À louer? L'affiche, collée sur la porte, surprend. À voir ce bel édifice, comme on en voit dans les magazines, on croirait plutôt qu'il s'agit de condos à la facture assez salée. Erreur...

Une ancienne maison bourgeoise de trois étages de l'avenue Laurier a retrouvé son lustre d'antan. Elle s'intègre désormais à un nouvel ensemble d'habitations locatives imaginé par un couple montréalais. François Lespérance, architecte, et Catherine Tremblay, designer de chez Tremblay-Lespérance, architecture, ont misé sur la revitalisation du secteur du métro Laurier en achetant la demeure de 1900 qui était contiguë à un terrain vacant de 25 pieds...

Dans cet espace libre, ils ont vu l'occasion de bâtir un immeuble à logements de facture contemporaine, relié à l'ancienne construction par une mezzanine. Au sommet, cet ajout a quelque chose de majestueux. En bois torréfié, il fait tourner les têtes des passants, à l'intersection de la rue Saint-Denis. «Ici, la ville encourage les façades contemporaines. Ils ne veulent pas de mimétisme avec les bâtiments voisins», souligne M. Lespérance.

La contrainte architecturale, par contre, fut tout autre: l'ensemble est encadré à droite par un bâtiment de deux étages et, à gauche, par un triplex. Il a donc fallu reprendre le même gabarit. Pour le reste, M. Lespérance s'est fait plaisir: en façade, il a réalisé une structure asymétrique pour contraster avec l'immeuble existant. De même, le choix des matériaux, comme la brique noire, tranche avec l'ancienne maçonnerie. «Le retrait de la mezzanine a été dicté par le triplex d'à côté. Les interventions architecturales sont aussi venues mettre en valeur le vieux bâtiment figé, perdu dans le contexte urbain.»

Les matériaux du nouvel édifice, briques, métal et bois torréfié, sont beaucoup plus légers que la pierre. «Je trouve que ce sont des matières résidentielles. C'est plus chaleureux qu'un mur de maçonnerie.» Deux grandes niches carrées en bois torréfié agrémentent la nouvelle façade géométrique. Elles encadrent les appartements en jouant le rôle de balcon.

La cour intérieure demeure un des clous de la construction. Elle est habillée de tôle, de pied en cap. Il y en a partout, de manière à faire réfléchir la lumière dans les appartements. Plusieurs tests ont été nécessaires pour trouver le bon matériau, car il y avait toujours un problème d'étanchéité. L'architecte a opté finalement pour des bandes verticales légèrement irisées en Galvalum, un alliage d'acier et d'aluminium résistant. «Comme il n'y a plus de soleil dans la cour après 11 h, c'est une façon de garder la luminosité», ajoute l'architecte.