Vous avez mis la main sur une belle quantité d’ail charnu et délicieux au marché ? Il n’est pas trop tard pour en planter une partie sur un bout de votre terrain, histoire de le multiplier et de faire une jolie petite récolte l’été prochain. Voici comment vous y prendre.

Quand on s’habitue à un ail de qualité, bien ferme et craquant, on n’a plus le goût d’acheter l’ail rabougri (et importé) qu’on trouve le plus souvent à l’épicerie. Et les amateurs de bon ail semblent toujours plus nombreux. « On a manqué d’ail dès la fin de septembre cette année », raconte Roxanne Dubuc, copropriétaire de la ferme Ail ail ail Hudon Dubuc, à Mont-Saint-Grégoire, au sud-est de Montréal. « C’est du jamais-vu pour nous ! »

Heureusement, on trouve encore de l’ail d’ici dans les marchés. Pas trop tard, donc, pour faire des réserves pour l’hiver (la plupart des variétés locales se conservent entre trois et dix mois, estime l’association des producteurs Ail Québec). Ni pour trouver l’ail que vous pourrez cultiver sans trop de mal.

L’ail requiert en effet assez peu d’attention. Il se plante l’automne, tant que le sol n’est pas gelé, normalement avant le 15 novembre dans le sud du Québec. « L’ail est un légume intelligent », dit Roxanne Dubuc, qui le cultive avec son conjoint Yannick Hudon depuis un peu plus de cinq ans. « Il s’adapte bien à son environnement. C’est donc une bonne idée de planter des caïeux [gousses] qui viennent de votre région. »

Le sol idéal est bien drainé, fertilisé avec du fumier de poule et de l’humus de feuilles mortes et situé dans un endroit ensoleillé (l’ail peut tolérer un peu d’ombre, cela étant dit).

Pour avoir de bons résultats, il faut planter les plus beaux caïeux, qu’on aura délicatement détachés de la tête le jour même de la plantation — ou pas plus d’une semaine avant – en essayant de garder la peau protectrice.

Roxanne Dubuc, productrice d’ail

Les caïeux doivent être plantés à environ 5 cm de profondeur, la pointe vers le haut (pour obtenir un plant bien droit) à 10-15 cm de distance les uns des autres. Si vous plantez plus d’un rang, espacez-les d’au moins 20 cm. Et si votre terre est argileuse ou très humide, des rangs surélevés donneront de meilleurs rendements. Dans tous les cas de figure, c’est une plantation qui ne demande pas beaucoup d’espace.

Protéger du froid

Une fois l’ail en terre, il faut le protéger. « Nous recouvrons nos rangs de quatre pouces de paille, précise Roxanne Dubuc. À la maison, les gens peuvent utiliser des feuilles mortes. Je suggère d’en mettre huit pouces d’épais et d’arroser un peu si les feuilles sont sèches pour éviter qu’elles ne partent au vent. » Les tiges d’ail n’auront aucun mal à percer cette couverture végétale au printemps.

Dans une vidéo récemment mise en ligne sur sa chaîne YouTube, Stefan Sobkowiak, de la ferme Miracle à Cazaville, en Montérégie, recouvre son ail de feuilles qu’il a préalablement déchiquetées avec une tondeuse. « C’est beaucoup de matières organiques, c’est très bon pour la fertilité du sol, votre ail en profitera et il sera beau, dit-il dans la vidéo. Les feuilles éloigneront aussi les parasites. »

> Regardez la vidéo de Stefan Sobkowiak (en anglais)

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

La fleur d’ail, récoltée vers la fin de juin ou le début de juillet, parfume à merveille un sauté de légumes ou fait un excellent pesto. Elle se conserve de longues semaines dans un sac en plastique au réfrigérateur, précise Ail Québec.

Les germes d’ail se montreront le bout du nez dès les premiers jours du printemps. À partir de là, un arrosage régulier (environ 30 mm par semaine) suffira à les faire croître. Vous pourrez ajouter chaque mois un peu de granules de fumier de poule, vérifier la base des tiges et retirer un peu d’humus ou de paille lors d’une période très humide. Si la teigne du poireau, un papillon de nuit dont les larves peuvent dévorer l’ail à votre place, se manifeste, il existe des insecticides bios (dont un à base d’un champignon qui tue les larves).

Les variétés à col dur produiront de délicieuses fleurs d’ail que vous couperez à la fin de juin ou au début de juillet pour favoriser la croissance de caïeux. L’ail sera prêt à être récolté quand les deux tiers des tiges auront jauni, soit vers le début d’août dans la moitié sud du Québec. Il est ensuite primordial de bien le faire sécher, dans un endroit aéré à l’abri de la lumière du soleil. En évitant les grandes variations de température et la réfrigération, qui ferait germer votre ail, vous pourrez le conserver de longs mois.

Pour une récolte qui comblera vos besoins toute l’année, Ail Québec recommande de planter 50 caïeux (soit environ 1 kg). Mais peu importe la quantité, l’ail que vous récolterez dans votre cour sera — bien entendu ! — le meilleur que vous goûterez.