Au cours des 35 dernières années, il a complété à lui seul plus de 6000 feuillets d'observation du groupe EPOQ (Étude d'observation d'oiseaux du Québec). Il a noirci des milliers de pages de notes, des dizaines de carnets qui sont devenus de véritables romans ornithologiques, dit-il. Depuis quatre ans, il anime un site Internet (https://pages.videotron.com/huart05/) où on retrouve une foule de données fascinantes sur les oiseaux observés en hiver, autant au Québec, qu'au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse. On y donne aussi le nom des amateurs ayant vu le plus grand nombre d'espèces dans la province. On peut aussi connaître le résultat des observations de M. Gauthier dans l'île Charron, à l'entrée du parc des Îles-de-Boucherville.

Au cours des 35 dernières années, il a complété à lui seul plus de 6000 feuillets d'observation du groupe EPOQ (Étude d'observation d'oiseaux du Québec). Il a noirci des milliers de pages de notes, des dizaines de carnets qui sont devenus de véritables romans ornithologiques, dit-il. Depuis quatre ans, il anime un site Internet (https://pages.videotron.com/huart05/) où on retrouve une foule de données fascinantes sur les oiseaux observés en hiver, autant au Québec, qu'au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse. On y donne aussi le nom des amateurs ayant vu le plus grand nombre d'espèces dans la province. On peut aussi connaître le résultat des observations de M. Gauthier dans l'île Charron, à l'entrée du parc des Îles-de-Boucherville.

Les oiseaux chiffrés

On l'aura deviné, Yves Gauthier raffole des statistiques. C'est lui qui le dit. «C'est vrai, je suis un maniaque des statistiques ornithologiques. C'est plus fort que moi, quand il s'agit d'oiseaux, je note tout, je classe et je fais des tableaux.» Il a même compilé des statistiques sur les observations faites de son balcon, au premier étage d'un petit immeuble de condos. Des chiffres étonnants.

Voilà trois ans qu'il a aménagé dans le quartier Pointe-aux-Trembles, au coin de Notre-Dame et d'une rue qui n'a rien d'un parc-nature. Soyons précis. Depuis qu'il habite dans ce coin de la ville, sur 996 jours, il est sorti sur son balcon au moins 844 fois, un petit moment presque à chaque jour, pour pointer son télescope vers le Saint-Laurent.

La dernière mise à jour de cette activité «balconnière» indique qu'il a compté 253 000 oiseaux, dont 90 000 bernaches du Canada, 50 000 goélands à bec cerclé, 24 000 moineaux domestiques, 22 000 carouges à épaulettes, mais aussi 44 faucons pèlerins, 119 faucons émerillons. En tout, 146 espèces, dont quelques raretés, notamment en octobre 2004, un dickcissel d'Amérique accompagnant un groupe de moineaux qui bouffaient à ses mangeoires... toujours sur le balcon.

Et dire que je trouvais le mot «maniaque» trop fort.

Les oiseaux d'hiver

Âgé de 57 ans, technicien en informatique, Yves Gauthier a découvert le monde des oiseaux dans la première version de l'ouvrage Les Oiseaux du Canada de W. Earl Godfrey, publié à la fin des années 60. Les planches couleur de John Crosby, de même que les grandes fiches dotées de cartes de distribution, l'ont fasciné et marqué à tout jamais.

Mais cet «oeil de faucon» qui lui permet d'identifier un oiseau en vol, en une fraction de seconde, même si vous avez peine à le distinguer, est le résultat de l'expérience acquise durant un séjour de cinq ans dans le Bas-Saint-Laurent. À vrai dire, j'exagère. Il lui faut deux ou trois secondes pour identifier l'oiseau. C'est lui qui insiste sur la précision, question de rigueur.

«Dans le Bas-Saint-Laurent, on trouve de nombreux oiseaux de mer et une foule d'espèces de rivage. Des oiseaux souvent furtifs et observés de loin, dans des situations d'éclairage difficiles à cause de la brume. Si bien qu'aujourd'hui, avec l'expérience, il me suffit parfois de voir, durant un instant, un oiseau en vol au-dessus du fleuve, pour que je puisse l'identifier avec certitude. D'ailleurs, de mon balcon, avec mon télescope, je peux distinguer un carouge à épaulettes, un harfang ou certains oiseaux de rivage dans l'île d'en face, à trois kilomètres de distance.»

Son balcon s'est aussi transformé en poste d'alimentation qui accueille mésanges, sittelles, étourneaux, sans oublier les moineaux. «Les oiseaux attirent les oiseaux. S'il y a un attroupement, c'est qu'il y a probablement de la nourriture dans le coin. Les oiseaux le savent. C'est grâce aux moineaux si j'ai pu voir notamment ce fameux dickcissel.»

À la découverte de l'île Charron

Les statistiques d'Yves Gauthier montrent à quel point notre environnement immédiat est riche dans le domaine de la faune ailée. On peut observer une quantité incroyable d'oiseaux à condition de consacrer un peu de temps pour les découvrir. Ses statistiques sur les oiseaux d'hiver sont éloquentes. Il s'agit de la compilation des espèces aperçues du 1er décembre jusqu'à la fin février par des ornithologues amateurs québécois. «Au cours des six dernières années, l'hiver 2001-2002 a été le plus prolifique: 185 espèces observées. C'est considérable!» Dès le 1er décembre, ajoute-t-il, les amateurs sont sur le terrain au petit matin. «À 5 h 30, avant même que le soleil ne soit levé, je reçois les premiers courriels. Une centaine dans la journée.»

