Quand l'équipe du chercheur Shahrokh Khanizadeh d'Agriculture Canada, à Saint-Jean-sur-Richelieu, a examiné les premières pommes du nouvel hybride obtenu une quinzaine d'années auparavant, les fruits semblaient intéressants. Mais en 2002, toute une surprise attendait les chercheurs. Après un nouvel examen pour tester le goût de la pomme, sa texture et sa teneur en sucre, on s'est rendu compte qu'après un certain temps, les tranches restaient toujours blanches. Normalement, la chair d'une pomme s'oxyde rapidement et devient brunâtre. Pourtant, aucune des caractéristiques des parents ne laissait présager pareils résultats.

Quand l'équipe du chercheur Shahrokh Khanizadeh d'Agriculture Canada, à Saint-Jean-sur-Richelieu, a examiné les premières pommes du nouvel hybride obtenu une quinzaine d'années auparavant, les fruits semblaient intéressants. Mais en 2002, toute une surprise attendait les chercheurs. Après un nouvel examen pour tester le goût de la pomme, sa texture et sa teneur en sucre, on s'est rendu compte qu'après un certain temps, les tranches restaient toujours blanches. Normalement, la chair d'une pomme s'oxyde rapidement et devient brunâtre. Pourtant, aucune des caractéristiques des parents ne laissait présager pareils résultats.

Deux jours après avoir tranché les deux pommes, la blancheur de «Blanche-Pomme» par rapport à sa cousine «Macspur» est évidente. On cherche un nom à cette pomme immaculée. Pour l'instant, elle répond au numéro de code SJCA38RA74. (Photo: Shahrokh Khanizadeh)

Jonamac est un hybride qui a été introduit sur le marché en 1972 à la Station d'agriculture de l'État de New York, à Geneva, un fruit rouge, croquant, plutôt mou à maturité. Sa saveur est très sucrée, très parfumée avec des notes de fraise. Le fruit est excellent pour la consommation à l'état frais, mais ne convint pas à la transformation. À maturité, vers la mi-septembre, il a tendance à rester sur la branche au lieu de tomber comme c'est le cas d'une foule de variétés de pommes. Quant à Linda, elle a été créée par Agriculture Canada, en Ontario, et lancée officiellement dans les années 30. Le fruit est jaunâtre, sa chair blanche, assez croquante et plutôt sucrée.

Mais «Blanche-Pomme» est bien différente de ses parents. Le fruit est très goûteux, à mi-chemin entre la McIntosh et la Cortland, et il se conserve au frigo de trois à quatre mois, ce qui n'est pas banal. Les branches sont pendantes, facilitant d'autant la cueillette. Les fruits mûrs persistent tout l'hiver sur l'arbre, ce qui offre des possibilités très intéressantes pour en faire du cidre de glace sans procéder à une congélation artificielle. Les premières expériences à ce sujet doivent se dérouler dans les prochains mois, notamment pour déterminer si le goût de la pomme convient au cidre. Mais sa grande qualité, c'est que le fruit ne s'oxyde pas. Non seulement la présence d'antioxydants est un atout très important pour la santé, mais elle offre aussi d'immenses possibilités de commercialisation, explique M. Kahnizadeh. «Imaginez, on pourrait vendre des tranches de pomme à l'état frais pour en faire des salades ou pour le lunch des enfants. Les croustilles n'auraient pas besoin d'agents antioxydants pour conserver leur couleur d'origine. Cette pomme est destinée à un avenir prometteur.»

Des recherches sont d'ailleurs en cours et pourraient mener à une mise en marché dans une grande chaîne de restauration rapide. Des analyses sont aussi effectuées pour étudier les types d'antioxydants présents dans la pomme ou encore les capacités de conservation du fruit pendant son entreposage.

Tranches de pommes exposées durant quatre jours à l'air libre. Dans l'ordre habituel à partir d'en haut, les variétés Gallarina, McIntosh, Russet, Spartan, un cultivar à numéro - notre vedette du jour - et la Cortland. Le contraste est évident. (Photo: Shahrokh Khanizadeh)

Le pommier a été breveté au Canada et une demande similaire a été déposée aux États-Unis. Le centre de recherche d'Agriculture Canada à Saint-Jean-sur-Richelieu en compte actuellement 100 sujets qui seront multipliés d'ici peu. Rappelons que pour conserver le potentiel génétique de la plante, c'est presque toujours par bouture que les variétés d'arbres fruitiers sont reproduites. Par exemple, les millions de pommiers Cortland en production dans le monde sont tous des clones. Si vous déposez un pépin de Cortland ou de McIntosh en terre, les fruits qui en résulteront 10 à 15 ans plus tard, seront des hybrides qui auront probablement peu de ressemblance avec le plant mère en raison de la reproduction sexuée.