Pourquoi les architectes aiment-ils le blanc? Et, surtout, d'où leur vient cette fascination pour les édifices cubiques et immaculés?

«L'apparition des maisons cubiques enduites de stuc blanc coïncide avec l'arrivée de l'architecture moderne en Europe, dans les années 20», explique France Vanlaethem, professeure associée à l'École de design de l'UQAM.

Parmi les exemples les plus célèbres de cette période blanche, il y a le lotissement de maisons pour travailleurs (principalement blanches) construit en 1927, à Stuttgart, en Allemagne, poursuit la spécialiste. Dirigé par l'architecte Mies van der Rohe, ce projet («La cité du Weissenhof») a réuni plusieurs architectes, dont Le Corbusier.

Ce dernier a participé à la modernité blanche en dessinant, notamment, la villa Savoye, construite à la fin des années 20, en France. Le Québec a aussi compté des propriétés cubiques et blanches, comme la maison Bourdon, à Québec, de l'architecte Robert Blatter.

Dans tous ces cas, le blanc a permis de mettre en valeur la pureté des volumes des bâtiments dans la nature environnante.

«Mais l'architecture blanche est un mythe, affirme France Vanlaethem. Les modernistes ont, certes, utilisé le blanc, mais ils ont aussi effectué un travail sur la polychromie, c'est-à-dire l'utilisation de la couleur pour structurer l'espace. D'ailleurs, poursuit-elle, les murs sur le toit-terrasse de la villa Savoye, aujourd'hui totalement blanche à l'extérieur, étaient colorés. Le Corbusier a conçu des habitations aux façades de couleur, dont celles de la cité moderne Frugès, à Pessac, en France, qui sont vert pâle, bleu ciel ou terre de Sienne.»