Elle a fait partie du répertoire de plusieurs célébrités comme Tino Rossi, Colette Renard, Yves Montand, Nana Mouskouri, et même, plus récemment, Patrick Bruel. Le Temps des cerises a été composée par Jean-Baptiste Clément en... 1867.

Elle a fait partie du répertoire de plusieurs célébrités comme Tino Rossi, Colette Renard, Yves Montand, Nana Mouskouri, et même, plus récemment, Patrick Bruel. Le Temps des cerises a été composée par Jean-Baptiste Clément en... 1867.

Quand nous en serons au temps des cerises

Et gai rossignol et merle moqueur

Seront tous en fête


Voilà ce que nous disent les trois premières lignes de cette ballade tristounette consacrée à un amour déçu. Mais ce cher Jean-Baptiste était fin observateur. Quand les cerises sont mûres, les oiseaux, sont effectivement en fête. C'est le gros party au jardin. Si les cerisiers sont faciles à cultiver au Québec, la faune ailée est une contrainte importante avec laquelle il faut composer. À vrai dire, peu importe le type de cerisiers, on doit littéralement le mettre en cage dès que les fruits commencent à rougir. Sinon, vous ne pourrez même pas y goûter. D'ailleurs, il est même préférable d'agir avant que les fruits ne rougissent pour éviter que les oiseaux les plus intrépides commencent leur dévastation.

Cerisier «Stella»

Par exemple, chez le «Montmorency», les cerises atteignent habituellement leur pleine maturité vers la fin juillet. Mais chez moi, sur la Rive-Sud, autour du 5 ou du 10, elles ont déjà toutes disparu dans le bec des volatiles si elles n'ont pas été protégées.

Pour préserver votre récolte, il suffit de recouvrir votre arbre d'un simple filet de plastique, un accessoire vendu un peu partout, notamment dans les grandes surfaces. Ce qui est plus facile à dire qu'à faire, évidemment, surtout quand les arbres atteignent quatre ou cinq mètres de hauteur. Le plaisir des arbres fruitiers exige son lot d'efforts. Et dire que certains tentent de nous convaincre que jardinage et paresse vont de pair.

Méfiez-vous

Le cerisier «Stella» produit de gros fruits charnus et sucrés, semblables aux cerises de France vendues au marché. Mais comme tous les cerisiers à fruits sucrés, il est très fragile aux grands froids. (Photo Armand Trottier, La Presse)

Vous n'avez que des moineaux et des pigeons granivores dans votre patelin, direz-vous. Méfiez-vous. Dans le cas des cerises, l'ennemi se fait discret, parfois même invisible jusqu'au jour où il décide de passer à table. À ce moment-là, le mot circule à une vitesse fulgurante dans la communauté emplumée, et dans le temps de le dire, merles, étourneaux, geais bleus, jaseurs, moqueurs, quiscales et bien d'autres se joindront aux agapes. Et vous n'aurez même pas le temps de participer au festin. Les goinfres auront tout avalé. Souvenez-vous: sans filet, point de cerises.

Quel cerisier choisir? Là encore, il faut faire la part des choses. Oubliez ces fameuses cerises de France, comme on appelle souvent les cerises «Bing» qui nous viennent de l'Ontario ou de la Colombie-Britannique. Certains vous diront qu'ils peuvent les faire pousser dans leur cour protégée, à Montréal, mais cela reste l'exception. Les cultivars produisant des fruits se rapprochant le plus de «Bing» sont le «Van» à fruit rouge foncé et à chair ferme, le «Lapins», du nom de son hybrideur, et «Stella» qui donne une cerise douce, sans amertume, très charnue. Mais ces arbres réussissent surtout en zone 5, en plein soleil (plus ils seront exposés au soleil, plus les fruits seront sucrés), et dans un endroit protégé des vents hivernaux car les bourgeons à fruits sont relativement sensibles aux grands gels. La récolte a lieu vers la fin août. Si «Lapins» et «Stella» se débrouillent seuls en matière de fécondation, «Van» aura absolument besoin d'un coup de main de «Bing» ou de «Stella».

La «Montmorency»

En réalité, le climat québécois ne convient guère à la culture des cerises sucrées. Il s'agit plutôt d'un pays de griottes, ces cerises à chair molle, aigre-douce, acidulée, convenant merveilleusement bien aux tartes et aux confitures ou encore aux liqueurs. C'est ce qui explique d'ailleurs que le cerisier le plus populaire chez nous est le «Montmorency», un arbre qui atteint facilement cinq mètres de hauteur.

Ses griottes sont exquises dans un mélange d'alcool à 30% et de sucre. On le sert dans le temps des Fêtes comme digestif, sur de la crème glacée ou sur un gâteau. Là encore, si les cerises ont pu échapper aux oiseaux et mûrir au soleil, elles seront plus sucrées et beaucoup plus agréables au goût. Cet hybride est rustique en zone 3, soit dans la plus grande partie du Québec habité et il est autofécond. Par contre, il a la mauvaise habitude de faire des drageons un peu partout sur le terrain, une situation qu'il faut surveiller de près si vous ne voulez pas vous réveiller un jour dans une forêt de cerisiers.

Pour leur part, «Meteor», aux fruits rouges de belle taille, de même que «North Star» aux griottes rouge foncé (excellentes en confiture) et au feuillage vert, également très foncé, produisent à la fin juillet ou au début d'août. Ils sont rustiques en zone 4 et parfois en zone 3.

Cerisier «North Star»

Pierre Lavallée, de la pépinière Dominique-Savio, à Saint-Jean-Baptiste-de-Rouville, important producteur d'arbres fruitiers, estime que le meilleur cerisier pour le Québec est le «Evans», une variété offerte un peu partout mais encore méconnue. Il produit lui aussi des griottes mais en quantité phénoménale, environ trois fois plus qu'un autre arbre de même taille. Protégées des oiseaux, les cerises resteront sur l'arbre assez longtemps pour perdre une bonne partie de leur acidité. Plus encore, «Evans» forme un buisson qui ne dépasse guère les trois mètres. Il est donc facile à protéger contre les oiseaux et la récolte est à portée de main. De plus, il est autofécond et rustique en zone 3.

Sachez aussi que les cerisiers n'ont guère besoin de taille comparativement à bon nombre d'espèces d'arbres fruitiers. Ils ne nécessitent aucun entretien particulier, mais exigent le plein soleil. Ces arbres sont sensibles par contre au nodule noir, une maladie fongique qui produit un chancre d'où suinte souvent une gomme épaisse. La maladie est fréquente surtout quand l'arbre croît dans un milieu où poussent des aubépines, des cerisiers sauvages ou d'autres arbres fruitiers déjà atteints. Si le chancre affecte une branche, on la coupe et on traite l'arbre avec une bouillie bordelaise, un produit à base de cuivre et chaux. Une concoction très efficace en vente dans les pépinières et centres de jardinage. Par contre, si le mal atteint le tronc, il y a fort à parier que les jours du cerisier sont comptés, signale M. Lavallée. Enfin, si vous achetez un cerisier greffé, plusieurs variétés le sont, le porte-greffe produira souvent des drageons qu'il faudra éliminer.

Découragé? Ces petits tracas ne sont rien par rapport à l'entretien continu qu'exigent les pommiers, poiriers ou pêchers. Car en plus de vous offrir une excellente récolte de fruits, la floraison des cerisiers est spectaculaire. Vos efforts seront donc récompensés.