Maxime Vandal et Richard Ouellette ont fait le tour du monde. Leur travail les a amenés en Europe et à New York. Ils ont cherché le bonheur à travers des activités grisantes. Ils l’ont trouvé à Bolton-Ouest, dans le jardin de la ferme Humminghill.
Le premier est architecte et le second est designer d’intérieur. Ils se font remarquer autant ici qu’à l’international avec la firme qu’ils ont fondée, Les Ensembliers. Malgré leur horaire chargé, ils ont acheté sur un coup de tête (et un coup de cœur) une ancienne ferme, à l’automne 2016. La somme de travail accomplie au cours des trois dernières années est hallucinante.
« C’est un peu fou, admet Maxime Vandal. On s’est embarqués dans quelque chose de vrai et de sain. »
On y a rêvé longtemps et on pensait que c’était pour notre retraite. Les gens commencent à comprendre ce qui nous attire dans cette connexion avec la nature.
Richard Ouellette
Ils mènent ensemble deux vies parallèles, marquées par la beauté, le design et la créativité. Au plus fort de la pandémie, en mars et avril, ils se sont réfugiés dans leur ferme, devenue leur havre de paix. Pendant trois week-ends, en mai, ils ont planté des semis de fleurs et de légumes et mis en terre des petits plants. Environ 2000 des 8000 plants poussaient à l’intérieur depuis la mi-février. À la fin de mai, ils ont fait installer deux ruches. Ils comptent agrandir leur poulailler pour passer de 8 à 25 poules. Réveillés au petit matin par leur coq Porto, ils ne s’en plaignent pas. Ils sont habitués à se lever tôt pour superviser des chantiers. Ils se couchent aussi très tôt.
Le travail sur la ferme, axé sur le court terme, contraste avec leur travail créatif, qui s’échelonne souvent sur plusieurs mois. « C’est fantastique de vivre avec ces deux horizons, indique Maxime Vandal. On est ancrés dans le présent avec l’un et dans le futur avec l’autre. »
Ils demeurent à Bolton-Ouest du vendredi au lundi et séjournent à Montréal au milieu de la semaine. Leur ferme leur sert aussi de laboratoire et leur attire une nouvelle clientèle, qui demeure dans les Cantons-de-l’Est.
« La routine s’est établie naturellement, précise Richard Ouellette. Pendant les trois ou quatre jours au bureau, la production est plus condensée. L’équipe a développé une forme d’autonomie, qui s’est révélée à travers la pandémie et nous laisse la liberté de créer à distance. Cette formule semble fonctionner. »
Une occasion en or
En 2016, lorsqu’ils ont appris que la propriété était en vente, Maxime Vandal a flairé la bonne affaire. D’abord sceptique, Richard Ouellette a été séduit par la longue allée, qui menait à la maison. L’achat, impulsif et émotif, s’est effectué en quelques jours.
La propriété, qui était une ferme jusqu’en 1960, puis avait été transformée en domaine de villégiature, était l’ombre d’elle-même. « Le domaine était dans un état de vieillissement avancé, se rappelle Maxime Vandal. Le même propriétaire habitait ici depuis 30 ans et il ne se passait rien depuis 10 ans. La première année, on s’est posés ici. On s’est dit qu’on allait voir comment on allait apprivoiser cette affaire-là. Finalement, tout était à refaire. »
Ils se sont rapidement joints au Collectif de Bolton-Ouest, formé de citadins qui, comme eux, veulent revaloriser les terres et les forêts de la région. « Cela nous a permis de développer des connaissances et des compétences, indique Maxime. On a aussi profité des conseils de Caroline Gosselin, consultante principale chez Flow Design. Elle nous a aidés à structurer notre vision et à nous diriger vers la permaculture. »
Ils ont choisi de faire pousser des fleurs. Des dahlias, des pois de senteur, des cosmos, des zinnias. « C’est important, quand je vais arroser des plants, que cela me parle et me rende heureux, souligne Maxime. On n’aurait pas cultivé des céleris ni produit de la viande. On développe des idées propres à nos intérêts et à nos compétences. »
Les productions sont complémentaires. En plus de vendre des bouquets, le couple s’apprête à fabriquer du vinaigre aromatisé à la ciboulette.
Beau potager
Pour Maxime Vandal, le potager devait être productif, mais il devait surtout être beau, tout en étant écologique. L’architecte a donc marié les textures, les formes et les couleurs. Il a aussi intégré un bassin pour y admirer des carpes koï. « Elles apportent un effet zen, confie-t-il. J’ai un attachement sentimental envers ces poissons asiatiques. »
Le jardin est le reflet de qui on est. Nous avons reçu quatre demandes pour en créer chez des clients, à plus petite échelle. On va essayer de se marier à leur univers, pour qu’ils se sentent bien.
Maxime Vandal
Au départ, les deux partenaires de 49 ans croyaient élire domicile dans le garage en attendant de rénover la maison principale. Devant se résoudre à le démolir, ils ont construit une habitation utilitaire de deux niveaux, connectée au potager, avec une cuisine conçue pour faire du vinaigre et des conserves. Maxime Vandal en a profité pour approfondir ses connaissances de la norme LEED. Ils demeurent à l’étage de la nouvelle habitation, qui a obtenu la certification LEED Or. Une autre corde à leur arc.
Tous deux sont très fiers d’avoir mis leur énergie au service de leur vision. Depuis le confinement, ils sentent que le regard des autres a changé. On les envie au lieu de les considérer comme des excentriques. Ils recommandent chaudement aux citadins à la recherche d’une résidence secondaire de prendre soin eux aussi d’une fermette. À leur manière.
> Consultez le site de la Ferme Humminghill
> Consultez le site du Collectif de Bolton-Ouest
> Consultez le site de Flow Design