Cueillez, c'est prêt!, Marianne Paquin, Éditions Du Chêne

Cueillez, c'est prêt!, Marianne Paquin, Éditions Du Chêne

Cet éditeur français ne sait décidément donner que dans le très beau et le très bon et il le prouve une fois de plus avec ce livre à couverture souple, une splendeur, qui célèbre avec brio le temps des récoltes. Le fait que Marianne Paquin soit à la fois styliste, photographe et auteure d'une douzaine d'ouvrages culinaires concepts tous très originaux n'est certainement pas étranger au plaisir que l'on prend à consulter Cueillez, c'est prêt! et à essayer les quelque 150 propositions de plats qui le composent.

Au plan visuel, c'est du grand art, avec une abondance de photos couleur (trois pleines pages pour chaque recette!!!) qui valent à elles seules l'investissement dans ce livre. Dans les catégories habituelles (entrées, potages, salades, viandes, desserts, etc.), on retrouve des plats comme les châtaignes au sel pour apéritif, l'avocat aux crevettes et fleurs de pensée, la salade de betteraves à la feta et aux framboises, la tarte fine de courgettes aux morilles, les pommes de terre glacées aux noix, les pommes farcies au veau à la sauge et les pêches pochées au laurier. S'il est génial au plan visuel, ce livre est aussi un véritable bouquin de recettes utiles, autant pour la cuisine de tous les jours que pour recevoir avec panache.

Légumes toujours prêts, toujours frais, Sylvia Gabet, Édition Hachette

Dans un registre plus pratico-pratique, voici un guide destiné à tirer le meilleur parti possible du temps des récoltes. Après les sections Coup de pied aux idées reçues et Les Légumes, mode d'emploi, qui auraient certainement pu être plus étoffées, on en arrive au coeur du sujet: les quatre saisons et ce que chacune a à offrir au potager.

Artichauts et asperges du printemps, radis, tomates, maïs de l'été, courges, champignons des bois et rutabaga de l'automne; chaque légume est assorti de ses caractéristiques botaniques, des différentes variétés disponibles, d'un tableau de sa valeur nutritive, d'un mode d'emploi et de fiches recettes. J'aime la simplicité et la facilité d'exécution de ces suggestions culinaires qui sont toutes en accord avec la tendance de l'heure vers la simplicité dans le choix des ingrédients, la fraîcheur et les différentes influences du monde.

Quelques exemples: artichaut poivrade et lanières de jambon à la plancha, crème d'artichaut à l'anis, pâtes poireaux gorgonzola, topinambours sautés au sirop d'érable, crème d'ail, terrine de poivrons verts et rouges au cumin. Une déception cependant: comme la majorité des livres français qu'il m'est donné de consulter, on n'est pas ici à la fine pointe des avancées de la recherche quand vient le moment de parler des vertus nutritionnelles. À l'habituel contenu en vitamines et en minéraux, on aurait pu ajouter le contenu en antioxydants, ces précieux alliés qui abondent dans les légumes et en font de véritables pharmacopées ambulantes... Ceci dit, ce livre est quand même à placer dans les rayons de toute bibliothèque gourmande qui se respecte...

Les Fruits du Québec, histoire et tradition, Paul-Louis Martin, Éditions du Septentrion

Cette chronique sur la saison des récoltes ne saurait être complète sans l'ajout de ce livre passionnant qui se lit comme un roman et nous fait découvrir un pan méconnu de notre histoire. M. Martin est ethnologue et professeur à l'Université du Québec à Trois-Rivières. Avec ce cinquième titre, il nous rend notre héritage maraîcher, un héritage complexe et étonnant qui plonge ses racines dans les premiers temps de la colonie.

On apprend, par exemple, qu'une grande variété de cerises était autrefois cultivée au Québec et que des fruits aujourd'hui disparus de nos vergers, comme la pomme de neige, étaient exportés en Angleterre par pleines caisses pour nourrir «the British Empire». Ce livre aborde l'histoire de notre adaptation au territoire «canadien», d'abord grâce à l'appui des Premières Nations, puis avec l'implication des communautés religieuses, qui ont beaucoup contribué à domestiquer le territoire québécois au XVIIIe et XIXe siècles.

De l'avènement des grands vergers de Québec et de Montréal jusqu'au commerce horticole d'envergure, des variétés rares de fruits cultivées chez nous jusqu'à la création de programmes d'enseignement des sciences de la terre, tout y passe. En fin d'ouvrage, une importante section est réservée aux fruits que l'on cultivait autrefois: retour des vignobles, melon de Montréal, poires, la création d'une industrie pomicole et ses raisons, apogée et déclin de la pruniculture québécoise, petits fruits des champs, bleuets, fruits séchés. Fascinant.