Cette hausse se manifeste aussi sur certains grands lacs de l'intérieur, dont le lac Abitibi, où elle a même eu un impact négatif sur les lieux de nidification des grands hérons. Le palmipède niche également dans l'Outaouais, au lac Wayagamak, en Mauricie, et un peu partout dans la grande région de Montréal, notamment aux lacs Saint-François et Saint-Louis. Il y a quelques semaines, en raison du niveau d'eau très élevé du Saint-Laurent, plusieurs ont aussi trouvé refuge temporairement le long du Richelieu.

Cette hausse se manifeste aussi sur certains grands lacs de l'intérieur, dont le lac Abitibi, où elle a même eu un impact négatif sur les lieux de nidification des grands hérons. Le palmipède niche également dans l'Outaouais, au lac Wayagamak, en Mauricie, et un peu partout dans la grande région de Montréal, notamment aux lacs Saint-François et Saint-Louis. Il y a quelques semaines, en raison du niveau d'eau très élevé du Saint-Laurent, plusieurs ont aussi trouvé refuge temporairement le long du Richelieu.

La population de cormorans augmente d'ailleurs dans l'ensemble du continent, une situation attribuable à la disparition des effets du DDT, qui rendait la coquille de l'oeuf très fragile, aux mesures de protection et à la prolifération des étangs de barbues dans le sud des États-Unis, là où ils passent l'hiver et où ils sont souvent considérés comme une calamité. D'ailleurs, plusieurs États américains ont autorisé l'abattage du cormoran pour en limiter la population.

L'oiseau est au banc des accusés des pisciculteurs de même que des pêcheurs commerciaux et sportifs, qui lui reprochent d'ingurgiter des tonnes de poissons. D'ailleurs, de concert avec l'Ontario, les États limitrophes des lacs Michigan et Ontario vont procéder, durant les deux dernières semaines de juin, à un recensement exhaustif des cormorans sur leur territoire, une première en Amérique du Nord. On compterait plus de deux millions d'oiseaux sur le continent, mais il n'existe pas de données valables pour le Québec.

Le cormoran à aigrettes avale environ 500 grammes de poisson par jour, particulièrement du doré jaune, du brochet, des crapets, de la perchaude, de la barbotte et de l'achigan, du moins dans les eaux québécoises. Selon la biologiste Pascale Dombrowski, du ministère des Ressources naturelles et de la Faune, une étude récente a démontré que les cormorans mangent près de 70 tonnes de perchaudes par année au lac Saint-Pierre.

Ces prélèvements ont un impact important sur l'espèce, qui a connu une chute dramatique dans ce plan d'eau au cours des récentes années. Cette situation, surtout attribuable à la surpêche, a amené l'imposition de restrictions importantes aux pêcheurs commerciaux et sportifs. La scientifique précise que les études sur l'impact négatif de l'oiseau sur la pêche ne sont pas concluantes et sont parfois contradictoires.

Pour l'instant, le gouvernement surveille l'évolution du cormoran en baguant des oiseaux afin de suivre leurs déplacements. On a constaté que chaque année, à la fin de l'été, la population du lac Saint-Pierre peut presque tripler grâce aux nouveaux venus de l'estuaire du Saint-Laurent, du lac Champlain et des Grands-Lacs, un happening de quelques semaines avant leur départ pour le Sud. Actuellement, on compte autour de 1400 oiseaux bagués au Québec, dont plusieurs provenant du lac Champlain et environ 200 du lac Saint-Pierre, sans oublier évidemment les nombreux visiteurs étrangers.

Ces bagues sont mises à une patte et les codes d'identification sont facilement visibles à l'aide de jumelles. Les scientifiques invitent d'ailleurs les amateurs d'oiseaux à noter ces données afin de les transmettre par Internet au chercheur Charles Maisonneuve (charles.maisonneuve@fapaq.gouv.qc.ca), de Faune Québec. On note la couleur de la bague et des lettres, le code chiffré de même que le lieu et la date de l'observation.

Pas question d'abattage

On compte une quarantaine d'espèces de cormorans en Amérique du Nord, mais celui à aigrettes est le plus nombreux et le seul vivant en eau douce. L'oiseau se nourrit presque exclusivement de poisson, mais il ajoute parfois des crabes et des crevettes à son menu quotidien. Grégaire, il niche en colonies sur des îlots rocheux comme au lac Saint-Pierre ou encore dans des arbres, habituellement dans des îles. Dans ce cas, au bout de quelques années, l'accumulation des fientes tue la végétation arbustive et les oiseaux déménagent vers un autre lieu de nidification, nuisant aussi aux autres espèces qui profitent du même habitat.

C'est ce qui avait d'ailleurs incité Québec, dans les années 80, à permettre l'abattage de 20 000 cormorans sur une période de cinq ans, en plus d'éliminer les oeufs. À la fin de l'expérience, qui avait lieu dans l'est de la province, les oiseaux étaient toujours aussi nombreux. Ce genre de contrôle est d'ailleurs exclu pour l'instant au Québec. Un couple de cormorans produit habituellement

deux petits par année à l'envol.

Les biologistes craignent par ailleurs qu'en raison de leur nombre, les cormorans ne prennent la place des grands hérons sur certains lieux de nidification comme cela s'est produit en Abitibi. Pour le moment, les deux grandes colonies de hérons de la région métropolitaine n'ont pas eu à partager leur milieu familial.