«C'est pour nous une première expérience de tenter de faire pousser des champignons. Nous appliquons deux méthodes soit dans un sac à l'intérieur et dehors sur des souches. C'est une culture difficile, secrète et capricieuse. On ignore pourquoi ça fonctionne, ne fonctionne pas ou cesse tout-à-coup de fonctionner. On sait que certaines variétés vivent en symbiose avec les arbres morts ou blessés et la partie que l'on consomme est en quelque sorte la fleur ou partie reproductive.»

«C'est pour nous une première expérience de tenter de faire pousser des champignons. Nous appliquons deux méthodes soit dans un sac à l'intérieur et dehors sur des souches. C'est une culture difficile, secrète et capricieuse. On ignore pourquoi ça fonctionne, ne fonctionne pas ou cesse tout-à-coup de fonctionner. On sait que certaines variétés vivent en symbiose avec les arbres morts ou blessés et la partie que l'on consomme est en quelque sorte la fleur ou partie reproductive.»

Ils ont tenté l'expérience à petite échelle dans une pièce du sous-sol où ils cultivent des pleurotes à partir d'un mycélium formé de spores mâles et femelles qui poussent dans un sac de plastique contenant du bran de scie et de l'avoine. En se multipliant les champignons décomposent la matière et le chapeau des pleurotes atteint de deux à huit pouces. Le matériel doit être soigneusement stérilisé de même que le bac de plastique où la température doit se maintenir entre 10 et 20 degrés celcius et l'humidité de 75 à 95%. Un sac donne trois récoltes. Sur une plus grande échelle, les cultures se font dans des chaudières trouées sur les côtés d'où sortent les champignons. Il n'est cependant pas recommandé de faire cette culture dans une maison à cause de possibles allergies et de la très grande humidité nécessaire à cette culture.

Pour ce qui est de l'ensemencement de leurs souches de bois dur érable ou merisier, c'est fait depuis deux semaines. Ils ont coupé une tranche sur les trois souches puis ont fait des trous aux quatre pouces sur les côtés. Ils ont rempli le dessus et les trous de mycélium de Pleurote mélangé au bran de scie, les ont bouchés de cire pour les protéger de la saleté et des insectes puis reclouée la tranche du dessus. Si l'été est sec, il faudra mouiller les souches matin et soir même si la sève procure de l'humidité. Il y a peu de chance qu'il y ait des résultats tangibles avant l'automne prochain. Un risque de contamination parasitaire ou par des moisissures de même qu'une invasion d'insectes est aussi toujours possible.

«Nous avons choisi les pleurotes car cette variété est plus facile à faire pousser et on en retrouve de plus en plus dans les magasins d'alimentation. Il n'est cependant pas aisé de se procurer le nécessaire pour faire ce genre de culture car ça ne s'achète pas chez un grossiste de semences. Si ça fonctionne, la souche prendra huit à 10 ans à se décomposer et nous aurons des champignons en quantité décroissante durant cette période.»

Si leurs expérimentations s'avèrent concluantes, il est fort possible qu'ils investissent dans la construction d'un bâtiment en ciment qui permet de contrôler la température et l'humidité afin que cette culture sur une grande échelle leur procure un revenu d'appoint à leur retraite.

«La culture des pleurotes, des morilles et des shiitake sont particulièrement intéressantes. Il y a aussi des variétés qui poussent à l'état sauvage dans les champs et qui ont besoin de lumière. La paille ou le bran de scie font un terreau idéal et il faut arroser beaucoup s'il ne pleut pas. Si ça marche, ce n'est pas compliqué; il faut juste que ça marche!»

Marie Simon prévoit un essor considérable dans la consommation des champignons. «Les gens ont moins peur de s'empoisonner. C'est une culture qui a un énorme potentiel et les prix de vente sont élevés. On doit viser le marché local car les champignons ne supportent pas bien les déplacements et ne se conservent pas longtemps à moins de les déshydrater. Les Shiitake, qu'on retrouve dans les mets orientaux, peuvent se sécher tout en conservant leur bon goût. Le faible poids des champignons déshydratés permet de les expédier partout dans le monde à moindre coût.»

Qui sait dans quelques années nous verrons peut-être des champignonnières pousser comme... des champignons!

Cueilleurs avant d'être semeurs

Marie Simon se souvient très bien des beaux dimanches de son enfance consacrés à la cueillette des champignons sauvages. Cette activité familiale a connu une accalmie alors que sa famille a décidé d'émigrer de la Suisse au Canada. Elle avait alors 10 ans. Après avoir habité en Ontario où elle est devenue traductrice et a été co-propriétaire d'une ferme laitière, en 1990 elle s'est installée à Saint-Christophe-d'Arthabaska, en périphérie de Victoriaville, là où c'est la campagne en ville.

Toujours captivée de mycologie, elle s'est rapidement intéressée aux champignons de son pays d'adoption. «Les champignons d'ici sont différents, plus difficiles à identifier. Il faut être absolument certain qu'ils soient comestibles avant de les consommer. Il y a une dizaine de variétés faciles à identifier, bons au goût et ayant une texture agréable. Il y a les Psalliotes qui poussent sur les gazons mais il faut faire attention car ils ressemblent à une variété mortelle. Si le dessous est blanc c'est la variété mortelle, si le dessous est brun il est comestible. Il y a aussi le Bolet qu'on retrouve à l'automne dans les bois, qui sont presque tous comestibles. Les Coprins Chevelus sont faciles à reconnaître à cause de leur forme allongée de même que les Vesses-de-Loup Géantes dont les spores font de la poudre et les Marasmes d'Oréade, qu'on appelle aussi rond de sorcières, qui ont un goût de noisette. On m'a déjà apporté un Lactaire ramassé à Saint-Norbert qui était excellent. Il y aurait aussi des chanterelles mais je n'en ai jamais trouvé par ici pas plus que des morilles, un des meilleurs champignons au monde qui se vend très cher et qui pousse là où il y a eu des feux de forêt.»

Elle a ajouté que les cueilleurs se doivent d'être vigilants car certains champignons, à peine sortis le matin, arrivent à maturité l'après-midi et meurent deux jours plus tard. Il y a aussi de la concurrence car les chevreuils et autres animaux sauvages ainsi que les insectes raffolent des champignons.