Notamment, les gens ne parviennent pas à la faire fleurir. Mais ils me posent leurs questions au printemps, quand il est trop tard pour faire quoi que ce soit. Pourquoi ne pas aborder la question quand il est encore temps d'agir?

Notamment, les gens ne parviennent pas à la faire fleurir. Mais ils me posent leurs questions au printemps, quand il est trop tard pour faire quoi que ce soit. Pourquoi ne pas aborder la question quand il est encore temps d'agir?

D'abord, l'hydrangée bleue n'est pas un bon choix pour notre région. Elle n'est tout simplement pas assez rustique. Les pépiniéristes lui donnent souvent une cote zonière de 5, mais je les trouve drôlement optimistes. Dans les ouvrages sérieux, on trouve une cote 6b ou même 7. C'est très loin de notre faible 4b! (Pour les débutants, plus le chiffre est bas, plus l'hiver est froid. La zone 6b correspond à la région de Niagara). Autrement dit, le jardinier le moindrement sage ne plante pas l'hydrangée bleue et évite donc les déceptions.

Toutefois, cette plante, comme plusieurs autres arbustes limite, a un atout dans sa manche: elle est capable de se régénérer à partir du sol si ses racines n'ont pas été tuées par le froid. Et grâce à l'épaisse couche de neige qui tombe dans notre région, ses racines sont justement protégées des pires froids de l'hiver. Donc, au printemps, l'arbuste repousse de la base, apparemment en santé. À ce moment, l'on coupe les branches mortes en raison du froid. Mais où sont les fleurs? Il n'y en aura pas! Chez cette espèce, les boutons floraux sont formés l'été précédent, sur les tiges en croissance.

Comme les branches ont gelé au sol, les fleurs embryonnaires sont mortes aussi. D'où la désolation des gens qui ne comprennent pas que leur hydrangée ne fleurisse pas car, pourtant, elle produit de belles branches nouvelles et apparemment en santé.

Un rayon d'espoir

Pourtant, on voit des hydrangées bleues fleurir dans la région. Pas tous les ans, mais à l'occasion. Pourquoi? C'est que si la protection hivernale est excellente, il est possible que les branches ne gèlent pas sur toute leur longueur. Dans ce cas, certains boutons floraux passent l'hiver et la floraison peut avoir lieu.

Comment faire en sorte d'augmenter ses chances qu'au moins une partie des branches survivent à l'hiver? D'abord, il faut dire que les protections hivernales habituelles (jute et géotextile) ne donnent strictement rien. Elles ne protègent nullement contre le froid, seulement contre le vent, c'est-à-dire qu'il fera exactement la même température à l'intérieur de la protection qu'à l'extérieur. Or, ce n'est pas le vent qui est le problème ici.

Les cônes à rosier en styromousse, par contre, peuvent protéger contre le froid. Ils sont isolés sur les parois et le haut, mais ouverts à la base et la chaleur du sol (la terre est plus chaude que l'air durant l'hiver) peut alors monter à l'intérieur de l'abri. Malheureusement, il n'y a aucune circulation d'air dans un tel cône et l'hydrangée peut alors pourrir. Il faut trouver une autre solution.

La neige et les feuilles mortes

Il faut savoir que nous avons dans la région deux grandes protections naturelles contre le froid: la neige et les feuilles mortes. D'ailleurs, il arrive souvent que des hydrangées non protégées fleurissent alors que des hydrangées protégées ne fleurissent pas.

Pourquoi? Parce que, quand les hydrangées bleues fleurissent, ça veut dire qu'on a eu de belles bordées de neige qui ont commencé tôt dans la saison et ont persisté tout l'hiver. Ainsi, les branches étaient bien protégées du froid et ont pu ainsi fleurir au printemps suivant. Déjà, juste le fait de planter l'hydrangée bleue là où la neige s'accumule le plus peut faire toute la différence.

Mais on peut faire encore mieux! Les feuilles mortes protègent aussi contre le froid. Déchiquetez-les (sinon elles partiront au vent) et empilez-les sur vos hydrangées. Il ne faut pas se gêner pour en mettre épais: 15, 30, voire 60 cm. Les feuilles déchiquetées ont un avantage sur toutes les autres protections hivernales: elles dégagent de la chaleur! En effet, même en plein hiver, elles se décomposent... et la décomposition produit de la chaleur. De plus, alors que la neige peut fondre trop tôt, laissant la plante exposée aux gels tardifs, et qu'il faut enlever les «protections» tôt dans la saison, sinon la plante étouffe, vous n'avez pas besoin d'enlever les feuilles mortes, car elles disparaissent d'elles-mêmes, à leur propre rythme. D'ailleurs, l'hydrangée bleue est une plante de sous-bois dans son milieu d'origine. En la bordant de feuilles, vous ne faites que répliquer son environnement naturel!

Il reste que même les feuilles et la neige ne peuvent pas toujours garantir une floraison. S'il fait - 35 ou - 40 degrés C pendant de longues semaines, c'est certain que le froid finira par atteindre et tuer les boutons floraux, mais la plupart des hivers, sous une épaisse couche de feuilles, et avec la neige habituellement abondante dans notre région, l'hydrangée bleue fleurira sans trop de peine.

L'emplacement idéal

Pour mettre toutes les chances de votre côté, plantez l'hydrangée bleue à la mi-ombre (surtout pas au plein soleil, où la neige fond beaucoup trop vite !) dans un endroit où la neige s'accumule, peut-être du côté nord ou est de la maison. Elle préfère un sol riche en matière organique et humide, mais non détrempé. Évitez les engrais censés rendre les fleurs plus bleues: souvent, ils sont toxiques! Le meilleur engrais pour cette plante, c'est son paillis de feuilles, qui se décompose en enrichissant le sol.

Pas de taille!

Sous notre climat, il ne faut tailler l'hydrangée bleue que pour enlever les branches mortes. Leur présence sautera aux yeux au printemps, car elles ne portent pas de feuilles! Surtout, on ne les taille pas à l'automne, sinon on supprimera tous les boutons floraux du printemps prochain!