Il y a ceux qui trouvent leur maison bien grande quand les enfants grandissent et désertent le nid familial. Et ceux qui la trouvent bien petite quand les enfants, devenus assez grands pour avoir à leur tour des enfants, reviennent au contraire régulièrement au bercail passer du bon temps en famille. Des parents comblés ont trouvé la solution en construisant, carrément, une maison à leurs enfants sur leur terrain... si jolie qu'ils en sont presque jaloux maintenant!

Deux enfants et leurs conjoints, six petits-enfants: Michèle* n'a pas mis beaucoup de temps à réaliser que la maison familiale, aussi grande soit-elle, serait bien petite pour accueillir trois familles sous le même toit pendant les vacances de Noël, d'été, et la plupart des week-ends. Les moyens aidant, la solution s'est imposée: construire une deuxième maison, à quelques pas de la première, pour ces chers invités.

De l'extérieur, il faut être attentif pour constater que le pavillon n'est pas de la même époque que la maison principale, une imposante demeure victorienne construite à la fin du XIXe siècle dans la région de Knowlton. Les propriétaires voulaient à tout prix créer un ensemble cohérent et ont reproduit le style des autres bâtiments d'époque: l'ardoise et les lattes de bois gris sont les mêmes qu'à l'écurie; la pente du toit suit la même que sur la grange centenaire. L'harmonie est parfaite.

Cela dit, si la maison principale a été rénovée il y a 10 ans en respectant le plus scrupuleusement possible le style victorien, ce pavillon dessiné par l'architecte Johanne Béland (www.atelierarchitecture.com) est résolument ancré dans le XXIe siècle.

«Nous avons tout fait en pensant à une chose: il fallait que ce soit facile d'entretien. Alors nous avons simplifié le style», explique la propriétaire. Exit les rideaux qui accumulent la poussière au profit de toiles opaques habilement dissimulées dans les cadres de fenêtres, exit aussi les multitudes de bibelots. Les décorations sont rares, mais choisies avec soin dans la collection d'art canadien familiale.

Deux des murs de la salle à manger sont entièrement vitrés pour ne pas obstruer la vue de l'étang situé en contrebas, où se baignent les enfants, comme leurs parents avant eux. Moderne, le coin-cuisine est surmonté d'immenses toiles de la peintre albertaine Laurel Cormack (www.laurelcormack.com). Une sculpture de l'artiste Michel Fedak, de Chicoutimi, trône sur le comptoir. Un lustre du forgeron voisin, Steve Guilbault, habille le toit cathédrale (lire autre texte) de ses délicates branches.

La table, en bois massif, est celle que les propriétaires avaient lorsqu'ils se sont mariés. Le divan aux motifs de courtepointe, ils l'avaient aussi depuis des années, tout comme la chaise berçante, et la maisonnette en bois est le jouet abandonné de leur fille devenue femme: «On a récupéré beaucoup des meubles qu'on avait et qu'on aimait».

La maison compte trois chambres pouvant accommoder six personnes, mais ce n'est pas l'espace qui manque pour ajouter des lits d'appoint au besoin. Le rez-de-chaussée compte deux chambres à coucher, une petite salle de bains avec une douche à la vapeur. Les planchers d'ardoise verte - un rappel de ceux de la maison principale - sont chauffants pour un maximum de confort et un minimum d'entretien, encore une fois. Tout est clair et lumineux grâce aux grandes fenêtres et à ce blanc crème omniprésent, des murs aux meubles et à la literie, mais qui, loin d'être froid, est d'une étonnante douceur. Choisir le bon «blanc» peut être plus difficile qu'on le pense. Le défi est ici bien relevé.

Imprévu

Mais si tout semble avoir été planifié avec le soin le plus méticuleux, les propriétaires ont eu une surprise de taille au moment de la construction: une pièce de plus que prévu! L'espace au-dessus des chambres, qui devait être fermé et ne servir que de grenier, s'est révélé assez grand pour y aménager finalement une chambre assez vaste pour accueillir deux lits supplémentaires, voire trois!

Ce dortoir n'ayant pas été planifié, l'escalier pour y monter ne l'était pas davantage, mais ce problème a vite été résolu de manière avantageuse. On a opté pour une échelle de bois sur rails (une autre création de Steve Guilbault) qui, peinte de la même couleur que les murs, passe presque inaperçu et permet finalement de faire d'intéressantes économies d'espace. Les petits enfants sont encore un peu jeunes et craintifs pour grimper seuls, mais on n'a pas de doute que ce nid perché sera très bientôt le plus populaire. «On ne peut qu'être très, très contents de cet imprévu», résume la propriétaire.

Sous-sol

Les lits en bois ont été faits par un ébéniste de la région, tout comme les armoires où l'on cache vêtements, jeux et jouets pour garder facilement ce look si épuré que la marmaille soit dans les parages ou non. De grands placards ont aussi été prévus au sous-sol, simplement aménagé en salle de télévision et de jeux, assez grand pour accueillir une table de ping-pong!

Confortable, vous dites? Assez pour faire dire aux propriétaires qu'à bien y penser... «On devrait peut-être échanger de maison et garder la petite pour nous!», lance Michèle à la blague. On pense pareil. Comme on dit dans les townships: «Small is beautiful».

*Les propriétaires ont demandé à ce que leur nom de famille ne soit pas publié.