Blain-Cosgrove.

 1. Abri pour vélos

 «Acheter une nouvelle feuille de bois pressé, ce n'est pas la fin du monde, mais même ça, nous ne voulions pas le faire», raconte Emmanuel Blain-Cosgrove, un des artisans du projet. L'équipe d'écologistes a utilisé du bois tiré des Éco-centres ou encore de cours à rebuts pour construire cet abri. En regardant sous le toit, la mosaïque de morceaux de bois est visible, mais de l'extérieur on jurerait qu'il s'agit de bois neuf.

 2. Support pour vélos

 Les poteaux métalliques en forme de P, idéaux pour y verrouiller des vélos, sont en réalité d'anciens supports de tablettes, utilisés en usine. Légèrement modifiés, repeints et fixés à la verticale au sol, ils remplissent bien leur nouveau rôle.

 3. Baril de récupération des eaux de pluie

 Offert dans des boutiques spécialisées comme la Coop la Maison verte ou faciles à réaliser à la maison, ce baril sous la gouttière accumule l'eau de pluie. Les propriétaires utilisent cette eau pour arroser les plantes.

 4. Toit vert

 Le toit de l'abri pour vélos fait office de laboratoire pour le Centre d'écologie urbaine. On y trouve quatre types de revêtements de toits verts. L'organisme surveillera de près la résistance de chacun à l'hiver, et présentera volontiers ces différents types de cultures aux citadins curieux.

 5. Bac à compost

 Ce grand bac à compost compte plusieurs compartiments: l'un d'eux contenant les feuilles mortes, essentielles à un compost sain.

 6. Stationnement

 Seules les voitures du service Communauto peuvent se garer dans la cour.

7. Pavé végétal

 Faites de polyéthylène de haute densité, ces alvéoles permettent à la végétation de pousser, mais en protègent les racines si un véhicule y passe. L'an prochain, cet espace de stationnement sera donc entièrement couvert de verdure.

 (Infos sur ce pavé: www.greeninnovations.ca)

 8. Terre réutilisée

 Le Centre d'écologie urbaine de Montréal a même réutilisé la terre du terrain pour les plates-bandes. En nivelant le terrain, les écologistes n'ont pas eu à acheter de nouveaux sacs. «La terre de surface, riche en nutriments, est le fruit de nombreuses années de décompositions d'organismes, explique M. Blain-Cosgrove. Ce n'est pas renouvelable instantanément, alors autant prendre soin de cette ressource.»

 9. Pavés réutilisés

 Les artisans du jardin ont trouvé une centaine de pavés dans un éco-centre. «On n'avait pas le choix de la couleur ni du nombre, mais on a réussi à en faire quelque chose de beau», raconte Luc Rabouin, coordonnateur du Centre d'écologie urbaine.

 10. Bancs réutilisés

 Ces bancs appartenaient à l'origine au CN. Récupérés d'une vieille gare, ils occupent maintenant une place centrale dans ce jardin.

 

Photo Alain Roberge, La Presse

Des matériaux recyclés et récupérés oui, mais beaucoup de verdure aussi. Idéalement, le groupe aimerait que du ciel, on ne voit pratiquement que des plantes.