Si le nouveau timbre de 50 cents, lancé il y a une quinzaine, nous donnait un avant-goût du printemps, il met aussi en évidence l'ignorance de certains fonctionnaires de la société en matière horticole. Sur ce timbre représentant une fleur, on peut lire les trois appellations suivantes: Daffodils, en anglais, Narcissus, terme scientifique, et jonquille, en français. Voilà l'erreur. Il aurait fallu écrire narcisse.

Si le nouveau timbre de 50 cents, lancé il y a une quinzaine, nous donnait un avant-goût du printemps, il met aussi en évidence l'ignorance de certains fonctionnaires de la société en matière horticole. Sur ce timbre représentant une fleur, on peut lire les trois appellations suivantes: Daffodils, en anglais, Narcissus, terme scientifique, et jonquille, en français. Voilà l'erreur. Il aurait fallu écrire narcisse.

S'il est vrai que la Société canadienne du cancer vend des et organise son Bal des jonquilles pour sa campagne de souscriptions, le terme jonquille n'est pas approprié pour autant. C'est que la jonquille, Narcissus jonquilla, de son nom scientifique, est une espèce du sud de l'Europe (Espagne, Portugal) et de l'Afrique du Nord (Algérie) qui est produite commercialement sur une très petite échelle et offerte seulement par certains catalogues. Elle est très peu répandue en Amérique du Nord. Il s'agit d'une plante à petites fleurs jaunes, odorantes, penchées et regroupées par deux ou trois sur chaque tige. Rien à voir avec le narcisse présenté sur le timbre. Si l'on se fie au Centre international des bulbes à fleurs des Pays-Bas, la jonquille serait toutefois vivace au Canada. Sur le continent, la plante est surtout cultivée dans le sud des États-Unis mais aussi dans le sud du Maine, où le climat est moins rigoureux qu'au Québec.

Par ailleurs, il existe une classe de narcisses appelée narcisses jonquilles qui regroupe les hybrides de Narcissus jonquilla et autres cultivars aux caractéristiques semblables. On en compte une vingtaine et plusieurs portent d'ailleurs des noms d'oiseaux: «Pipit», «Quail», «Curlew», «Martinet», «Dickcissel», «Flycatcher», etc. Ils ont des petites fleurs odorantes, habituellement plus d'une par tige, parfois jusqu'à cinq. Leurs feuilles sont cylindriques. Certains sont populaires, notamment le magnifique «Suzy» aux pétales jaunes et à la couronne orange. Le hic, c'est qu'ils ne sont guère rustiques chez nous même en zone 5 et survivent rarement plus de deux ou trois hivers de suite, du moins si je me fie à mon expérience.

Fait cocasse, le terme jonquille est aussi l'objet de confusion en langue anglaise, mentionne Carol Cowan du bureau torontois du Centre international des bulbes à fleurs. Dans tout le sud-est des États-Unis, on utilise à tort le terme le terme «jonquil» pour désigner l'ensemble des narcisses au lieu de «Daffodils». Qui sait si les traducteurs de Postes Canada ne sont pas de cette région...

Rappelons par ailleurs que l'appellation narcisse nous vient d'un terme grec signifiant torpeur. Le bulbe, aujourd'hui considéré comme toxique, aurait été jadis utilisé comme tranquillisant. Il provoquait aussi la torpeur chez les animaux qui en consommaient. Quant au mot jonquille, il vient de l'espagnol junquilo, un terme issu du latin juncus qui rappelle que sa feuille est semblable à celle du jonc.