En période de nidification, point d'intrus! Le concert d'invectives prend de l'ampleur. Réponse: clic, clic, clic. Drôle de cri!

En période de nidification, point d'intrus! Le concert d'invectives prend de l'ampleur. Réponse: clic, clic, clic. Drôle de cri!

Le photographe se retire, le marais devient plus silencieux. Simon Filiatrault n'aura pris que 40 photos, mais le leader de la manifestation aura été immortalisé, fougueux, vociférant. Nous vous le présentons aujourd'hui dans son domaine.

La photo de M. Filiatrault a décroché le grand prix toutes catégories du concours Le Biodôme-La Presse. «Les carouges m'ont toujours impressionné, dit-il. Par leurs coloris contrastants, leur comportement territorial, leurs cris puissants comme chez ce mâle qui s'époumonait sans cesse. Et ce soir-là, la lumière était très particulière, comme l'atmosphère des lieux d'ailleurs.»

Employé d'une compagnie d'informatique, ce résidant des Mille-Îles, près de Saint-Jérôme, en est à sa deuxième participation. L'an dernier, il avait gagné le premier prix dans la catégorie «oiseaux de ville et de banlieue» avec un geai bleu. Simon Filiatrault, 40 ans, aime prendre des photos d'oiseaux, mais aussi de paysages et d'animaux en général. Son passe-temps depuis une vingtaine d'années. En voiture, son appareil est toujours à ses côtés. Son plus grand défi? La poursuite d'un grand pic durant quatre heures d'affilée. «Et le plus étonnant, dit-il, c'est que quelques semaines plus tard, à deux mètres de ma mangeoire près de la maison, un magnifique grand pic est venu s'installer durant une trentaine de secondes. Le spectacle était exceptionnel, mais je n'avais pas mon appareil entre les mains.»

Tout récemment, les chouettes lapones l'ont comblé. Un oiseau qu'il n'avait encore jamais observé. En quelques heures, au cours d'une tournée à l'Île-Bizard, il a pu en photographier une dizaine, parfois à trois mètres de distance. «C'était l'euphorie!» On peut voir d'autres photos du lauréat sur son site Internet: https://photos.iservio.ca.

Quant à notre carouge, il n'apprécie guère les visiteurs qui s'approchent près de son nid et n'hésite pas à les attaquer. Plusieurs amateurs de vélo l'ont appris à leurs dépens. Présent presque partout au Québec en territoire agricole, le carouge à épaulettes affectionne les milieux humides et les pâturages, mais évite les grandes forêts. Il niche rarement près des habitations ou des bâtiments agricoles et son nid est toujours très difficile à localiser.

Il s'agit d'un des premiers migrateurs à arriver au printemps, seulement des mâles. Rayées, brunâtres et beaucoup plus discrètes, les femelles, elles, attendront deux ou trois semaines avant de les suivre. Les mâles dominants peuvent en séduire deux ou trois qui s'établiront sur son territoire. Mais c'est habituellement les petits du premier lit qui auront droit aux égards paternels, surtout pour la nourriture. Les trois ou quatre petits grandiront rapidement et iront rejoindre leurs congénères en fin de saison.

En soirée, ils se regroupent dans des «dortoirs» qui comptent parfois plus de 200 000 oiseaux dont plusieurs vachers et étourneaux. Même s'il bouffe beaucoup d'insectes (les oisillons sont nourris uniquement de ces bestioles), le carouge est considéré comme une peste par les producteurs agricoles notamment dans les cultures de maïs, d'autant plus qu'il s'agirait de l'espèce la plus abondante sur le continent.

Les carouges nous quittent l'automne pour passer l'hiver au sud de la frontière, au sud de la Nouvelle-Angleterre, mais aussi loin parfois qu'en Amérique centrale en passant par les Antilles.