Oui! Vous allez dire que je suis obsédé. Je déplore, en effet, que des jardins, embellis et dorlotés six mois par année, se transforment en cours des horreurs les six autres mois.

Oui! Vous allez dire que je suis obsédé. Je déplore, en effet, que des jardins, embellis et dorlotés six mois par année, se transforment en cours des horreurs les six autres mois.

Encore s'il n'y avait que les cônes, mais on voit aussi les arbres et arbustes s'habiller de jute, de treillis en plastique multicolores, de filets, ou s'abriter sous de curieuses structures en bois, souvent inutiles.

Pourtant, même si dans le cas des cônes, il s'agit d'une habitude bien ancrée chez de nombreux amateurs de jardinage, ce type de protection hivernale laisse souvent à désirer et s'avère parfois très dommageable, dit Claire Laberge, responsable de la roseraie du Jardin botanique de Montréal. Une roseraie, qui rappelons-le, est considérée comme l'une des plus belles au monde par la World Rose Federation.

Pour être vraiment efficaces, les cônes à rosier doivent être recouverts de neige tout l'hiver, insiste-t-elle. Ce qui est rarement le cas, du moins dans la grande région métropolitaine. Même si on a pris la peine de butter la plante avant de la recouvrir de son abri, le volume d'air emprisonné n'est pas suffisant pour assurer une bonne protection. Au contraire. «La pire période est le mois de février. Faute de neige, l'air ambiant à l'intérieur du cône est réchauffé par le soleil, ce qui provoque l'apparition de moisissures sur les tiges qui noircissent et gèlent. Cette chaleur stimule aussi la croissance des branches vertes alors que le sol est encore gelé, ce qui peut-être fatal pour la plante.»

Selon Mme Laberge, les toiles isolantes, conçues spécifiquement pour la protection des rosiers, conviennent beaucoup mieux. Elles sont en vente dans les bonnes pépinières. L'horticultrice fait valoir toutefois que les rosiers placés près de la maison, souvent près d'un mur ou d'une haie qui les protège des grands vents, n'ont pas besoin d'une grande protection pour survivre, étant déjà à l'abri. Il suffit de les butter avec de la terre et de les recouvrir de neige régulièrement.

Par ailleurs, si le rosier est très exposé au vent, elle recommande aussi de le recouvrir de branches de conifères (on pourra en trouver chez des vendeurs d'arbres de Noël) pour immobiliser la neige, mais pas avant que le sol ne soit durci par le gel. Cela afin d'éviter que les mulots ne creusent sous le monticule de terre pour manger les branches vertes.

Rappelons qu'avant de protéger vos plants pour l'hiver, ils doivent être rabattus à 30 cm de hauteur, en prenant soin aussi d'éliminer les feuilles qui pendent encore aux branches ou qui sont sur le sol. On les recouvre ensuite de terre ou d'un mélange de terreau et de mousse de tourbe, ce qui est beaucoup plus esthétique que le fameux cône. Il n'est pas recommandé d'utiliser des feuilles mortes en guise de protection à cause des maladies qu'elles favorisent, notamment l'oïdium.

Mais pourquoi, à vrai dire, faire pousser des rosiers qui nous compliquent autant la vie alors qu'il en existe des dizaines d'espèces et de variétés, tout aussi beaux mais rustiques? Pensons entre autres aux nombreux rosiers d'Agriculture Canada (Explorateurs, Morden, etc.) et même à certains rosiers anglais (David Austin). C'est aussi le cas de plusieurs variétés de la série «Renaissance» mises en marché par la compagnie danoise Poulsen, des cultivars qui donnent des fleurs similaires à celles des hybrides de thé et qui émettent, la plupart du temps, un agréable parfum, indique Claire Laberge. Nous en reparlerons.