Paysagistes, jardiniers et commerçants tombent d'accord sur un point: la demande ne cesse d'augmenter pour les systèmes de récupération d'eau de pluie.

«Et les gens exigent plus qu'avant un réservoir qui a aussi des qualités esthétiques», dit François Gagné, directeur du Home Depot de Saint-Jean-sur-Richelieu. «On leur greffe maintenant des minuteries, pour éviter les dégâts et le gaspillage», ajoute Alain-John Pinard, de chez BMR.

Pour un réservoir ultra-écologique, l'entreprise montérégienne Alter Éco offre l'Écopluie, un récupérateur de 200 litres fabriqué à partir d'un robuste baril de plastique ayant servi à transporter des aliments - olives, cerises - et livré dans tout le Québec. «Sur une surface de toit de 100 pieds carrés, on peut collecter en moyenne 800 litres d'eau par mois, affirme Janis Crawford, copropriétaire d'Alter Éco. C'est autant d'eau potable économisée et autant qui ne va pas grossir le débit des égouts.» Une nouvelle tendance, chez Alter Éco: le miniréservoir de balcon - pour l'agriculture urbaine -, d'une capacité de 60 litres (un ex-baril de câpres).

Alter Éco collabore étroitement avec le fonds Écomunicipalité IGA, qui subventionne la distribution de barils dans de nombreuses villes. Guy Lajoie, horticulteur-paysagiste et membre du comité de l'environnement et de l'embellissement de Saint-Eustache, rapporte: «En 2010, le fonds IGA nous a fourni 300 barils et 85 personnes sont restées non servies. En 2011, on a vendu 250 barils (à 14$ l'unité) pour une demande de 415 inscriptions. L'année prochaine, on s'attend à ce que la demande triple.»

Bricoleurs

«Un réservoir d'eau de pluie peut être construit à partir de n'importe quel contenant d'assez grand volume [plus de 200 litres], étanche et opaque», explique l'ingénieure Sara Finley (Vinci consultants), dans les cours qu'elle donne sous l'égide d'Écohabitation. (Prochaine formation: le 15 octobre.) Les bricoleurs trouveront des barils alimentaires usagés dans des entreprises qui importent ou exportent des aliments et dans les centres de réemploi. Une autre ressource: Louis Papineau, 450-792-3386. Ces barils peuvent être transformés au moyen d'une moustiquaire, d'un coude en P.V.C. pour le trop-plein et d'un robinet. Le trop-plein, dans le haut du baril, dirigera l'excès d'eau vers les aménagements paysagers ou vers des zones perméables. Un robinet dans le bas du réservoir permet de remplir les arrosoirs ou de brancher un boyau. On surélève le baril pour que l'eau puisse s'en écouler par gravité. «Un baril de 200 litres, plein et surélevé de deux pieds, donne une pression suffisante pour alimenter un tuyau suintant de 25 mètres», dit Janis Crawford.

La fabrication d'un récupérateur artisanal est expliquée en détail dans le Guide de l'eau au jardin, par Lili Michaud (éditions MultiMondes).

Les experts recommandent un baril de plastique plus qu'un baril de bois, car l'étanchéité de ce dernier peut laisser à désirer. Cet argument n'est pas pour décourager Richard Giroux, qui affirme que son fût en chêne présente des fuites, mais le premier jour seulement de la belle saison. «En contact avec l'eau, il gonfle rapidement et redevient étanche.»

La fin du «tout-à-l'égout»

D'ici à l'automne, la Ville de Montréal devrait offrir à ses résidants 1000 barils de pluie pour une somme modique (autour de 20$). «Si toutes les maisons d'un quartier avaient un baril, dit M. Tougas, économiste et chef du Service de l'eau à Montréal, cela soulagerait le réseau d'égout de 13%, lors d'une forte pluie comme on en voit environ tous les deux ans.» Sachant que les toits plats sont drainés par un tuyau relié aux égouts, le Service de l'eau de la Ville de Montréal travaille à établir de nouvelles pratiques pour ces constructions. «Une gargouille ou une gouttière pourrait acheminer l'eau vers un jardin de pluie, explique M. Tougas. Il faut sortir du paradigme tout-à-l'égout.»

www.ecohabitation.com

www.monjardinvert.ca

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