Sous la pluie battante des dernières semaines, juste devant la fenêtre de ma cuisine, en déshabillé jaune vif, elle est apparue comme un rayon de soleil dans la grisaille. Il y a une quinzaine de jours, des petites boules foncées se sont formées pour ensuite se transformer en une multitude de menues étoiles bleu violet. Beauté précoce. Difficile, en effet, de trouver une clématite aussi hâtive.

Mais «Stolwijk Gold» a beaucoup plus à offrir. Au printemps, son feuillage est jaune fluorescent, de couleur «chartreuse», nous disent, en anglais, les responsables de sa mise en marché. Un coloris qui devient plus foncé au cours de l'été tout en conservant une bonne partie de son éclat. Rondelets, les bourgeons floraux sont d'un bleu noirâtre ou violet, de vrais bijoux qui contrastent joliment avec le feuillage. Quant aux fleurs délicates, elles persistent un bon trois semaines à partir de l'apparition du bourgeon floral. Et comble de bonheur, à leur maturité, on découvre un fruit inusité, un joli pompon qui garde sa forme durant des semaines.

Ce n'est pas tout: «Stolwijk Gold» est théoriquement résistante en zone 3. Dans mon jardin, sur la Rive-Sud, tiges et bourgeons floraux ont résisté au cours des deux derniers hivers même si le mercure est parfois descendu à -25°C. Ce qui diminue d'autant l'entretien du plant puisque, dans ce cas, aucune taille n'est nécessaire, un élément qui préoccupe toujours ceux qui cultivent les clématites.

Expert en cette matière et auteur d'un volume sur le sujet (un ouvrage maintenant épuisé), André Poliquin explique qu'il y a fort à parier que cet hybride du groupe des Clematis alpina soit résistant au point de pouvoir être cultivé en pot sur un balcon, même sans aucune protection hivernale. Il suffit de le planter dans un pot de plastique assez gros (le grès se fend sous la pression du gel) en évitant de l'exposer au soleil pour qu'il ne subisse pas le gel et le dégel durant l'hiver. Autre qualité importante: les clématites du genre alpina sont rarement sujettes à la maladie et aux attaques d'insectes.

La plante supporte aussi les pluies abondantes comme j'ai pu le constater dans les derniers temps. Elle résiste sans peine aux grandes chaleurs estivales. La clématite peut pousser à la mi-ombre, mais la floraison sera plus abondante en plein soleil.

Un mutant néerlandais

C'est en mai 2001, dans un champ d'essais de Reeuwijk, près de la ville de Gouda (d'où vient le célèbre fromage), au centre des Pays- Bas, que Hans Stolwijk a découvert cet étrange spécimen qui faisait figure à part au milieu de centaines d'autres clématites. Il s'agissait manifestement d'un mutant, la seule clématite à offrir un feuillage jaunâtre.

Le plant qui vaut plus que son pesant d'or est alors méticuleusement prélevé et multiplié par boutures. Durant les quelques années de tests avant sa mise en marché, ses nouveaux caractères génétiques ont semblé solidement implantés. «Stolwijk Gold» a été brevetée aux États-Unis en 2008 et les plants vendus sont tous des clones issus de l'unique spécimen découvert en 2001. D'ailleurs, cette clématite est stérile; elle ne produit pas de fruits viables.

Comme plusieurs autres clématites, ma préférée a besoin d'un treillis et d'attaches pour grimper. Chez moi, elle monte sur le tronc d'un cerisier «Montmorency». Attention, il n'est pas conseillé d'enlever le tuteur qui est déjà dans le pot au moment de l'achat, mais plutôt d'installer la clématite près du treillis où elle s'élancera éventuellement. Ses exigences: toujours garder ses pieds au frais, protégés du soleil par une pierre ou une plante et un bon apport de compost au cours de la saison de croissance.

Dans des conditions idéales, «Stolwijk Gold» devrait atteindre autour de 3 m et une envergure d'environ 2,5 m.

Maintenant, où trouver notre beauté printanière? Réponse classique: dans toutes les bonnes pépinières. À vrai dire, il devrait être assez facile de la découvrir, d'autant plus que plusieurs grossistes l'offrent aux centres de jardin, dont la Pépinière l'Avenir, dans la municipalité du même nom, près de Drummondville, plus important producteur au Québec. La petite entreprise tient également un centre de jardin ouvert au public. On pourra aussi s'en procurer par le comptoir postal Enfin des fleurs (www.enfindesfleurs.com) de Boucherville.

Guerre à l'ail

Je vous ai parlé l'an dernier du caractère invasif de l'ail qui envahit certaines platebandes. Je reviens sur le sujet, justement parce que l'Allium giganteum et ses nombreux cousins à vocation décorative sont en pleine floraison. La semaine dernière, j'ai dû éliminer une fois de plus des dizaines de plants qui étouffaient des touffes de hostas. Enfin libérés, ceux-ci ont repris du poil de la bête. La fleur de l'ail décoratif est toujours spectaculaire et la boule de graines vertes qui se forme à la fin de la floraison est jolie elle aussi. Au point que je laissais souvent les «têtes» d'ail persister au jardin durant des semaines. Conséquence: les graines se disséminaient partout. Comme la plante se reproduit aussi de façon végétative, par multiplication du bulbe, l'ail peut prendre possession du territoire en peu de temps. Petit conseil amical si vous voulez éviter pareille mésaventure: éliminez les boules d'ail avant qu'elles ne deviennent sèches, avant que ses dizaines de capsules n'éclatent pour laisser échapper leurs graines.

Des pépins d'orange irradiés!

Q: »J'ai tenté à quelques reprises de faire germer des pépins d'orange ou de citron dans ma cuisine, mais sans succès, écrit Mariette Gélinas, de Montréal. Il n'y a jamais eu début de germination. Nos fruits et légumes seraient-ils irradiés?»

R: Si on se fie à l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes, aucun aliment vendu au Canada n'aurait été irradié, sauf peut-être de rares épices. Par contre, Santé Canada a donné son approbation pour irradier certains produits en vue d'améliorer leur conservation ou de ralentir leur germination. C'est le cas des oignons (on ne précise pas lesquels), de la pomme de terre ou encore de la farine. Mais si un aliment est irradié, il faut absolument qu'une étiquette l'indique.

Peut-être saurons-nous un jour pourquoi les échalotes vendues à l'épicerie ne germent jamais alors que celles offertes par les producteurs locaux donnent de bons résultats.

Mais revenons à nos pépins d'orange et de citron. Plusieurs de mes amis et lecteurs ont réussi à obtenir des plants d'arbres fruitiers exotiques à partir de pépins. J'ai même obtenu du succès avec la papaye. Dans le cas de Mme Gélinas, il est donc possible que les graines utilisées n'aient pas atteint la maturité nécessaire pour germer.

Rappelons que, même si le pépin germe, il faut habituellement des années avant que la plante ne produise des fleurs, qu'il faudra probablement féconder à la main faute d'insectes. Et les fruits qui en résulteront seront... immangeables. La presque totalité des fruits sur le marché proviennent d'hybrides reproduits par boutures afin de conserver leur patrimoine génétique d'origine. Tous les pommiers «Gala» dans le monde sont en réalité un seul et même clone. Mais comme les graines qu'ils produisent sont le résultat d'une fécondation sexuée provenant d'une autre fleur, elles donneront des fruits différents de celui que vous avez mangé.