Retenez ce mot de plus en plus présent sur les lèvres des soucieux de la nature : permaculture. Dépoussiéré des années 1970, le concept s’affirme à l’heure où se discute une production durable, écologique et de proximité. « Permacultivons », donc ! Mais comment ?

Qu’est-ce que la permaculture ?

À cette question fondamentale vient une réponse plutôt abstraite. Voyons ce qu’en dit le nouveau Guide Larousse de la permaculture, qui offre déjà un excellent indice avec ce conseil placé en couverture : « Ne combattez pas la nature, imitez-la ! » Le terme, y apprend-on, est un dérivé de l’anglais permanent agriculture (agriculture permanente) et sous-entend l’emploi de techniques de culture qui travaillent en équipe avec la nature et non contre elle dans un souci d’obtenir de meilleurs résultats avec moins d’efforts. Ainsi, plutôt que de retourner la terre, on constituera, par exemple, un sol vivant où règne la biodiversité.

Le Guide Larousse de la permaculture

Le Guide Larousse de la permaculture

Larousse

256 pages

Le concept se développe au-delà de simples techniques avec une approche éthique qui englobe une façon de vivre dans son environnement, de consommer et de concevoir l’habitation. « La permaculture est un ensemble de principes qui permettent la conception et l’opération de systèmes humains durables », résume le cofondateur des Écomestibles, Jonathan Pineault, dont la coopérative conçoit des aménagements en permaculture et en agroécologie.

Douze principes

La permaculture est construite autour de 12 principes que les adeptes vous diront remplis de bons sens. En voici un aperçu, à appliquer sur un balcon en ville ou dans un jardin de campagne.

Observer et interagir

PHOTO FOURNIE PAR JONATHAN PINEAULT

Jonathan Pineault, cofondateur des Écomestibles

C’est la base pour comprendre son environnement, souligne Jonathan Pineault. Observez votre jardin sur quatre saisons, voyez quels sont ses habitants, de quoi est constitué son sol, quelle est la flore en place. Causerez-vous plus de torts que de bien et pouvez-vous réparer plutôt que d’amplifier les dommages ?

Produire pour manger, pour les yeux, pour se ressourcer…

Photo fournie par Écomestibles

Dans le cadre d’un aménagement de garderie, Écomestibles a misé sur l’implantation d’arbres et d’arbustes fruitiers. En attendant que les arbres produisent, sa hutte de saules connaît un succès fou et est devenue un lieu de rassemblement.

Peu importe vos motivations et vos objectifs, produisez quelque chose qui contribuera à enrichir l’environnement à votre échelle. L’entretien d’un potager de légumes-fruits est peut-être difficile à atteindre pour certains. La culture des haricots et des pois, en revanche, est accessible à une majorité.

Zéro déchet

PHOTO ARCHIVES LE SOLEIL

Recyclez vos déchets en compostant les matières organiques par les collectes municipales, mais idéalement grâce à votre propre système.

Privilégiez les matériaux naturels et dégradables comme le bois ou la pierre aux matériaux synthétiques dont la nature ne saura que faire. Recyclez vos déchets en compostant les matières organiques par les collectes municipales, mais idéalement grâce à votre propre système, plus écologique, installé au fond de la cour et composé de 50 % de matière organique — feuilles, sciure ou copeaux de bois — et d’une part équivalente de matières vertes comme les déchets de table et du jardin.

Partir de l’ensemble pour arriver aux détails

IMAGE FOURNIE PAR ÉCOMESTIBLES

Aménagement en permaculture par Écomestibles

Beaucoup de gens s’accrochent aux détails et choisissent notamment leurs plantes sans tenir compte des grandes lignes, constate Jonathan Pineault qui cherche plutôt à identifier les ressources et à définir les valeurs qui guident les gestes pour obtenir des solutions durables. « Planter 50 arbres fruitiers c’est super, mais dans 10 ans, qu’est-ce qu’on fera de 500 kilos de pommes ? questionne le designer en permaculture qui ajoute encore cet exemple : si on n’est pas prêt à mettre son potager en façade là où il y a le plus de soleil, il faudra probablement réviser ses attentes. Il y a moyen d’encourager les circuits courts au marché tout en faisant pousser des plantes qui ont besoin de moins de soleil et qui viendront enrichir la cuisine. »

Collecter et stocker de l’énergie

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

L’eau peut être récoltée grâce à de petits bassins de rétention d’eau de pluie.

L’eau peut être récoltée grâce à de petits bassins de rétention d’eau de pluie : un étang, une citerne ou même une chaudière, qui pourront être utilisés pour irriguer le jardin. « Pour une propriété de 25 pi sur 30 pi, il s’écoule en moyenne 67 000 litres d’eau par la toiture », évalue le designer.

Valoriser la diversité

PHOTO DEBRALEE WISEBERG, GETTY IMAGES

Les pollinisateurs, les oiseaux et les insectes profitent d’un jardin diversifié.

Les pollinisateurs, les oiseaux et les insectes profitent d’une diversité. Et n’en déplaise aux férus de la propreté, les espaces sans tondeuse et sans tracteur sont un meilleur refuge. Réservez un endroit pour des plantes sauvages — même à petite échelle sur un balcon avec un mini pré fleuri ou un toit. Favorisez les espèces indigènes qui sont mieux adaptées à la faune locale. « Si vous n’avez pas envie de jardiner tout plein, conseille Jonathan Pineault, il y a d’incroyables outils qui s’appellent des arbustes et des arbres qui permettent de diminuer la surface de gazon et tout l’entretien qui l’accompagne ! »