Cette année, c'est une maison de Beaconsfield, à l'architecture d'inspiration anglaise, qui remporte le titre de Maison coup de coeur de l'Opération patrimoine architectural de Montréal. Visite.

Janice Monroe ne s'est jamais lassée de sa maison de Beaconsfield, dont le style, inspiré de l'architecture anglaise classique, représente typiquement celui du quartier, un regroupement assez homogène d'une cinquantaine de résidences, au bord du lac Saint-Louis. «Je lui suis très attachée, malgré la charge d'entretien et les nombreux courants d'air!», lance-t-elle avec amusement.

Des rénovations judicieuses ont porté la maison au rang des cinq finalistes du concours de la Maison coup de coeur de l'Opération patrimoine architectural de Montréal 2013. Plus encore, le charme sans âge de la demeure a emporté le choix du public, un honneur remis officiellement hier, au cours d'une cérémonie tenue à la salle Notre-Dame de la Basilique Notre-Dame de Montréal.

Mme Monroe a d'abord acquis la maison avec son ex-mari, il y a 15 ans, et a continué d'y habiter avec ses deux filles, Olivia et Margo, il y a 9 ans, mis à part un épisode de 2 ans où elles ont vécu aux États-Unis, pour le travail.

Fenêtres à carreaux

L'aspect attrayant de l'habitation, construite en 1951, tient essentiellement aux fenêtres à carreaux et au vestibule en saillie, lui-même rehaussé de carreaux, sur trois de ses faces. Ces deux éléments - fenêtres et vestibule - sont un peu la marque du concepteur, l'entreprise Mount Royal Building, qui, à l'époque, possédait les terrains du quartier, fournissait les plans et bâtissait les maisons. «Je n'ai jamais voulu changer les vitres pour des neuves, dit Mme Monroe. Les quelque 24 fenêtres, à double châssis, ont été grattées à fond, puis repeintes.»

À l'intérieur, d'autres détails sont caractéristiques du constructeur, comme les arches qui séparent le hall d'entrée de la salle à manger et du salon, et la petite niche dans le mur, utile pour loger discrètement le système d'alarme ou les clés.

Portes et soutiens-gorge

L'abri d'auto ouvert, ajouté par un occupant précédent dans les années 70, arbore maintenant de larges portes de bois dotées d'un rang de carreaux vitrés et pointus. Ces portes récupérées, mises au chemin par un pub des Laurentides, Mme Monroe les a immédiatement remarquées, alors qu'elle allait visiter ses parents, à Huberdeau. Mais comment les transporter jusqu'à Beaconsfield? «J'ai emprunté un camion à la compagnie» raconte Mme Monroe, qui était alors vice-présidente au marketing chez La Senza, détaillant de lingerie féminine.

Le véhicule ne passait pas inaperçu, entièrement couvert d'une photo de jeune femme allongée vêtue d'attrayants dessous. Les voisins ébahis l'ont vu s'arrêter dans leur rue. Il en est sorti non pas des boîtes de soutiens-gorge, mais bien les fameuses portes récupérées. Un entrepreneur les a coupées et renforcées, avant de fermer le garage.

Le toit à quatre versants, à l'origine pratiquement dépourvu d'isolant, a été entièrement refait: nouvelle structure de bois, mousse d'uréthane giclée et bardeaux d'asphalte.

Dans le salon, le plancher de chêne d'origine a été teint d'une couleur plus foncée. «J'aime observer les marques sur le bois, confie Mme Monroe. J'aime aussi quand on fait un feu de foyer: on sent alors un appel d'air dans toutes les pièces. Ça fait partie du charme de la maison!»

Photo David Boily, La Presse

Janice Monroe entourée de ses deux filles, Margo, 11 ans, et Olivia, 15 ans.

Photo David Boily, La Presse

Les portes du garage, agrémentée d'un rang de carreaux vitrés et pointus, en sont à leur deuxième vie: elles ont appartenu à un ancien pub des Laurentides.