Ce sont les questions que se posent les gens qui, comme Isabelle Grimard, de Saint-Hilaire, veulent un belle pelouse sans compromettre la santé de leur famille. «J'avais des pissenlits, du chiendent, du trèfle, dit-elle. Je voulais aussi que le gazon devienne plus fourni.»

Ce sont les questions que se posent les gens qui, comme Isabelle Grimard, de Saint-Hilaire, veulent un belle pelouse sans compromettre la santé de leur famille. «J'avais des pissenlits, du chiendent, du trèfle, dit-elle. Je voulais aussi que le gazon devienne plus fourni.»

Utilisés depuis le début du 20e siècle, mais avec plus d'intensité depuis les années 50, les pesticides chimiques sont des poisons à base de pétrole. Ils s'attaquent aux systèmes vitaux des plantes, animaux, insectes et moisissures jugés indésirables.

On s'inquiète de plus en plus de leur impact sur la santé humaine. Dans l'étude récente la plus complète à ce sujet, des médecins ontariens ont conclu que l'exposition aux pesticides était associée aux cancers du cerveau, de la prostate, des reins et du pancréas, entre autres, et à des atteintes au système nerveux. Les enfants exposés aux pesticides sont particulièrement vulnérables à certains types de cancers, dont le lymphome non hodgkinien.

Bio ou pas?

Mère de trois enfants et soucieuse de leur santé, Mme Grimard a fait affaire avec Vertdure, la plus importante entreprise québécoise d'entretien de pelouse. «Ils m'ont présenté leur traitement en disant que c'était biologique, dit-elle. Après un premier traitement le 23 août, avec ce qu'ils appellent le Service vert pur no 3, les pissenlits avaient déjà disparu, alors je me suis dit: Wow! ça marche!»

Trop beau pour être vrai? C'est ce que lui a dit Edith Smeesters, de la Coalition pour une alternative aux pesticides. «Elle m'a dit que si les pissenlits avaient déjà disparu, ce n'était certainement pas des produits naturels», dit Mme Grimard.

Le président de la compagnie Vertdure, Jean Tremblay, affirme que son produit, le Soluvert, est à base de gluten de maïs et d'urée. Ces deux ingrédients ne font pas partie des produits interdits. Il ajoute que son entreprise fait sa part pour trouver des solutions de rechange aux pesticides chimiques. «On a financé un fonds de recherche à l'Université Laval, dit-il. Cela nous amène sur des voies intéressantes. Par exemple, le savon insecticide, ça marche avec la punaise et deux ou trois autres sortes d'insectes. C'est une grande découverte pour nous.»

Mme Smeesters reconnaît n'avoir aucune preuve directe contre la compagnie Vertdure. Mais elle affirme que l'action d'un pesticide chimique est reconnaissable au résultat.

«Si les pissenlits se tordent en spirale ou encore en tire-bouchon en mourant, c'est sûr que c'est l'effet d'un herbicide de la famille phenoxy, comme le 2,4-D, dit-elle. Il est impossible qu'une plante meure de cette façon avec un produit naturel.»

Mme Grimard ne savait plus que penser. Son contrat d'entretien lui a coûté 264 $ et se poursuivait cette année. Finalement, après maintes hésitations, elle l'a annulé. «Je ne veux pas blâmer la compagnie, mais je manque d'information, dit-elle. Est-ce qu'il faut suivre une formation de biologiste pour traiter sa pelouse?»

Les villes moussent les pelouses bio

En effet, il faut apprendre beaucoup de nouvelles notions de jardinage pour entretenir une pelouse «bio». C'est ce que les villes tentent d'enseigner.

La semaine dernière, la Ville de Montréal a lancé une campagne d'information pour accompagner l'entrée en vigueur de son nouveau règlement. Cent mille trousses ont commencé à être distribuées aux Montréalais qui ont des pelouses, et le Jardin botanique a produit deux fascicules. À Longueuil, une ligne d'information automatisée et six écoconseillers donneront des conseils pendant toute la belle saison.

De son côté, la Coalition pour une alternative aux pesticides a lancé Horti-Éco, un système de certification d'entretien écologique des pelouses à l'intention des entrepreneurs, qui en est à ses premiers pas cette année.

Il y a quatre ans, Vaudreuil-Dorion a adopté un règlement sévère sur les pesticides. Son directeur général, Jean-Yves Truchon, affirme qu'il ne veut pas «assommer les gens». «Notre principe de base est d'encourager les gens à être le plus biologique possible, dit-il, pour ne pas que les enfants mangent des cochonneries, pour ne pas que les animaux domestiques s'empoisonnent.»

Des sentiments louables, mais qui ne conviennent pas à tout le monde, selon M. Tremblay, de Vertdure. «Nous, on est pris avec le citoyen qui exige un service, dit-il. On a une obligation de résultat. Le bannissement total va devenir peu applicable si les produits de rechange ne font pas le travail. Comment vont réagir les villes?»