Dans un climat tropical, le gingembre produit de jolies fleurs mauves entre ses feuilles lancéolées. Dans notre courte saison de jardinage, il faudra faire le deuil du bouquet floral, mais on aura l’essentiel du gingembre : un bouquet d’arômes issus de ses rhizomes et une touche d’exotisme au jardin.

Le gingembre est à son aise dans l’humidité et la chaleur de la jungle. On pourrait le penser capricieux dans nos zones arides, mais sa culture est, au contraire, plutôt facile. Le nutritionniste Bernard Lavallée, amateur de ce condiment en cuisine, s’y est intéressé il y a trois ans. Il en fait pousser chaque été depuis, dans les saillies du trottoir ou en pots sur son balcon. « Peu de plantes nous permettent d’être autosuffisants. Mais avec ma petite production de gingembre, j’arrive à obtenir une quantité suffisante pour l’année. »

PHOTO TIRÉE DU SITE DU NUTRITIONNISTE URBAIN

Au Québec, point de fleurs sortiront des plants de gingembre, mais on trouvera sous terre l’essentiel : les rhizomes au goût et à l’arôme si caractéristiques.

Comme la pomme de terre, le gingembre développe ses rhizomes à partir… d’autres rhizomes. Inutile de parcourir les sites d’horticulture à leur recherche : on les trouve à l’épicerie ! Ils tigeront à même les petites excroissances, communément appelés les « yeux », qui parsèment les bulbes. Au moment de choisir vos spécimens de culture, privilégiez les candidats qui sont fermes, non flétris et qui ont plusieurs yeux. Si l’un d’eux commence à germer, c’est bon signe ! Le rhizome est bel et bien vivant. Pour augmenter vos chances de réussite, choisissez-les de culture biologique, conseille l’horticulteur Larry Hodgson. Ceux de l’épicerie ont toutefois fait leurs preuves.

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Les pousses tigeront à même le bulbe à la peau brunâtre, d’origine tropicale, que l’on trouve typiquement en épicerie.

Démarrer la culture : c’est maintenant !

C’est le moment de démarrer son gingembre à l’intérieur avant de le sortir au jardin dans un mois, quand le mercure et la terre se seront suffisamment réchauffés. « On recommande de ne pas sortir ses tomates avant qu’il fasse un minimum de 10 °C la nuit. Je suis la même règle pour mon gingembre », indique Bernard Lavallée en révélant sa technique. Au retour de l’épicerie, il fait tremper les rhizomes 24 heures dans l’eau pour stimuler leur croissance. Il les dépose ensuite en terre entiers. On peut toutefois diviser les rhizomes en sections de 2 cm ou 3 cm de longueur pour augmenter la récolte, conseille Larry Hodgson. Au bout d’une saison, les bulbes auront minimalement doublé leur grosseur.

Dans son milieu naturel, le gingembre développe des rhizomes en surface du sol, peu ou partiellement enterrés. À la maison, après le trempage, les bulbes pourront être déposés sur une couche d’environ 15 cm de terreau humide, les yeux dirigés vers le haut. On les recouvre ensuite d’une légère couche de terreau avant de les arroser de nouveau.

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Il faut être patient avec la culture du gingembre. Il peut facilement s’écouler un mois avant que de petites pousses sortent de terre.

Le gingembre aime la chaleur et l’humidité, disait-on. « Le temps que les racines germent et que des tiges sortent de terre, je recouvre la surface du pot d’une pellicule de plastique pour y conserver l’humidité, décrit Bernard Lavallée. Ma philosophie de jardinage est d’utiliser ce que j’ai sous la main. J’utilise donc de vieux bacs de plastique et une vieille lampe de bureau pour réchauffer la terre. » Il faut être patient, prévient-il. Il peut facilement s’écouler un mois avant que de petites pousses sortent de terre. Mais la température sera alors parfaite pour sortir les plants de la maison et les transplanter dans un pot plus grand ou les déposer en terre dans une zone bien éclairée du jardin, en les acclimatant graduellement.

« Vraiment, il n’y a pas grand-chose de spécial à faire ensuite, sinon arroser le gingembre quand sa terre est sèche et le fertiliser comme d’autres plantes. Personnellement, je mets de l’engrais de fumier de poule une fois par mois, tout simplement », indique le nutritionniste et jardinier.

Le temps de la récolte

Les tiges du gingembre gagnent de 60 cm à 100 cm durant l’été. À terme, en septembre ou avant tout risque de gel, les rhizomes seront prêts à être récoltés. On peut toutefois s’amuser à en cueillir l’été en cassant un bout de racine, fait observer Bernard Lavallée. La récolte sera tout bonnement moins généreuse. « Mais moi, je préfère attendre la fin de la saison. Je déterre alors le tout et je découvre ma récolte ! »

Les nouveaux bulbes sont d’un jaune tendre avec quelques écailles rougeâtres, et non beiges comme ceux du marché. Ils n’auront pas eu le temps de développer leur peau brunâtre comme dans un climat plus chaud, mais auront, en revanche, tout le goût du gingembre et un côté fibreux moins proéminent.

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Les nouveaux bulbes sont d’un jaune tendre avec quelques écailles rougeâtres.

En vue de la prochaine saison de jardinage, on peut conserver quelques tiges en pot à l’intérieur, sous une lampe. Pour que leur feuillage persiste et que les rhizomes grossissent, les plants exigent en effet de la chaleur et une quantité suffisante d’ensoleillement. Sans ces conditions, le gingembre entrera en dormance pour se réveiller au printemps lorsque la luminosité sera plus importante. Il sera néanmoins possible de puiser ses rhizomes en terre pour agrémenter les mijotés et les sautés.

Une fois déterrés, les rhizomes se conservent environ un mois au frigo. Pour s’assurer d’en avoir à portée de main tout l’hiver, la façon la plus simple de les conserver est de les congeler entiers ou râpés dans des bacs à glaçons. « Ce n’est pas tant pour l’économie d’argent que je fais pousser mon gingembre que pour le plaisir, souligne Bernard Lavallée. Pour moi, le jardinage, c’est vraiment se reconnecter à la production des aliments et comprendre comment ça pousse. Et franchement, arriver à cultiver une plante tropicale comme le gingembre au Québec, c’est le côté le plus gratifiant. Pour moi, c’est ça, le vrai bénéfice ! »

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