Particulièrement affaiblie par la sécheresse d'il y a trois ans, en raison de ses racines relativement peu profondes, l'essence est maintenant l'hôte bien involontaire d'un de ses pires ennemis: l'agrile du bouleau (Agrilus anxius).

Particulièrement affaiblie par la sécheresse d'il y a trois ans, en raison de ses racines relativement peu profondes, l'essence est maintenant l'hôte bien involontaire d'un de ses pires ennemis: l'agrile du bouleau (Agrilus anxius).

Les larves de cet insecte se développent sous l'écorce en se nourrissant des tissus qui transportent la sève. Elles creusent ainsi des tunnels qui finissent par bloquer la circulation de l'arbre. L'agrile s'attaque surtout aux individus mal portants, commençant par la cime et descendant petit à petit, jusqu'à tuer son «incubateur».

«Ça fait quelques années que c'est (l'agrile) assez fort. On est dans un sommet, en ce moment, dit l'ingénieur forestier André Émery, qui possède la compagnie d'arboriculture du même nom à Québec. Des bouleaux, il en disparaît tellement que l'agrile n'aura bientôt plus d'habitat.»

«C'est vrai que du bouleau blanc, il en reste vraiment peu, comparativement à ce qu'on avait il y a une vingtaine d'années, acquiesce Daniel Allard, de Service d'arbres Juneau. Il faudrait que les gens soient très vigilants pour ne pas que les choses empirent.»

Chez une autre entreprise, Pro-Tec-Arbres, Jacques Bernier ne croit pas que les bouleaux soient si près de s'éteindre dans les environs, bien qu'il s'inquiète pour l'avenir. «On est dans la descente. On n'a peut-être pas encore atteint le creux, mais on a au moins la moitié du chemin de fait. Si ça continue, c'est sûr que le bouleau va disparaître.»

L'invasion touche certaines espèces plus durement que les autres. Ainsi, le bouleau européen, ou bouleau pleureur, semble très mal équipé pour résister aux larves de l'agrile, insecte indigène en Amérique du Nord. Le bouleau blanc semble aussi assez vulnérable. Ses cousins jaune et gris sont également affectés, bien que dans une moindre mesure.

Les premiers signes d'une infestation sont habituellement le jaunissement des feuilles de la couronne et la mort des branches les plus hautes. Lorsque les larves ont terminé leur développement, les jeunes adultes sortent du bouleau en laissant un petit trou en forme de D dans l'écorce, ce qui est un autre indice de la présence de l'agrile. Enfin, comme les larves creusent des tunnels sinueux en se nourrissant, il arrive que l'hôte réagisse en produisant un surplus de tissus pour boucher ces sillons. Des saillies ou des bosses peuvent alors être observées sur l'écorce, un peu comme des cicatrices.

Les traitements

Les experts interrogés par Le Soleil ne s'entendent pas sur la marche à suivre pour guérir les arbres atteints. L'un affirme qu'un anneau de sigon, un pesticide, peut sauver 80 % des bouleaux infectés. Un autre recommande une surfertilisation à l'azote, qui aurait pour effet de gonfler les tissus transportant la sève.

Plusieurs autres disent au contraire ne jamais avoir vu de traitement chimique véritablement efficace pour lutter contre l'agrile. La même dissension s'observe dans divers sites Internet.

Tout le monde s'accorde, toutefois, pour recommander la prévention, en arrosant régulièrement le bouleau et en le fertilisant au besoin. L'agrile, en effet, pond rarement ses oeufs sur des individus en santé. Le compost apparaît comme l'engrais le plus recommandé, puisqu'il garde l'eau de pluie comme une éponge, ce qui est particulièrement indiqué pour des arbres aux racines peu profondes.

On ne devrait par ailleurs pas s'inquiéter outre mesure du sort du bouleau à long terme. «Ça va revenir, assure André Émery. Dans les années 60, il y a déjà eu une forte épidémie d'agriles. Il n'y a peut-être pas autant de bouleaux qu'avant, mais c'est une "essence pionnière". Ça reprend facilement.»