Quand le diagnostic est tombé, en 1998, Carmen Sansregret et Michel Roy ont su qu'ils allaient quitter leur maison de trois étages pour une habitation de plain-pied.

«La sclérose en plaques apporte des restrictions importantes, explique Carmen. Je veux demeurer le plus autonome possible. Et comme mon corps perd son harmonie, je désire plus que jamais un environnement harmonieux. Je ne veux pas que mes déficits physiques m'amènent à renoncer à l'esthétique. C'est pour ça qu'on a demandé à la designer Josée Séguin de réaménager notre espace.»

Pendant des mois, le couple glane les informations pertinentes au centre de réadaptation Le Bouclier, sur les manières d'aménager l'espace pour qu'il devienne le plus fonctionnel possible. Il consulte également l'ergothérapeute du CLSC. En janvier 2007, il acquiert un appartement à Repentigny et prend contact avec la designer. Les rénovations se poursuivront jusqu'en avril.

«Quand j'ai rencontré Carmen et Michel, ils avaient fait le gros du travail de réflexion, raconte Josée Séguin. Mon travail a consisté à dessiner un décor raffiné en tenant compte des données à respecter - hauteur de comptoir, largeur de portes -, un décor qui leur ressemble, notamment dans leur amour de l'art visuel.»

Effet d'agrandissement

L'éclairage créé par Josée Séguin agrandit et unifie l'espace comprenant le salon, la salle à manger et le couloir. Sur tout le périmètre de cette aire ouverte, elle a ajouté une retombée de plafond contenant des luminaires encastrés halogènes orientables. Ces derniers diffusent un doux éclairage indirect, en plus de mettre en valeur les toiles jalonnant les murs. «Nous avons toujours fréquenté les galeries et admiré les oeuvres de peintres québécois, relate Carmen. Notre ancienne maison et nos bureaux - de psychologues - en étaient décorés.»

L'effet unifiant est conforté par les lattes de bois qui revêtent les planchers, sans seuil à l'entrée des pièces, pour ne pas faire obstacle au fauteuil.

Salle de bains bonheur

La douche sans seuil présente un petit banc de bois escamotable, une douchette à main, des jets de corps et des barres d'appui. «Je passerais la matinée là-dedans! lance Carmen Sansregret. C'est un endroit où j'ai encore le contrôle.» Devant la toilette, un convecteur souffle de l'air chaud sur les tibias, un petit luxe bien apprécié, quand on est frileuse.

Les carreaux de porcelaine dans la salle de bains de même que la mélamine de la cuisine, au fini de bois exotique posé à l'horizontale, apportent leur note actualisée à la décoration. Le comptoir de la cuisine est à 34 pouces de hauteur, comparativement à 36 pouces selon les normes. Un espace sous l'évier laisse entrer les pieds et les genoux d'une personne en fauteuil.

Les entrées de pièces font 34 pouces (au lieu de 30 ou 32 pouces). À deux endroits, le mur du couloir a été déplacé à angle, pour plus de fluidité dans les déplacements en fauteuil. «C'est une idée de l'entrepreneur Léo Bérubé [spécialiste en adaptation de domicile], et je lui en suis reconnaissante tous les jours», dit Carmen.

Les commutateurs électriques se trouvent environ un pied plus bas que leur hauteur habituelle.

Ces rénovations majeures ont coûté près de 75 000$. Le Programme d'adaptation de domicile (Société québécoise d'habitation) a accordé une subvention de 16 000$.