Même s'il reste encore de la neige au sol, c'est le temps d'accomplir vos premiers travaux, des tâches essentielles qui auront des répercussions importantes au cours des prochains moins. Une nécessité qu'on néglige souvent, il faut bien le dire.

Même s'il reste encore de la neige au sol, c'est le temps d'accomplir vos premiers travaux, des tâches essentielles qui auront des répercussions importantes au cours des prochains moins. Une nécessité qu'on néglige souvent, il faut bien le dire.

D'abord la taille. Mars et avril sont habituellement les périodes les plus propices pour tailler vos arbres et arbustes feuillus, plus particulièrement les arbres fruitiers. Et s'il y a épanchement de sève à la suite de ces amputations, n'ayez crainte. Ce n'est pas comme si on vous coupait un bras. L'arbre ne se videra pas de son «sang». En réalité, la quantité de sève écoulée correspond à celle qui devait servir à faire germer la branche coupée. Donc aucun danger de ce côté.

Il faut tailler près du tronc, juste au-dessus du bourrelet cicatriciel, une sorte de petit renflement assez évident au point d'attache de la branche, ce qui favorisera la cicatrisation. Désinfectez régulièrement vos instruments avec de l'alcool. Attention! En dépit de la publicité de certaines compagnies, il est inutile et parfois même dommageable d'enduire la plaie de produits goudronnés ou autres. C'est de l'argent jeté par les fenêtres.

Tailler un arbre, ça ne veut pas dire le raser, l'étêter ou le déplumer comme s'il s'agissait d'un futur poulet à cuire, insiste l'agronome Guy Laliberté, professeur à l'Institut de technologie agroalimentaire de Saint-Hyacinthe, une des écoles de formation en horticulture les plus réputées. «Le principe de base est d'éclaircir l'arbre, d'aérer la structure afin de permettre à la lumière de pénétrer au coeur du feuillage. Chez les arbres fruitiers, cette opération annuelle est capitale car elle permet une fructification plus abondante et un meilleur mûrissement des fruits. On coupe quelques branches secondaires, les drageons, les gourmands et les branches mortes, soit environ 20 à 25% des tiges à chaque année.»

Si cette proportion est respectée, l'arbre ne devrait pas réagir à la coupe. Par contre, si le sécateur devient trop entreprenant et que la moitié des tiges sont éliminées, par exemple, l'arbre réagira avec force. Il produira alors une multitude de gourmands qui le transformeront en porc-épic à la fin de l'été, notamment chez le poirier. Ce n'est pas grave en soi si la taille est faite minutieusement chaque printemps comme c'est le cas dans les vergers commerciaux. On doit cesser les travaux dès que les bourgeons ouvrent, mais il sera possible de poursuivre quand les feuilles seront entièrement formées.

Dans le cas des conifères, on pourra aussi procéder au printemps, pour éliminer complètement la nouvelle pousse de l'année qui vient. Mais habituellement, on taille une petite partie de la nouvelle pousse, vers la mi-juin. M. Laliberté indique que les haies de thuya peuvent être taillées durant la semaine de la Saint-Jean-Baptiste. Sinon, il vaut mieux attendre vers la mi-août, quand les nuits sont plus fraîches et que la pluie est un peu plus abondante. Il faut toutefois rappeler que si vous coupez trop, dans le vieux bois comme on dit, dans cette partie de la branche qui a trois ou quatre années d'âge, la régénération du feuillage sera considérablement diminuée, sinon nulle.

L'huile de dormance

Autre tâche importante en avril: l'application de l'huile de dormance. Si cette expression est largement utilisée au Québec, le terme le plus approprié serait «huile insecticide» ou «huile horticole» puisqu'il s'agit d'un produit qui peut effectivement être utilisé aussi bien au printemps avant la feuillaison, et même au cours de l'été en production commerciale. Dans nos jardins, on se sert de cet insecticide pour vaporiser arbres et arbustes au stade dormant, en avril, d'où son nom populaire.

L'huile de dormance est un résidu très raffiné de pétrole brut qui agit en provoquant l'asphyxie des oeufs, des larves et des insectes vivants ou en état d'hibernation qu'elle enveloppe lors du traitement. Elle provoque aussi des désordres graves du métabolisme de certains insectes et a aussi un effet répulsif chez d'autres, évitant ainsi qu'ils ne viennent pondre sur la plante traitée.

Les huiles horticoles sont considérées comme des composés qui ne sont pas nocifs à l'environnent. Elles ne sont pas toxiques pour les mammifères, les oiseaux et les humains, sont facilement biodégradables et approuvées en agriculture biologique. En horticulture domestique, elles sont très utiles contre les acariens (araignées rouges), les pucerons, les cochenilles et plusieurs autres bestioles. On sait peu de choses toutefois sur leur impact sur les espèces utiles et leurs effets toxiques sur certains végétaux. L'huile de dormance ne doit pas être utilisée sur le noyer cendré ou le noyer noir, ni sur les arbres déjà malades; elle peut aussi provoquer une décoloration temporaire de certains conifères comme les épinettes bleues les épinettes de Norvège, les genévriers et thuyas. Le chêne rouge et certains érables (érable à sucre, érable rouge) peuvent aussi présenter une certaine sensibilité.

L'huile de dormance a une efficacité de 92%, indique M. Laliberté, ce qui est considérable. Il n'est toutefois pas conseillé de s'en servir comme traitement préventif sur un végétal qui n'a jamais été affecté par la maladie ou des problèmes attribuables aux insectes.

Le traitement doit se faire par temps calme, ensoleillé, sans pluie et sans période de gel durant 48 heures, et avant le débourrement des bourgeons qui se produit vers la fin d'avril. Branches et tiges doivent être entièrement couvertes jusqu'au point d'égouttement ou presque. Il est important aussi d'agiter régulièrement le pulvérisateur lors de l'opération afin de s'assurer que le mélange eau et huile soit bien homogène.

Chez certaines personnes, les huiles horticoles peuvent provoquer une irritation de la peau, des yeux et des poumons. Aussi, est-il conseillé de prendre les précautions d'usage (chemise longue, lunettes et masque, etc.) avant le traitement.