Le plant est immense, ses feuilles énormes supportées par de très longs pétioles. Au point où on peut se demander si la rhubarbe est vraiment à sa place dans le potager. D’autant plus qu’elle peut vivre une centaine d’années. Pour un mariage durable, heureux et délicieux, pourquoi ne pas lui trouver un coin tranquille en marge du potager, où elle vous comblera peut-être jusqu’à la fin de vos jours. Un monstre à apprivoiser.

Une plante décorative

Cultivées depuis quelques millénaires en Asie comme plante médicinale, les rhubarbes nous viennent d’aussi loin que la Sibérie, la Mongolie ou le Tibet. On en compte une vingtaine d’espèces, dont plusieurs sont cultivées avant tout à des fins décoratives. Les variétés alimentaires ne sont pas en reste. Leurs grandes feuilles gaufrées en forme de cœur et leurs pétioles colorés de rouge ou dans des variantes de rose et de vert sont aussi fort jolis. Elles figurent fort bien dans une platebande où on pourra d’ailleurs se servir sans pour autant affecter la beauté de la plante. En raison de sa grande taille et de ses feuilles qui dépassent parfois les 60 cm de diamètre, on aurait intérêt à l’installer à l’extérieur du potager, ce qui laissera plus d’espace pour la laitue ou les haricots. Une stabilité bien méritée pour les décennies à venir.

Des semis aléatoires

PHOTO YAN DOUBLET, ARCHIVES LE SOLEIL

On conseille d’attendre au moins une ou deux années avant de procéder à une première récolte.

Il est toujours préférable de mettre un plant de rhubarbe en terre en utilisant de gros rhizomes vendus en pot, car un semis ne donnera pas nécessairement la variété attendue, reproduction sexuée oblige. On dispose chaque plant à 1 m l’un de l’autre et on fertilise avec un fumier bien décomposé mélangé à du compost, à l’automne ou au printemps. La rhubarbe aime un sol riche et bien drainé, car elle ne peut baigner dans l’eau stagnante, sous peine de mourir. Elle se complaît en plein soleil, mais apprécie aussi une position légèrement ombragée. On conseille d’attendre au moins une ou deux années avant de procéder à une première récolte, ensuite, ça dépend des sources consultées. Dans certains cas, on suggère de récolter un tiers ou même deux tiers des tiges, mais d’en laisser au moins six pour permettre une bonne régénération. En culture commerciale où la fertilisation est maximale, on coupe jusqu’à 90 % des tiges.

On ne coupe pas, on arrache !

On peut récolter les pétioles de rhubarbe tout l’été, mais les tiges sont habituellement à leur apogée au printemps. Rappelons que les feuilles contiennent de l’acide oxalique et sont considérées comme toxiques, mais peuvent néanmoins être compostées. Au lieu de les couper, il vaut mieux arracher les tiges du rhizome avec une légère torsion afin d’éviter que les plaies ne soient le vecteur de maladies. Certains suggèrent aussi de couper les grandes hampes florales, elles atteignent facilement 2 m, pour éviter une perte d’énergie. Toutefois, leur aspect décoratif vaut bien que l’on en conserve quelques-unes. La couleur des tiges varie selon le cultivar, mais n’est pas un indice de leur pourcentage en sucre ou de leur amertume. Les hybrides à tiges vertes seraient plus productifs. En cuisine, il faut éviter de peler les tiges si on veut conserver la couleur d’origine. Les cultivars de rhubarbe ne sont pas très nombreux, mais le plus connu est « Victoria ». Il date de 1837 et produit de grosses tiges vertes à rouge vif, selon les lignées. « Canada Red » et « Cherry Red » sont réputés pour leur taux élevé en sucre et leur longue tige dans les tons de rouge plus ou moins foncé. De plus petite taille, « German Wine » produit des tiges rosâtres sur fond vert. Elles servent notamment à faire du vin.

Les rhubarbes centenaires de Serbi

Si vous avez déjà acheté de la rhubarbe dans une grande surface, il y a de bonnes chances qu’elles provenaient des Fermes Serbi, de Saint-Eustache, le plus important producteur au Canada. Ici, on fait pousser exclusivement la variété « Victoria », la plus populaire au monde. « Nous cultivons de la rhubarbe depuis trois générations, explique Sébastien Bigras, un des propriétaires. Nos plants ont d’abord été cultivés par mon grand-père. Ils sont donc âgés de plus de 100 ans. Nous les divisons tous les 10 ans. » La demande est stable, mais on constate un engouement pour le jus, ajoute-t-il. Chez Serbi, la récolte s’échelonne de la fin de mai à la fin de septembre, mais les rendements ont été touchés, au cours des dernières années, par des périodes de sécheresse ou de pluies trop abondantes. Capricieuse, cette rhubarbe !

Consultez le site des Fermes Serbi