En 2017, deux finissantes en design de produits se sont intéressées aux enjeux de la collecte de déchets et aux façons d’épargner aux aliments une fin de vie au dépotoir. De cette réflexion est né Tero, un petit appareil domestique dont la mission est de transformer les résidus de cuisine en fertilisant. Révolutionnaire ? Nous avons testé la formule.

Équipé d’un système de déshydratation et de deux lames qui broient les aliments, Tero fabrique une mouture riche en nutriments. Ce fertilisant peut être saupoudré sur la pelouse, les plates-bandes, le potager ou les carrés de trottoir végétalisés. La nourriture trop souvent gaspillée et les résidus de cuisine trouvent ainsi une nouvelle vocation : à défaut d’être consommés, ils enrichissent le sol et nourrissent les plantes.

Le gaspillage alimentaire n’est jamais souhaitable, soulignent les conceptrices de Tero. Leur appareil est toutefois une solution supplémentaire pour diminuer la pollution directement à la source. Le Québec gaspille 1,2 million de tonnes d’aliments comestibles chaque année, ce qui correspond à 4 % des gaz à effets de serre de la province. Ces émissions excèdent celles émises par les secteurs du transport maritime, aérien et ferroviaires combinés. « Le transport denos déchets collectifs, incluant le compost, n’est pas non plus sans conséquences », relève Élizabeth Coulombe.

Les gens souhaitent fournir leur part pour l’environnement, note-t-elle, mais ils sont souvent frileux à l’idée de composter en raison des odeurs. « Ç’a été l’élément le plus difficile à contrôler, affirme sa partenaire d’affaires, Valérie Laliberté. On a fait des recherches sur la température, le scellage, la disposition des composants et le type de charbon pour s’assurer que ce soit impeccable de ce côté. » Le résultat est convaincant !

PHOTO FOURNIE PAR TERO

Tero est équipé d’un système de déshydratation et de deux lames qui broient les aliments.

Une idée porteuse

Tero a été pensé en termes d’écoconception. Il est fabriqué entièrement au Québec et conçu pour être durable. Aucune colle n’a été utilisée dans sa fabrication : que des vis. L’appareil peut ainsi être démonté et facilement réparé au besoin.

Pour tester l’empreinte écologique du produit, les idéatrices ont fait appel aux étudiants de Polytechnique Montréal. Les résultats préliminaires montrent qu’au bout de 2 ans d’utilisation, l’appareil devient carbonégatif grâce à son efficacité énergétique, son éco-conception et au détournement des matières organiques des lieux d’enfouissement. Pour ce qui est de sa consommation d’énergie, Tero est moins gourmand qu’un grille-pain.

PHOTO FOURNIE PAR TERO

L’appareil est séduisant pour ceux qui n’ont pas l’espace pour composter.

L’idée de pouvoir transformer les résidus alimentaires à domicile et de les utiliser directement au jardin est séduisante pour ceux qui n’ont pas l’espace pour composter. En témoigne d’ailleurs la somme de 1,75 million de dollars récoltée en sociofinancement sur Kickstarter en seulement un mois. Plusieurs municipalités pour qui la collecte de compost n’est pas une possibilité ont depuis sollicité l’équipe de Tero. On se plaît facilement à imaginer que ce type d’appareil pourrait un jour être subventionné au même titre que les couches lavables. En attendant, l’appareil est vendu 595 $, alors que le modèle contrôlable à distance se détaille 695 $.

Un appareil à apprivoiser

L’utilisation de Tero a exigé une période d’adaptation. Ce qui va au compost ne convient pas nécessairement à Tero qui se révèle, dans sa gestion des aliments, un peu plus capricieux qu’on ne l’aurait imaginé.

PHOTO FOURNIE PAR TERO

Sa cuve et ses lames se glissent au lave-vaisselle.

L’appareil peine à transformer des aliments très humides, tolère ou non ceux qui sont très sucrés ou gras, n’accepte les féculents qu’en quantités limitées, refuse ceux qui sont trop durs comme des coquilles de noix.

À moins d’être coupés préalablement en petits morceaux, des aliments échappent ou résistent aux lames.

Dans ce cas, nous conseille-t-on, il est possible de les redéposer tout simplement dans le prochain cycle. Soulignons que Tero a l’avantage de transformer la viande et le poisson en fertilisant (intégrés en petites quantités) et est assez puissant pour traiter les petits os de poulet.

Son fonctionnement est on ne peut plus simple. Une fois l’appareil rempli au bon niveau, il peut être démarré en appuyant sur une touche. Le reste du travail se fait relativement silencieusement en quelques heures. Selon son emplacement et la durée de son cycle (ce qui varie selon les aliments à transformer), nous conseillons toutefois de le faire travailler la nuit. Bon point : sa cuve et ses lames se glissent au lave-vaisselle.

PHOTO FOURNIE PAR TERO

La mouture obtenue est inégale, ce qui n’affecte cependant pas son rendement au jardin.

Au bout du compte, on ne devra pas s’attendre à obtenir une fine poudre de fertilisant. La mouture est inégale, ce qui n’affecte cependant pas son rendement au jardin. La crainte d’avoir des visiteurs, dont des écureuils en ville, est légitime et il est certainement prudent d’enfouir le fertilisant sous un paillis ou dans le terreau.

Le compostage reste, pour notre part, une solution plus facile à intégrer à notre quotidien. Nous avons l’habitude de déposer certains aliments comme le marc de café, les feuilles de thé usagées, certaines pelures ou tiges, directement au jardin. Tero est toutefois une solution prometteuse qui pourrait bien être une révélation et un indispensable pour d’autres.

À noter : l’appareil peut être commandé dès maintenant en ligne. Comme la liste de prévente est déjà bien remplie, il faudra patienter jusqu’en décembre pour l’obtenir… à temps pour les cadeaux de Noël !

Consultez le site de Tero