Les avantages et vertus du jardinage sont connus depuis longtemps, mais plus que jamais, mettre ses mains à la terre et en récolter ses fruits, légumes et autres petits trésors fait du bien.

Difficile de leur trouver des défauts. Résistantes aux insectes et aux maladies, ornementales et parfumées, les fines herbes sont incontournables en terre comme en pots pour créer un jardin qui stimule les sens. Quelques astuces pour tirer le meilleur de ces aromates.

S’intéresser aux fines herbes, c’est découvrir un univers de couleurs, d’odeurs, de saveurs et de verdures. L’agronome Lili Michaud, autrice de plusieurs livres sur le jardinage, en est passionnée. Elle présente ses coups de cœur et conseils dans Les fines herbes, de la terre à la table, publié aux Éditions MultiMondes. Son petit jardin du quartier Limoilou, à Québec, est garni d’une centaine de variétés de ces aromates qu’elle cultive de façon biologique depuis des années.

Certains réservent aux fines herbes un jardin bien à elles, tandis que d’autres les intègrent dans leur potager ou leurs plates-bandes. Lili Michaud n’a pas cherché à trancher. Son aménagement paysager est constitué à 80 % de plantes comestibles, dont de multiples fines herbes, cultivées aussi bien en façade de sa demeure que dans sa cour. « D’abord parce que je suis gourmande, dit-elle, mais aussi parce que j’aime que mes plantes potagères et ornementales profitent des effets positifs des fines herbes. »

IMAGE FOURNIE PAR LES ÉDITIONS MULTIMONDES

Les fines herbes, de la terre à la table, de Lili Michaud

Des dures à cuire

Leurs huiles essentielles éloignent les insectes et confondent les ravageurs. Les maladies ont aussi peu de prise sur elles. Si elles repoussent les indésirables, elles attirent aussi des visiteurs bienvenus, notamment les pollinisateurs, dont plusieurs plantes potagères ont besoin pour produire leurs fruits. C’est le cas des concombres, des courges et des arbres fruitiers.

D’autres fines herbes attirent des insectes prédateurs comme la coccinelle, qui se régale des pucerons. En haie autour du potager, elles créent une barrière protectrice. L’hysope, la lavande, la sarriette d’hiver, la sauge et le thym se prêtent bien à ce type d’aménagement. 

Pour la cueillette et parce qu’elles repoussent chaque année, il peut toutefois être pratique de regrouper quelques fines herbes vivaces et rustiques dans un secteur du terrain.

À deux, c’est mieux

PHOTO FOURNIE PAR LILI MICHAUD

Un mur de fines herbes fabriqué à partir d’une palette

Certains jardiniers ne les utilisent que pour leur valeur ornementale, mais n’est-ce pas le meilleur des mondes que de pouvoir les cultiver aussi pour leurs arômes ? Il faudra peut-être, dans ce cas, sacrifier leur floraison. La ciboulette, par exemple, produit de jolies fleurs bleues ou blanches, selon les cultivars, et ces dernières sont comestibles. Idem pour l’agastache, la lavande, l’origan, le tagète luisant… Les fleurs donneront cependant un côté moins agréable au feuillage qui deviendra alors coriace. Pour profiter à la fois des attraits ornementaux et aromatiques des fines herbes, procurez-vous deux plants : l’un que vous utiliserez pour son feuillage et l’autre que vous pourrez laisser fleurir.

Gourmandes et ornementales

PHOTO FOURNIE PAR LILI MICHAUD

L’agronome Lili Michaud, grande amatrice de fines herbes

À elles seules, elles ont le pouvoir de transformer une parcelle de terre en jardin aux odeurs enivrantes. Variez les couleurs et formes de feuillages pour créer des plates-bandes de fines herbes, intégrez-les dans un aménagement ornemental à travers d’autres plantes, faites-les pousser à la verticale ou même en damier dans un sentier (voir photos), suggère Lili Michaud. La plupart des fines herbes apprécient le plein soleil, mais certaines s’accommodent de la mi-ombre, comme la pimprenelle, la menthe, le persil, la coriandre et la mélisse.

