Il y a 40 ans, Huguette Larocque et Clément Bessette ont commencé à aménager un premier jardin d’inspiration anglaise à l’arrière de leur maison, à Saint-Bruno-de-Montarville. Ils étaient loin de se douter que leur passion les mènerait à créer cinq autres jardins inspirés des cultures occidentale et orientale. L’été dernier, au cours de quatre week-ends, 2500 visiteurs en quête de calme et de beauté se sont déplacés pour admirer leur œuvre et entrer dans un autre monde, judicieusement appelé Harmonia. Le bien-être procuré les motive à aller encore plus loin.

Ils ont démarré doucement, profitant des moments libres que leur laissaient leurs trois enfants, Julie, Antoine et Philippe. Afin de se doter d’un terrain de tennis, dans les années 90, ils ont conclu une transaction avec leur voisin, le Club de golf Mont-Bruno. Leur propriété a doublé de superficie pour atteindre près de 100 000 pi2, au pied de la montagne. Le déclic ne s’est toutefois produit qu’au tournant des années 2000, lorsqu’ils sont allés visiter leur fille et leur gendre, deux designers qui travaillaient à Bali. Ils n’y sont allés qu’une fois, mais le voyage a été marquant.

« Nous avons vu des choses très spéciales, indique Clément Bessette. Comme notre gendre faisait de l’importation, nous en avons profité pour emplir un conteneur de pierres et d’objets particuliers. Il a continué à nous faire parvenir toutes sortes de choses pendant près de 10 ans. Avec la collaboration d’artisans et d’artistes, de notre fille et de notre gendre, plusieurs sont devenues des sculptures. »

Transparence

Sa conjointe Huguette est aussi une artiste, précise-t-il. « Elle a développé une technique particulière pour la sculpture des arbres, qui s’apparente à celle utilisée pour tailler les bonsaïs. On voit à travers les feuillages. Cela donne une impression de légèreté et de transparence. C’est une des caractéristiques principales des jardins. »

  • Huguette Larocque a développé une technique particulière pour la sculpture des arbres, qui s’apparente à celle utilisée pour tailler les bonsaïs. Elle a ainsi donné un style asiatique à cette épinette bleue.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Huguette Larocque a développé une technique particulière pour la sculpture des arbres, qui s’apparente à celle utilisée pour tailler les bonsaïs. Elle a ainsi donné un style asiatique à cette épinette bleue.

  • Le jardin d’inspiration japonaise, très zen, se caractérise par sa simplicité, explique Clément Bessette. Il y a peu de fleurs. Les pierres et divers éléments viennent de Bali.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Le jardin d’inspiration japonaise, très zen, se caractérise par sa simplicité, explique Clément Bessette. Il y a peu de fleurs. Les pierres et divers éléments viennent de Bali.

  • Dans le jardin zen d’inspiration japonaise, cette sculpture représente le soleil levant. Il s’agit à la base d’une racine d’arbre, découverte à Bali, qui a été arrondie et peinte, avant d’être placée sur un piédestal de style japonais. Les roches à l’arrière proviennent aussi de Bali.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Dans le jardin zen d’inspiration japonaise, cette sculpture représente le soleil levant. Il s’agit à la base d’une racine d’arbre, découverte à Bali, qui a été arrondie et peinte, avant d’être placée sur un piédestal de style japonais. Les roches à l’arrière proviennent aussi de Bali.

  • Un muret de 75 pi de long, d’abord érigé pour entourer un jardin intérieur, est devenu le cadre parfait pour une scène évoquant une cité perdue dans le désert.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Un muret de 75 pi de long, d’abord érigé pour entourer un jardin intérieur, est devenu le cadre parfait pour une scène évoquant une cité perdue dans le désert.

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Le jardin d’inspiration balinaise est né en 2006. Ont suivi les jardins d’inspiration japonaise en 2007 et d’inspiration française en 2009. Les deux plus récents sont le jardin romantique (2016) et celui de style Land Art (2018). La Cité perdue a quant à elle trouvé sa vocation en 2016, à la suite d’un cheminement qui s’est échelonné sur deux ou trois ans, jusqu’à ce que le couple se rende en Arizona. Le muret de 75 pi de long, d’abord érigé pour entourer un jardin intérieur, est devenu le cadre parfait pour une scène évoquant une cité perdue dans le désert.