Un record a été établi le 1er décembre 2005: 104 espèces ont été enregistrées au cours de la journée. Le nombre s'établit maintenant à 177, mais seulement deux espèces se sont ajoutées à la liste depuis janvier.

Yves Gauthier ne fait pas que passer ses loisirs sur son balcon ou devant son ordinateur. Bien qu'il se déplace rarement en province pour faire de l'observation, sa liste compte 343 espèces. Par contre, on peut le voir très souvent dans l'île Charron et l'île Sainte-Marguerite, fusionnées depuis déjà quelques décennies. Il fréquente l'endroit assidûment depuis 1991, hiver comme été. Il y a répertorié 224 espèces. «Même si on n'y trouve pas la même diversité qu'à l'Île-des-Soeurs, on peut y découvrir assez facilement autour de 150 espèces au cours de l'année. Pas si mal pour un endroit aussi facilement accessible. Évidemment, il faut connaître les recoins, explorer les rives, être sur place lors des migrations. Et comme toujours, faire preuve de patience.»

Mais les oiseaux sont au rendez-vous. Comme le démontrent ses 806 visites et 2112 heures d'observation (en date de février 2005). Il y a dénombré 220 000 oiseaux: 37 166 canards colverts, 20 550 hirondelles bicolores, 219 hirondelles rustiques, 27 hiboux des marais, huit pygargues à tête blanche, deux garrots d'Islande, etc. Pas mal pour un seul observateur.

Dindons: deuxième saison

Pour une deuxième année consécutive, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune permettra une chasse «expérimentale» aux dindons sauvages au sud de Montréal. Contrairement à l'an dernier où la limite était restreinte à 30 oiseaux, cette année il n'y a pas de quota, si ce n'est que chaque chasseur pourra abattre un seul dindon, un mâle. Le gouvernement délivrera 300 permis, mais il se réserve le droit d'en offrir 200 autres si les conditions hivernales favorisent la survie des grands gallinacés.

Dans ce genre de chasse, le taux de succès est relativement bas, mais tout porte à croire que la récolte 2006 sera plus importante, notamment parce que le territoire ouvert aux chasseurs est beaucoup plus grand par rapport à l'an dernier.

En 2005, la chasse avait été permise seulement dans le territoire de cinq municipalités, alors que cette année, elle se déroulera dans un triangle compris entre Dundee à l'ouest, Lacolle à l'est et Valleyfield au nord. La saison avait connu un bon succès puisque 34 oiseaux avaient été abattus en l'espace d'une semaine, ce qui avait écourté la période de chasse de moitié.

Cette activité est gérée par la Fédération québécoise de la faune (www.fqf.qc.ca). Les permis feront l'objet d'un tirage au sort et chaque chasseur devra suivre un cours sur la biologie du dindon et ses méthodes de chasse au coût de 60 $. La saison est étalée sur deux périodes, du 24 au 29 avril et du 8 au 13 mai.

Selon les scientifiques, on compte un peu plus de 2000 dindons sauvages dans le sud du Québec, mais la Fédération estime que ce nombre est beaucoup plus élevé. Rappelons que l'Association québécoise des groupes d'ornithologues (AQGO) et des chercheurs se sont opposés à cette chasse, faisant valoir que la population était trop faible et trop sujette à de grandes mortalités durant des hivers très rigoureux. L'AQGO estime que les modalités de cette deuxième expérience sont inacceptables. L'organisme précise que, d'après les scientifiques, un quota de 50 dindons par année peut affecter la croissance de la population d'oiseaux et que c'est pour cette raison que la limite avait été réduite à 30. Avec les nouvelles normes, le tableau de chasse risque de changer radicalement, soutient-on.

L'AQGO avait d'ailleurs invité ses membres et le grand public à signer une pétition pour s'opposer à cette chasse, mais l'initiative n'avait pas connu un grand succès.

Mystérieux colibri à gorge jaune

Lors d'une rencontre à l'Exposition d'oiseaux exotiques, qui se tenait en septembre à l'Hippodrome de Montréal, Jaques Boutin, peintre animalier de Saint-Mathias-de-Bonneterre, dans l'Estrie, m'avait dit avoir vu un colibri à gorge jaune dans son jardin. La chose m'avait d'autant plus étonné qu'une seule espèce d'oiseaux-mouches séjourne au Québec, le colibri à gorge rubis. Mais, il y a toujours place pour l'exception comme ce fut le cas avec ce colibri d'Anna qui a passé plusieurs jours à Montmagny, en novembre dernier.

M. Boutin m'a fait parvenir récemment une photo de son mystérieux colibri. Étonnant! Comme vous pouvez le constater, la gorge de la petite bête est toute jaune. J'ai soumis le cas à un expert qui m'a référé à l'ouvrage The Sibley Guide to Birds, souvent considéré comme le meilleur guide d'identification en Amérique du Nord. À la fin du chapitre consacré aux colibris, on y lit notamment que la tête et la gorge de plusieurs oiseaux-mouches deviennent tachées ou teintées de jaune après qu'ils aient butiné dans les fleurs. Il s'agit tout simplement de pollen qui s'est déposé sur leurs plumes, ce qui ne devrait pas provoquer de confusion, insiste l'auteur David Allen Sibley, car il n'existe normalement aucune espèce de colibri ainsi colorée.

Par ailleurs, il arrive que certains observateurs signalent la présence d'un minuscule colibri brun dans leurs fleurs. Il s'agit du sphinx nessus ou, plus rarement, du sphinx colibri, de gros insectes butineurs dotés d'une longue trompe et volant sur place pour s'abreuver de nectar de fleurs. Ils volent rapidement en plus d'émettre parfois un bourdonnement en se déplaçant.