Au marché, vous ne saurez sans doute plus quoi choisir entre la Paulared (sur ses derniers milles), la Spartan, l'Empire et la Lobo. À moins que votre coeur, affolé de balancer entre tant de belles dodues et lustrées, ne succombe une fois de plus devant les attraits de la célébrissime McIntosh?

Au marché, vous ne saurez sans doute plus quoi choisir entre la Paulared (sur ses derniers milles), la Spartan, l'Empire et la Lobo. À moins que votre coeur, affolé de balancer entre tant de belles dodues et lustrées, ne succombe une fois de plus devant les attraits de la célébrissime McIntosh?

L'autre matin, aux aurores, j'ai surpris ma très distinguée voisine Maggie montée dans un pommier aussi âgé qu'elle, qui occupe la quasi-totalité de son jardin. «C'est meilleur to pick up les Mac early in the morning, me jure-t-elle, avec son accent british épais comme un brouillard londonien. Elles sont much sweeter!» Ma voisine Maggie est la preuve vivante qu'il faut ajouter foi au dicton «Une pomme par jour éloigne le docteur pour toujours»... À 80 ans passés, elle s'amuse encore comme une fillette à grimper dans son vénérable pommier chargé de McIntosh et refuse obstinément notre aide pour la cueillette. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir le coeur sur la main quand vient le temps de partager son butin...

Mais puisqu'on n'a pas tous un vénérable pommier débordant de McIntosh dans sa cour, pourquoi ne pas accepter l'invitation de nombreux pomiculteurs de la région de Québec, qui se font un plaisir d'accueillir les visiteurs dans leur verger pour une petite séance d'autocueillette? Ils ont compris une règle essentielle de la vie en communauté qui échappe encore à Maggie: plus on est de bras, plus on s'amuse! Et avouons que ces premières journées d'automne méritent amplement qu'on salue dignement leur arrivée par une activité spéciale!

Il a fallu s'adapter aux goûts des acheteurs, qui n'en avaient que pour la McIntosh, une variété découverte en 1830 par un fermier ontarien, John McIntosh, qui en a assumé la paternité en lui donnant son nom. Mais on a aussi dû sélectionner celles qui résistaient le mieux à nos froides latitudes. «Il y a cinq ans, on prédisait la disparition de la McIntosh, rappelle Daniel Ruel, secrétaire de la Fédération des producteurs de pommes du Québec. Pourtant, nos chiffres indiquent clairement qu'elle est plus populaire que jamais. Et elle offre un débouché d'exportation intéressant chez nos voisins du sud. L'État de New York est un très gros consommateur, mais n'a pas un climat idéal pour produire des McIntosh de qualité. Alors, les acheteurs s'approvisionnent de plus en plus chez nous.»

Le fruit favori des Québécois

Un sondage réalisé conjointement par la Fédération des producteurs de pommes du Québec et la firme Baromètre, qui se spécialise dans l'étude des tendances du marché, indique que la pomme est plus que jamais populaire auprès des Québécois. «67 % des sondés en ont fait leur fruit préféré et le Québec est la seule province canadienne où la consommation de pommes fraîches a augmenté au cours des dernières années.»

M. Ruel attribue cette tendance au succès des campagnes de promotion Qualité-Québec et à la création des entrepôts à atmosphère contrôlée, qui permettent de préserver la qualité du produit pendant plusieurs mois. Et quand ils ont envie de croquer la pomme, c'est bel et bien de la McIntosh que les consommateurs veulent. Les producteurs n'ont d'autre choix que de répondre à cette demande. Sauf que lorsque vient le temps de renouveler leurs vergers, plusieurs optent pour les pommiers nains qu'ils plantent en «haies fruitières», lesquelles forment des structures plus basses qu'on monte comme des palissades. «Le rendement est de deux à trois fois supérieur, l'arrosage et la cueillette se font plus facilement, ce qui augmente la rentabilité des vergers», indique M. Ruel.

Dans son livre Le Temps des pommes, qui vient de paraître aux Éditions de l'Homme, l'auteure Olwen Woodier offre quelques trucs intéressants pour mieux profiter de ce cadeau de la saison:

- Conserver les pommes au réfrigérateur, car à température ambiante elles mûrissent et ramollissent 10 fois plus vite.

- Cuire les pommes sans sucre. Vérifier leur goût après cuisson et ajouter alors, si nécessaire, du miel ou du sirop d'érable.

- Cuire les pommes coupées en gros morceaux avec pelure et coeur, afin de garder toute leur saveur; les écraser en purée et les passer ensuite au tamis.

- Cuire les pommes dans le cidre ou le jus pour préserver leur goût. Ne pas utiliser d'eau.

- Olwen Woodier recommande de remplacer la moitié du gras requis dans les recettes de pains, muffins et pâtisseries par la quantité équivalente de compote de pommes. Elle prétend même pour sa part remplacer tout le gras de ses recettes par de la compote et obtenir d'excellents résultats. À essayer...