Sur la terre d'une vieille ferme familiale à Bromont, le co-animateur de l'émision L'épicerie, Denis Gagné, et son amoureuse Sylvie profitent de leur nouvelle maison couverte de bois de grange patiné. Choisies une à une, les planches de pruche, qui ont plus de 80 ans, habillent cette résidence secondaire qui, avec ses lignes épurées, évoque la simplicité des bâtiments de ferme à proximité. Récit d'une construction qui marie l'ancien et le contemporain.

Pendant plusieurs années, le couple montréalais, qui a une fille de 14 ans, a cherché en vain un chalet intimiste en bordure d'un lac dans les Cantons-de-l'Est. Le rêve, quoi! «Mais tout ce qu'on trouvait était situé trop près des voisins ou trop cher», raconte Denis Gagné, originaire de Sherbrooke.

En 2010, ils ont un coup de foudre pour un terrain situé au coeur du Hameau de la Colline du chêne, un syndicat de copropriété à vocation écologique dont l'une des missions est de faire revivre l'ancienne ferme agricole des lieux. Ils décident alors d'acquérir la parcelle afin d'y construire une maison.

«À défaut d'un lac, nous avons gagné une grande quiétude et une vue magnifique sur la nature et les montagnes environnantes», révèle le coanimateur de l'émission L'épicerie.

Au total, cinq copropriétaires vivent sur la terre, dont un agriculteur qui exploite la Ferme de la Colline du chêne, une coopérative de solidarité qui propose des paniers remplis de légumes biologiques.

Respect de la nature

Le développement durable et la protection du territoire comptent parmi les objectifs du Hameau. «Nous devions d'ailleurs soumettre nos plans au syndicat de copropriété avant d'entamer les travaux», confie Denis Gagné. Ce dernier fait appel aux architectes de l'agence Blouin Tardif architecture-environnement pour la conception. Après avoir étudié les lieux, ceux-ci proposent d'implanter l'habitation dans une clairière. Ainsi, très peu d'arbres ont dû être coupés lors de la construction.

Opération camouflage

Autre idée exploitée: l'intégration à l'environnement. En raison de sa position et de son parement de bois gris, cette résidence adossée à la Colline du chêne se fond dans la verdure. Même la partie du sous-sol en rez-de-jardin, pourvue d'une large fenêtre et d'une porte, s'inscrit subtilement dans le sol rocailleux.

«C'est le site et le contexte qui ont dicté l'emplacement de cette construction et la position de ses ouvertures. De plus, l'utilisation du bois de grange concordait avec l'esprit rural du lieu», explique Pascal Mailloux, architecte et chargé de projet. Quant à la simplicité formelle de cette demeure pourvue d'une toiture à double versant, elle fait écho aux bâtiments agricoles environnants. «L'idée maîtresse du projet était de donner l'impression que cette nouvelle propriété faisait partie intégrante du paysage», résume l'architecte.

Plein la vue

Très grandes et dotées d'un cadre en aluminium gris clair, les fenêtres procurent une allure contemporaine à l'ensemble. Sans compter qu'elles permettent aux occupants de profiter pleinement des vues et de l'ensoleillement. Mieux, ils obtiennent un panorama saisissant sur la nature grâce à une véranda en porte-à-faux, drapée de moustiquaires. «C'est un élément de surprise qui participe au langage contemporain de l'habitation et qui rappelle les ajouts des maisons de campagne d'autrefois», note Pascal Mailloux.

Patine authentique

Fasciné par les granges ancestrales du Québec, le couple a d'abord eu l'idée d'acheter des planches de pruche brute et de les laisser grisonner, une fois installées. «Mais des cernes peuvent se former et il faut attendre très longtemps avant que la patine soit uniforme, fait remarquer Denis Gagné. Nous nous sommes alors dit: Pourquoi ne pas acheter du vrai bois de grange déjà vieilli et texturé?»

Un voisin lui refile alors l'adresse d'une petite entreprise: Baldwin Récupération.

Le style «grange» rajeuni

«Je me suis rendu dans la cour à bois et j'ai pris le temps de choisir les planches de pruche aux plus belles nuances de gris. Ça m'a pris une journée entière», rappelle-t-il.

D'abord, l'enveloppe de la construction a été bien scellée. Ensuite, les vieilles planches, soigneusement coupées et rectifiées, ont pu être collées les unes contre les autres et, ainsi, afficher des interstices uniformes. Ce bois utilisé en guise de revêtement a été fixé non seulement sur les quatre façades, mais aussi sur la face intérieure de l'avant-toit. Bonne idée: un espace a été laissé entre le bois de grange et la structure de l'habitation. Ainsi, une ventilation naturelle est assurée afin d'éviter toute forme d'humidité. Cette précaution prévient l'apparition de la pourriture.

Autre détail: à l'instar des granges, les planches (sans protection) ont été posées à la verticale.

«Imaginez, c'est un parement qui, malgré ses marques du passé et son aspect usé, convient parfaitement au style actuel de la maison. Ce qui me fait dire aux gens: c'est mon projet Pimp my barn», conclut Denis Gagné en rigolant.

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Combien pour du bois de grange?

Spécialisée dans le bois de grange, Baldwin Récupération, située à Bury, dans les Cantons-de-l'Est, offre des planches de pruche provenant de granges âgées de 80 à 100 ans environ. «On récupère aussi des poutres, qui peuvent servir en guise d'élément structural ou décoratif dans une maison», affirme André Gagné, de Baldwin Récupération. Selon lui, le bois de grange peut perdurer pendant plusieurs décennies, et ce, sans aucune protection. «Du moment qu'il est tenu au sec», souligne-t-il. Le coût du vieux bois de grange (planches d'environ 1 po d'épaisseur) est de 2,50$ le pied carré, alors que celui des poutres oscille entre 6$ et 10$ le pied linéaire. Des parquets en bois de grange sont aussi proposés.