Dans ses Calepins d'un flâneur, Félix Leclerc disait que chaque pomme est une fleur qui a connu l'amour. Romantique, n'est-ce pas? Mais pour inspirante qu'elle soit pour le poète, la pomme, c'est d'abord un business majeur au Québec: avec 7851 hectares, cette culture vient au deuxième rang des industries fruitières de la province, après les petits fruits. Elle génère des revenus annuels de 26,9 millions de dollars qui lui valent la troisième place canadienne, après l'Ontario et presque nez à nez avec la Colombie-Britannique. Dans la seule région de Rougemont, 300 000 pommiers sont cultivés. La région de la Capitale-Nationale est aussi un important joueur avec quelque 80 000 minots de la seule variété MacIntosh, une pomme découverte par un fermier ontarien d'origine écossaise au début du XIXe siècle, et qui compte dorénavant pour 65 % de l'ensemble de notre production.

Dans ses Calepins d'un flâneur, Félix Leclerc disait que chaque pomme est une fleur qui a connu l'amour. Romantique, n'est-ce pas? Mais pour inspirante qu'elle soit pour le poète, la pomme, c'est d'abord un business majeur au Québec: avec 7851 hectares, cette culture vient au deuxième rang des industries fruitières de la province, après les petits fruits. Elle génère des revenus annuels de 26,9 millions de dollars qui lui valent la troisième place canadienne, après l'Ontario et presque nez à nez avec la Colombie-Britannique. Dans la seule région de Rougemont, 300 000 pommiers sont cultivés. La région de la Capitale-Nationale est aussi un important joueur avec quelque 80 000 minots de la seule variété MacIntosh, une pomme découverte par un fermier ontarien d'origine écossaise au début du XIXe siècle, et qui compte dorénavant pour 65 % de l'ensemble de notre production.

La Mac... mais encore!

Sondage à l'appui, la Fédération des producteurs de pommes du Québec nous assure qu'il s'agit là de la variété favorite des Québécois: 41 % des sondés disent la préférer à toute autre, contre 17 % qui ne jurent que par la Granny Smith, une importation d'Afrique du Sud et du Chili. Cet engouement pour la MacIntosh est aussi partagé par nos voisins américains, qui n'arrivent plus à en produire de bonne qualité, en raison des changements climatiques récents. C'est pourquoi le Québec n'a pas hésité à se saisir de ce prometteur marché d'exportation, avec pour résultat que 21 % de notre production totale est maintenant destinée à une clientèle fidèle répartie à New York, au Michigan et au Massachusetts. Voilà qui explique au moins en partie pourquoi la Mac est si populaire auprès des pomiculteurs d'ici: elle se vend bien!

Heureusement pour la biodiversité, d'autres variétés gagnent aussi en popularité, comme la Paulared, la Spartan, la Cortland, la Fameuse ou l'Empire. Malgré la primauté de la Mac, c'est donc une douzaine de marques différentes que l'on retrouve maintenant assez facilement sur le marché. Convenons que c'est encore bien peu, comparé aux centaines de variétés cultivées dans 87 pays du monde. Mais c'est déjà mieux qu'il y a 10 ans. Et puis, on sent le désir de certains pomiculteurs de faire découvrir des cultivars moins connus à leur clientèle. C'est le cas du verger Duhaime, près de Drummondville, qui produit pas moins de 25 variétés, dont plusieurs à peu près inconnues, comme la Richelieu, la Williamette, la Liberté ou la Britegold. Dans d'autres cas, la plantation de variétés hâtives, dites d'été, comme la Early Geneva, la Wellington ou la Rouville permettent de prolonger la saison.

Le retour des vieilles... plus nutritives

On assiste aussi depuis deux ou trois ans à un lent mouvement de réhabilitation de variétés anciennes. Des passionnés cherchent à préserver celles qui avaient des qualités de saveur et de texture exceptionnelles et qui poussaient depuis longtemps sur notre territoire, mais qui ont fini par disparaître des catalogues des pépiniéristes, supplantées par des cultivars plus facilement commercialisables, comme ceux de la MacIntosh, de la Lobo ou de la Melba. Les Vergers Pedneault, de l'île aux Coudres et ceux de la Source à Marguerite, à l'Île d'Orléans, ont une intéressante collection de pommiers provenant de cultivars anciens: Alexandre, Duchesse, Transparente, Liberty, Golden Russet. Dans son catalogue, le Semencier du patrimoine compte pas moins de 94 cultivars de ces beautés rubicondes un peu délaissées. Ainsi, la Love, Bellefleur, Canada Red, Spy, Jonath pourraient un jour se retrouver de nouveau sur les tables des consommateurs québécois.

D'ailleurs, il est intéressant de noter qu'une étude néo-zélandaise a démontré que les variétés anciennes contiennent un nombre considérablement plus élevé d'antioxydants que les souches hybrides modernes. Les chercheurs croient que ces résultats sont liés au fait que les croisements modernes n'avaient pas pour critère la valeur nutritive. Quoi qu'il en soit, la pomme telle que nous la connaissons est riche en composés phénoliques, en flavonoïdes et en proanthocyanines, de puissantes substances qui se sont révélées très efficaces pour lutter contre certains cancers, le diabète de type II et les maladies cardiovasculaires en empêchant l'oxydation des lipides et de l'ADN. Mais il faut la consommer avec la peau, où se concentrent la majorité des substances nutritives.

Lutte intégrée et partenariat

Un des joueurs importants pour le secteur pomicole demeure l'Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA), qui a entre autres mis sur pied un verger écologique sur les flancs du mont Saint-Bruno dans le but de préserver des cultivars rares. Mais il reste qu'à l'heure actuelle, le gros du travail conjoint de pomiculteurs québécois et des chercheurs demeure lié à la lutte intégrée contre les maladies et les insectes ravageurs plutôt qu'à la préservation d'espèces oubliées.

Le Club de production pomicole de la région de Québec est un regroupement bipartite composé de producteurs de Québec, de l'Île d'Orléans et de la Côte-de-Beaupré et de spécialistes du MAPAQ qui travaillent conjointement à développer des techniques de culture beaucoup plus écologiques. Ils étudient les populations d'insectes grâce à différents pièges et enregistrent les conditions météo propices au développement des maladies directement chez les producteurs plutôt que dans des stations de recherche isolées, de manière à être en mesure d'intervenir rapidement en cas d'infection fongique ou d'infestation par des insectes ravageurs. Ce travail d'équipe au quotidien permet une utilisation très réduite de pesticides, au besoin plutôt que suivant un calendrier pré-établi, qui résulte en un produit beaucoup plus sain pour le consommateur.