Ce sujet, dont je vous ai déjà parlé il y a plusieurs années, m'est revenu à l'esprit récemment en regardant les photos d'un bébé ananas obtenu par Carole Quevillon, de Repentigny. Une expérience heureuse parmi des dizaines d'échecs, si je me fie au courrier reçu à ce sujet au fil des ans.

Ce sujet, dont je vous ai déjà parlé il y a plusieurs années, m'est revenu à l'esprit récemment en regardant les photos d'un bébé ananas obtenu par Carole Quevillon, de Repentigny. Une expérience heureuse parmi des dizaines d'échecs, si je me fie au courrier reçu à ce sujet au fil des ans.

À l'époque, je vous avais donné deux méthodes de culture: la première consiste à planter le trognon en pleine terre et la seconde, à le faire germer dans l'eau avant de le transplanter.

Dans ce dernier cas, il suffit de couper le trognon d'un beau fruit, d'éliminer la chair et quelques feuilles de la base, de laisser sécher le tout deux ou trois jours, puis de déposer la partie charnue dans l'eau. Il est conseillé de changer celle-ci de temps à autre pour éviter que la tige ne pourrisse. Les premières racines devraient apparaître dans quelques semaines, si tout va bien. Mais le délai peut varier considérablement d'une expérience à l'autre on parle parfois de trois mois, sinon plus, et le résultat n'est pas assuré. Il faut donc être patient.

Une fois les racines apparues, on dépose la touffe de feuilles en pleine terre, si possible dans un pot de 20 à 25 cm de diamètre pour permettre à la plante de prendre toute l'expansion voulue. Ensuite, vous placez votre plant à la lumière vive et attendez que le temps fasse son oeuvre: deux à trois ans, parfois plus. Le feuillage devrait alors avoir atteint environ un mètre de diamètre et 60 à 90 cm de hauteur. Un mastodonte qui occupe beaucoup de place. Attention aux enfants! Les feuilles sont souvent coupantes et pointues.

Et si le fruit refuse de se montrer? On conseille alors d'envelopper l'ananas dans un grand sac à ordure et d'y placer une pomme avariée durant quelques jours. L'éthylène dégagé par le fruit devrait provoquer la floraison. Une fois que vous aurez éliminée votre miniserre, ne vous attendez pas au miracle instantané. Le processus pourra s'étendre sur des semaines encore. Et quand viendra le jour tant attendu où un fruit fera son apparition, il faudra encore attendre quatre à six mois, parfois plus, avant qu'il ne soit mûri à point pour que vos papilles gustatives puissent en jouir.

Une jouissance bien méritée, vous en conviendrez. On conseille de fertiliser régulièrement avec un engrais balancé lors de la maturation.

En pleine terre

L'ananas de Carole Quevillon a commencé son existence autrement. Le plant lui avait été donné par la jardinière expérimentée, Manon Collard, dont je vous ai parlé à quelques reprises (www.jardinpotager.com).

«C'était en août 2003. Notre petit groupe avait dégusté plusieurs ananas et nous avons décidé de faire pousser tous les trognons, environ une dizaine, raconte Mme Collard. Nous les avons donc plantés en pleine terre, dans notre jardin à la campagne. Au bout de trois semaines, tous avaient déjà de petites racines. En septembre, ce fut la transplantation en pot et la distribution aux amis.»

De toute la plantation, seul l'ananas de Carole Quevillon a donné un fruit jusqu'à maintenant. «Je n'ai pas accompli de miracle, dit-elle. Le plant a été placé en plein soleil, dans une verrière, et il a été arrosé, plutôt souvent, en même temps que mes hibiscus. Maisje n'ai jamais fertilisé. En décembre 2004, il avait déjà une envergure considérable, presque 1 m de largeur et au moins 70 cm de hauteur. Même sans fruit, il était magnifique.» Puis sans avertir, en novembre dernier, voilà que le centre de la plante se colore et qu'apparaît une étrange touffe de brindilles orangées. Deux semaines plus tard, le fruit se montrait le nez. Pourtant, la floraison n'avait jamais été stimulée d'une façon ou d'une autre. «Je suis convaincue que c'est la profusion de soleil qui a surtout favorisé la croissance de l'ananas et l'apparition du fruit. Attendons maintenant qu'il mûrisse.»

À quand la dégustation? Le nombre d'invités serasans doute limité. L'ananas domestique est plutôt petit, disons de la grosseur d'une grosse pomme ou d'un pamplemousse...

Un fruit «composé»

Originaire de l'Amérique du Sud, vraisemblablement du Brésil et du Paraguay, l'ananas est un fruit «composé», un peu à l'exemple de la figue. Les fleurs, au nombre de 100 à 200, apparaissent entre les bractées fixées sur un axe central qui finit par devenir entièrement charnu. Le fruit est recouvert d'«écales» qui représentent chacune le reliquat d'une fleur. Les petites tiges qui se détachent un peu de chaque écale sont les bractées d'origine.

On compte de cinq à huit espèces d'ananas, selon les auteurs. Ces plantes poussent dans les milieux aussi bien arides que très humides, et parfois même en montagne. Aujourd'hui, ces espèces et leurs hybrides sont cultivés à des fins alimentaire ou décorative.

Le terme ananas vient d'un mot amérindien signifiant «le plus parfumé des parfums», selon les uns, ou «fruits exquis», selon les autres. Ananas comosus, l'espèce la plus commercialisée, a été «découverte» dans l'île de la Guadeloupe par Christophe Colomb en 1493, lors de son second voyage en terre d'Amérique. Un de ses compagnons d'équipage avait décrit le fruit comme un sorte d'artichaut géant augoût délicieux. Ananas comosus et ses cultivars n'ont pas besoin d'être fécondés pour fructifier et leurs fruits sont par conséquent exempts de graines. Toutefois, certains ananas vendus dans le commerce contiennent parfois de minuscules graines brunâtres qui peuvent produire un plant à la suite d'un semis. Cela signifie que ce fruit est le résultat d'une pollinisation sexuelle (ce qui arrive à l'occasion) et que le plant qui en résultera est susceptible de fructifier à son tour.

En production commerciale, on utilise habituellement une solution à base d'éthylène pour provoquer la floraison et la récolte a lieu de six à neuf mois plus tard. Ce sont les drageons qui sont utilisés pour fins de reproduction, car le plant mère meurt après avoir produit des fruits, comme c'est habituellement le cas chez les autres broméliacées. Les ananas sont aujourd'hui cultivés en zone tropicale dans le monde entier et les principaux pays producteurs sont la Thaïlande, les Philippines, la Chine, le Brésil, le Costa Rica et la Côte d'Ivoire, mais la majorité de la récolte est souvent consommée sur place.

Pas moins de 60 % des ananas vendus à l'état frais dans le monde proviennent du Costa Rica, de la Côte d'Ivoire et des Philippines. En Amérique du Nord, ce sont le Mexique, le Costa Rica et les îles d'Hawaii qui sont les principaux fournisseurs. La production d'Hawaii, qui est en net déclin, est surtout exportée au Canada.