On rêve souvent d'un jardin que papillons et oiseaux prendraient plaisir à visiter. Mais il en va de la faune comme de ce chien qu'on veut offrir à nos enfants. Il faut savoir dans quoi on s'embarque et pourquoi on le fait.

On rêve souvent d'un jardin que papillons et oiseaux prendraient plaisir à visiter. Mais il en va de la faune comme de ce chien qu'on veut offrir à nos enfants. Il faut savoir dans quoi on s'embarque et pourquoi on le fait.

 «Ce peut être une aventure extraordinaire, une occasion magnifique d'entrer en contact avec la nature. Attirer la faune, c'est élargir le concept du jardinage au-delà de la vocation décorative pour en faire une activité qui a encore plus de sens. Mais ce n'est pas pour tout le monde. Si le proprio est grand utilisateur de pesticides (même bio) ou qu'il se sent envahi et a envie de sortir la carabine à plomb après quelque temps, ça ne va plus.»

 Isabelle Dupras a commencé sa carrière comme architecte-paysagiste. Mais elle a bifurqué vers le métier de pépiniériste et dirige avec son conjoint horticulteur la pépinière Indigo, à Ulverton, grossiste spécialisé dans les plantes indigènes. «Tous ceux qui veulent attirer des animaux se ramassent chez nous.»

 Pour qui décide d'accueillir la faune, trois clés servent de passe-partout, explique-t-elle : nourriture, eau et aussi protection, sinon l'oasis pourrait vite devenir un guet-apens s'ils doivent tomber entre les griffes du chat de la maison. «Ou bien on éloigne les prédateurs, ou bien on rend les mangeoires inaccessibles», souligne Mme Dupras. De la même façon, si on utilise des pesticides sur les fruits et les fleurs, il s'agit plus d'un piège que d'un havre.

Un des secrets pour attirer la faune, c'est la diversité (feuillus et conifères, massifs d'arbustes - où les oiseaux peuvent nicher et se cacher-, vivaces, grimpantes, graminées). Les arbres fruitiers servent de garde-manger aux oiseaux, mais il faut alors être prêt à sacrifier une bonne partie de la récolte. «En une journée, des jaseurs des cèdres vont vider un cornouiller. Mais quel spectacle extraordinaire!» lance Mme Dupras.

 Les espèces à graines comme la rudbeckie, le pavot oriental, les échinacées et les tournesols peuvent fournir de la nourriture en quantité. L'ancolie, la lobélie ou la bigogne attireront les oiseaux-mouches. Si on préfère une mangeoire à liquide sucré, l'entretien devient essentiel sinon le nectar recèlera des bactéries. On peut aussi choisir de limiter la tonte et laisser la pelouse s'exprimer en pré fleuri sur une petite zone (la surface d'une auto, par exemple) On ne la coupera qu'une fois l'an. Merles bleus et papillons y seront attirés et cela ne devrait pas vous causer de problèmes de la part de la municipalité si on sent qu'il ne s'agit pas d'une nuisance. Graminées et fleurs sauvages (achillées et violettes) prendront vite la place des pissenlits, étouffés par les herbes hautes. Quant à l'herbe à poux, elle préfère les milieux perturbés. S'ils pensent bouffe, les gens oublient trop souvent l'eau, tout aussi cruciale.

 Le buddleia (arbre aux papillons) ou le lilas nous viennent d'abord en tête comme aimants à papillons. Mais certaines espèces locales parfois considérées comme des mauvaises herbes peuvent aussi être particulièrement recevantes. C'est le cas de l'onagre, extraordinaire pour les papillons de nuit, les plus nombreux au Québec. La carotte sauvage reçoit plusieurs papillons intéressants. Quant à l'asclépiade, qu'on retrouve sur les terrains vagues et les bords de route, elle héberge le monarque qui pond ses oeufs sur cette seule espèce. Qui dit papillons dit toutefois chenilles. «À part les chenilles à tentes, il n'y a pas de beau papillon individuel qui peut venir à bout d'un massif de fleurs, estime Mme Dupras. L'amiral et le monarque, par exemple, n'aiment pas vivre en colonie.»

 Outre les oiseaux et papillons, qui veut vivre en contact avec la nature songera aussi à ces animaux peu attirants, parfois même répugnants, mais néanmoins fort utiles : «Très discrètes, les couleuvres font des ravages parmi les rongeurs. Aucun chat ne leur arrive à la cheville comme prédateur», souligne la spécialiste. Grenouilles, crapauds et surtout chauve-souris font aussi leur part pour nous débarrasser des insectes, tout comme la libellule qui décime les larves de maringouins. Cette demoiselle sera attirée par les plantes émergentes (joncs, jacinthes d'eau). Le raton-laveur va manger limaces, gastéropodes et larves et fera assez rarement des ravages dans le jardin. Les vers aèrent le terrain. Quant aux insectes, pour les haïr un peu moins, songeons que sans ces pollinisateurs, il n'y aurait ni oiseaux ni fleurs.

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 Cliquez sur conseils pratiques, puis sur Jardin pour les oiseaux.

 

Photo Bernard Brault, La Presse

Ils sont bien jolis, bien sympathiques, mais souvent bien effrontés aussi, ces écureuils, quand ils viennent déterrer nos bulbes ou voler la nourriture de nos oiseaux préférés.