D’une année à l’autre

PHOTO FOURNIE PAR LILI MICHAUD

Aménagement en damier

Quand elles peuvent continuer à évoluer à l’intérieur de la maison, il est pratique de les cultiver en pots pour pouvoir les rentrer facilement à la fin de la saison. Les vivaces non rustiques — romarin, citronnelle, stévia, verveine citronnelle, certains cultivars de sauge… — gagnent à passer l’hiver à l’intérieur. « Comme la culture en pot est plus risquée pour les fines herbes, assurez-vous de choisir des plants qui sont rustiques dans des zones d’au moins 1 point inférieur à la vôtre, conseille Lili Michaud. Si on veut que nos fines herbes reviennent l’année suivante, leur rusticité est toujours à surveiller au moment de l’achat. »

Des équipes gagnantes

À planter à proximité pour leur bon compagnonnage : 

La coriandre et le romarin éloignent les ravageurs qui raffolent de la carotte, du panais et du céleri.

Le basilic, le persil et la tomate apprécient tous trois un sol riche et humide.

La marjolaine et la sarriette d’été font bon ménage avec les choux, poivrons et aubergines, qu’elles protègent aussi des envahisseurs.

Le concombre et les courges se plaisent avec l’aneth, qui attire les pollinisateurs.

La ciboulette protège les arbres fruitiers de leurs envahisseurs.

Cinq variétés à découvrir

« Je suis la plus belle preuve que le goût, ça se développe », confie Lili Michaud, qui a mis plusieurs années à se faire au goût de la coriandre, devenue ensuite l’une de ses fines herbes favorites. Vous avez probablement déjà vos préférées et celles qui vous sont familières. Que ce soit pour faire entrer de nouvelles saveurs dans vos plats ou d’autres parfums au jardin, voici cinq fines herbes à découvrir.

L’épazote (Dysphania ambrosioides)

PHOTO FOURNIE PAR LILI MICHAUD

Épazote

On l’aime ou pas, selon les perceptions. En effet, si l’épazote a une saveur racée de citron, sauge et menthe pour certains, elle déplaît à ceux qui lui trouvent plutôt une odeur de solvant à peinture ! Son parfum varie selon ses stades de croissance. Elle se marie particulièrement bien aux légumineuses, dont elle atténue les effets moins désirables, en l’occurrence les flatulences ! Elle est, avec la coriandre, une herbe de base de la cuisine mexicaine et guatémaltèque.

Le périlla (Perilla frutescens)

PHOTO FOURNIE PAR LILI MICHAUD

Périlla rouge 

Originaire d’Asie, cette annuelle, aussi appelée shiso, et persil ou basilic japonais, est utilisée pour un usage thérapeutique en Chine depuis des millénaires. Ses feuilles fraîches ont un parfum qui rappelle celui de la cannelle, de la muscade ou du curry. Son feuillage est vert ou rouge et ressemble, dans ce dernier cas, à celui du coléus. Les pollinisateurs sont attirés par ses fleurs tandis que ses feuilles ont un effet répulsif sur les ravageurs.

La pimprenelle (Poterium sanguisorba)

PHOTO FOURNIE PAR LILI MICHAUD

Pimprenelle

Ses feuilles dentelées sont délicates, mais cette plante au joli nom n’est en aucun cas fragile. Vivace rustique, elle se plaît en zone 4. Son feuillage a un goût et une odeur de concombre, et doit être consommé fraîchement cueilli.

La livèche (Levisticum officinale)

PHOTO FOURNIE PAR LILI MICHAUD

Livèche

Mi-persil, mi-céleri, la livèche gagne à être mieux connue. Vivace en zone 3, elle est robuste et se plaît au soleil tout comme à la mi-ombre. Elle est l’une des premières plantes à se pointer au printemps et croît ensuite rapidement. Son feuillage atteint jusqu’à 2 m de hauteur au bout de 3 à 5 ans.

Le tagète luisant (Tagetes lucida)

PHOTO FOURNIE PAR LILI MICHAUD

Tagète luisant

Sa saveur se rapproche de celle, anisée, de l’estragon français. Rustique sous les tropiques, il est considéré comme une annuelle en Amérique du Nord. Il apprécie le soleil et la chaleur. Le tagète luisant — ou estragon espagnol, mexicain ou d’hiver — serait efficace contre les troubles d’estomac et la gueule de bois. Au jardin, il gagne à côtoyer les plantes potagères puisqu’il déroute les ravageurs. Il produit, en prime, de jolies fleurs jaunes.