Des fleurs dans la maison à l’année ? L’horticultrice Laurie Perron présente ses idées colorées pour cultiver et confectionner des bouquets originaux du printemps à l’automne… et même en hiver !
Il y a plusieurs avantages à fleurir son aire de vie. Le plus évident étant de profiter de la beauté du spectacle au jardin et dans la maison, où l’on peut semer des bouquets de fleurs coupées. Et le plaisir n’est pas que pour les yeux, car l’odorat en profite aussi… et parfois même le goût : les fleurs font le bonheur des butineurs et, par ricochet, celui des plantes potagères et des arbres fruitiers, qu’ils fertilisent en transportant le pollen.
Tout le monde y gagne, fait valoir l’horticultrice et architecte de paysage Laurie Perron qui, en 2014, a démarré Jungle fleur, petite entreprise qui livre des bouquets de fleurs fraîches ou séchées, inspirés de ses coups de cœur. « Il faut voir le jardin dans son ensemble, affirme-t-elle. Il a son propre équilibre, qu’il puise dans la diversité. Si on y met des fleurs, on aide aussi le potager. »
Jungle fleur a pris racine sur un lopin de la terre familiale, à Contrecœur. C’est cependant au cœur de Montréal, dans une petite cour urbaine située à l’arrière d’un logement de la rue Sherbrooke, que Laurie Perron a cultivé son amour des plantes. Sa mère y faisait pousser quelques fruits, des fines herbes, un magnolia, un lilas, des fleurs… Et c’est là, dans cette microjungle urbaine, que son choix de carrière s’est arrêté.
« Ma mère jardinait de façon créative, en utilisant les ressources du jardin : des branches de saule pour faire des treillis ou des copeaux, par exemple. Je n’ai pas appris à jardiner avec des pesticides. Pour moi, c’est la façon logique de jardiner », indique l’horticultrice, qui affiche sans ambages son parti pris pour la production éthique et écologique dans Jardiner tout naturellement, publié ce printemps. « Si tu fais place à la biodiversité, il n’est pas nécessaire de tout contrôler. »
Chaque fleur a son importance, qu’elle soit grande ou petite. Et chaque geste compte, que ce soit cultiver quelques fines herbes sur son balcon ou un grand jardin.
Laurie Perron, horticultrice et fondatrice de Jungle fleur
Quelques astuces pour fleurir son univers
Bien choisir
Pour chaque mois, sélectionner de trois à cinq plantes qui fleuriront au même moment. On s’assure ainsi d’avoir en tout temps des bouquets de fleurs à marier et des pollinisateurs au jardin. « Le grand enjeu présentement, c’est le réchauffement climatique. J’ai observé que certaines plantes qui aiment le soleil se portent mieux à la mi-ombre. On peut également leur faire de l’ombrage en faisant grimper de grandes courges, par exemple. »
Y mettre de la verdure
Intégrer des feuillages et des fines herbes dans les bouquets ajoute à leur attrait. On peut d’ailleurs se garder une partie de fines herbes pour la consommation, une pour les bouquets et partager le reste avec les butineurs.
Diversifier
« J’aime bien avoir différents formats de fleurs et de feuillages au jardin : des plus délicats, des plus sauvages, des plus gros qui donnent du panache à l’ensemble. Ça permet aussi d’attirer des insectes différents. Pensez également à disperser les plantations plutôt que de planter une seule variété au même endroit. Elle sera alors moins vulnérable aux infestations, puisque tout risque alors d’y passer. »
Penser local
« Les fleurs sauvages, on ne les voit pas chez Costco, souligne Laurie, en conseillant l’intégration d’espèces indigènes dans les plates-bandes. Elles font rayonner la diversité locale en plus d’être adaptées à nos climats et à notre faune. »
Semer
« On y pense pour les légumes, mais souvent moins pour les fleurs, observe la jardinière. C’est une solution économique. Plusieurs fleurs peuvent être semées directement en terre, comme la lavande, la capucine, la calendule, le zinnia, la carotte sauvage, la tanaisie, la verge d’or et d’autres fleurs indigènes du Québec. C’est également le temps de planter les bulbes d’été (hémérocalle, glaïeul, canna, ail, dahlia…). »
Conserver ses fleurs pour l’automne et l’hiver
Dans une idée de consommation éthique, on peut apprécier ses fleurs séchées en hiver, plutôt que de les acheter fraîches de l’autre bout du monde, estime Laurie. Tous les bouquets frais peuvent être mis à sécher la tête en bas, à l’ombre et dans un endroit sec. « C’est l’idéal, mais quand c’est pour un usage personnel, je les accroche où ça me tente. Ça fait une belle déco. La seule chose à savoir est que plus c’est humide, plus ça prendra du temps à sécher, précise-t-elle. Les tiges gorgées d’eau sont plus difficiles à faire sécher. C’est beaucoup d’essais et erreurs, mais dans le doute, il ne faut pas hésiter à faire des essais et à s’amuser. »