« C’est arrivé régulièrement que nos idées bifurquent, explique M. Bessette. C’est rare qu’on ait des plans préétablis. Nous cheminons et les jardins sont souvent le fruit d’un travail collectif. »

Ils ne sont pas puristes. « Les cultures orientale et occidentale se croisent dans différents jardins, précise-t-il. Dans celui d’inspiration française, où tout est plus formel, des boules japonaises sont accrochées aux arbres. Le bouddhisme et l’hindouisme se rencontrent dans le jardin s’inspirant de Bali. Quant au jardin d’inspiration japonaise, il se caractérise par sa simplicité. On y trouve peu de fleurs. Il y a des pierres et des éléments qui viennent de Bali, dont la culture est assez proche. L’idée est d’avoir un endroit zen. »

Faire profiter

Ils ont longtemps refusé de s’exposer au regard des étrangers. Ils n’étaient pas prêts.

« Notre jardin est différent, souligne M. Bessette. C’est notre façon de faire les choses. Huguette sculpte les arbustes et dessine les aménagements paysagers. Le choix des plantes et la plantation se font à deux, dans l’harmonie. Je m’occupe de l’entretien général et je m’assure que les plantes vont bien. Ces derniers temps, j’ai passé beaucoup de temps à arroser… »

Ils se sont laissé convaincre d’ouvrir leurs portes au public, il y a huit ans. Ils étaient craintifs au départ, se demandant si les visiteurs allaient piétiner leurs plates-bandes. Ils y sont allés graduellement, accueillant des amateurs une journée pendant l’été, puis une fin de semaine, puis deux, puis trois, puis quatre. Ils se sont mis à amasser des fonds pour deux œuvres de bienfaisance. Cet été, ils établissent un record : cinq fins de semaine en juillet et au début du mois d’août, les vendredis, samedis et dimanches. La propriété étant vaste, il n’est pas nécessaire de prendre rendez-vous, à moins de vouloir faire une visite guidée. M. Bessette n’en animera qu’une par jour (à 11 h), pour des groupes limités à 30 personnes.

Il y a un respect incroyable. Dans les livres de commentaires, les gens nous remercient. Le jardin leur a fait du bien. On n’en revient pas. On fait aussi du bien d’une autre façon, avec nos grandes cruches, où les gens laissent un don s’ils le peuvent.

Clément Bessette

L’argent recueilli pendant les quatre premières fins de semaine sera versé à la Fondation des Auxiliaires bénévoles de l’hôpital Charles-Le Moyne, ainsi qu’à la Maison répit-vacances, à Longueuil. Lors de la cinquième fin de semaine, qui s’ajoute, les fonds amassés iront à L’Arche Montérégie, à Belœil. Les propriétaires désirent également rendre leur site plus interactif, en permettant que des ateliers et des concerts classiques y soient donnés.

Depuis le début du mois d’avril, leur passion les tient occupés sept jours par semaine. « C’est presque une maladie », convient M. Bessette, qui, à 75 ans, est heureux d’avoir un peu d’aide, quatre jours par semaine. Sa conjointe et lui ont-ils le temps d’en profiter ? Oui, tôt le matin, quand ils font leur tournée. Le soir, ils sont trop fatigués… Le sentiment de faire du bien, autant aux visiteurs qu’aux organismes de bienfaisance, leur donne des ailes. Et les rend heureux.

> Consultez le site d’Harmonia

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

L’homme d’affaires François Marcil cherche constamment à bonifier son jardin. Celui-ci a pris une ampleur qu’il n’avait pas prévue.

Le Jardin de François

D’autres jardins privés ouvrent leurs portes durant l’été, en échange d’un don. C’est le cas du Jardin de François, à Saint-Sauveur. Depuis plus de 20 ans, l’homme d’affaires François Marcil laisse libre cours à sa passion pour le jardinage. Des milliers de roses et de vivaces égaient son immense propriété de plus de 7 acres. M. Marcil veut que d’autres profitent de son jardin. Il a ainsi choisi d’appuyer la Société Alzheimer des Laurentides. Des myosotis, devenus le symbole de la Société Alzheimer, sont d’ailleurs visibles à différents endroits. Discrètement, les petites fleurs bleues rappellent la mission que s’est donnée le propriétaire. Une mission qu’il prend très au sérieux. Jusqu’à la mi-août, pour permettre la distanciation nécessaire, les départs se feront entre 8 h 30 et 10 h 30, les mercredis et les samedis. En suivant les sentiers indiqués, la visite des lieux prend environ deux heures. Les personnes intéressées réservent leur place en faisant un don de 25 $ par personne sur le site de la Société Alzheimer des Laurentides.

> Consultez le site du Jardin de François