Trop froid. Trop clair. Trop salissant. Les intérieurs blancs sont-ils réservés aux célibataires sans enfants?

Avec son conjoint, Marie-Pier Morissette, 29 ans, a acquis une propriété au sein du quartier Haus, à Granby, le printemps dernier. «On adorait l'architecture minimaliste du projet», confie-t-elle. Depuis, le couple profite d'une propriété blanche à l'intérieur comme à l'extérieur, avec ses deux enfants: Félix, cinq ans, et Léa, deux ans et demi. Et ce, malgré les inquiétudes de son entourage.

«Les gens nous disaient que nos enfants étaient pour s'ennuyer dans une maison blanche et dépouillée, et que ce type d'environnement n'était pas approprié, se rappelle Marie-Pier, designer d'intérieur. Mais il n'en est rien, enchaîne-t-elle. Nous aimons le blanc. Félix parle d'ailleurs fièrement de sa maison blanche à ses amis.»

Même s'il peut être salissant, convient la propriétaire, le blanc possède plusieurs qualités, dont celle de procurer un espace de vie relaxant et serein. «Le blanc agit comme une toile de fond. Il fait non seulement ressortir les objets, mais il nous met en valeur. C'est calme, clair et on se voit mieux. Ce qui incite tout le monde à se parler, révèle celle qui, depuis juin dernier, travaille à titre de gestionnaire de projets pour Haus. Même les murets blancs du jardin intérieur font ressortir les végétaux», ajoute-t-elle.

Et les enfants? N'ont-ils pas envie de couleurs bonbon? «Il y a du noyer dans la cuisine et des touches de couleur au gré des pièces, répond Marie-Pier. Dans notre chambre, par exemple, il y a un mur gris charbon, alors que deux tons de gris animent la chambre de Félix et des accessoires roses égaient la chambre de Léa.»

Après le bois, le blanc

Depuis juillet dernier, Serge Robillard, 59 ans, veuf et retraité, vit dans l'une des 13 propriétés construites de la première phase du projet Haus. Après avoir vécu dans une maison où régnait le bois (volets, boiseries, mobilier), il a craqué pour un espace blanc radicalement dépouillé. Des regrets? «Pas du tout, après trente années passées dans un décor plutôt chargé, je rêvais d'un endroit épuré, avoue-t-il. Ici, c'est lumineux et les lignes sont nettes. Bref, ça me repose. C'est mon petit paradis blanc», dit-il en souriant.

Ce dernier, qui partage sa résidence avec sa fille de 18 ans, apprécie également la disposition de la cour intérieure. Des murs vitrés lui permettent d'entretenir un lien constant avec son jardin privé. «Ainsi, je profite de l'extérieur tout en étant à l'intérieur», explique-t-il.

Le blanc: mode d'emploi

Designers et architectes s'entendent sur les bienfaits du blanc. Le plus connu est assurément celui de faire paraître une pièce plus grande qu'elle ne l'est en réalité. Même un espace au plafond bas peut sembler spacieux. «Dans ma chambre, la hauteur du plafond n'est que de 7 pi (2,1 m) et, pourtant, on ne s'y sent aucunement à l'étroit. Le blanc possède le pouvoir de jouer sur les perceptions», atteste l'architecte Louis Joseph Papineau, qui a toujours apprécié le blanc en aménagement. Autres qualités du blanc? Comme un tapis de neige, il unifie et, bien sûr, il met en valeur les jeux de lumière. «Le blanc réfléchit la lumière à 100%, rappelle Louis Joseph Papineau. Un espace blanc permet de bénéficier pleinement de toutes les sources d'éclairage, naturelles ou artificielles.»

Sans compter que le blanc est indémodable et peut rajeunir un matériau défraîchi (de la vieille brique notamment). Mieux, dans une pièce immaculée, un matériau courant, comme de la mélamine ou du PVC blanc, se fond dans l'ensemble. «En architecture, les matériaux standards les plus économiques sont souvent blancs. Ce qui permet de réduire les coûts d'un projet et de se concentrer sur la création d'un environnement à vivre innovant», fait remarquer Jean Verville, architecte.

Lequel choisir

Il existe une pléthore de nuances de blanc chez les fabricants (environ 220 chez Sico, 140 chez Benjamin Moore, par exemple). Alors comment choisir le bon? «Le blanc des murs devrait s'harmoniser avec la couleur d'accent ou du plancher de bois d'une pièce, affirme Sophie Bergeron, directrice couleur et design chez Benjamin Moore. Par ailleurs, les blancs possédant une teinte de crème se marient aisément, comme notre blanc nébuleux, qui est très prisé par les designers.» Du côté de Sico, c'est le blanc Peau de tambour, contenant une légère teinte de gris, qui a la cote, note Dominique Pépin, directrice marketing de la marque. «Il est recommandé de tester un blanc - en se procurant un petit contenant ou en fixant un échantillon sur un mur - selon la lumière qui pénètre dans la pièce, propose-t-elle. Autrement, nous offrons une présélection de blancs qui s'agencent parfaitement aux différentes couleurs dans nos nouveaux présentoirs.»

Comment l'appliquer

Le secret d'un mur blanc parfait? «Une bonne préparation, peu importe la couleur de la peinture utilisée, affirme Benoît Desjardins, peintre en bâtiment. Il importe, entre autres, de poncer le mur, que l'on soit dans une maison neuve ou ancienne, et, pour ce faire, j'utilise une sablette manuelle, mon outil indispensable.»

Comment l'éclairer

Un truc pour «réchauffer» le blanc: «Il suffit de choisir un éclairage doux grâce à des ampoules, incluant les tubes fluorescents, dont la température est d'environ 3500 kelvins», conseille Louis Joseph Papineau.

Comment le nettoyer

En règle générale, la peinture au fini lustré se lave plus aisément. Toutefois, les peintures au fini mat actuelles ont évolué et s'avèrent plus faciles à nettoyer. Un des produits de la collection Aura peut même être appliqué dans une salle de bains ou un spa sans craindre les taches et les traînées d'eau, soutient Sophie Bergeron, de Benjamin Moore.

«N'empêche, il vaut mieux éviter les finis trop mats dans les pièces les plus fréquentées et les espaces de circulation d'une habitation», estime Dominique Pépin, de Sico. «Aussi, il est déconseillé de frotter au même endroit sur une peinture au fini mat, enchaîne Sophie Bergeron. Lavez plutôt une grande surface à l'eau savonneuse.»

Enfin, Hans Labrie, fondateur des Lavettes, une entreprise spécialisée en entretien ménager écologique, a tout essayé pour nettoyer les surfaces blanches. Résultat? «Le produit Hertel Salle de bains avec eau de Javel n'est peut-être pas le plus écolo sur le marché, mais il permet de nettoyer efficacement un lavabo, une baignoire, des murs ou des comptoirs blancs sans abîmer la surface», observe-t-il.

Quelques erreurs à éviter

«Un blanc lustré accentue les défauts, alors qu'un blanc mat les atténue, car il réfléchit moins la lumière», fait remarquer le peintre en bâtiment Benoît Desjardins. Si toutefois vous avez de belles moulures, une peinture lustrée les rehaussera. Selon l'architecte Jean Verville, il n'est pas souhaitable d'opter pour un seul blanc dans une propriété. «On gagne en qualité lorsque différentes nuances de blancs cohabitent dans un milieu», juge-t-il. Aussi, une utilisation trop timide du blanc peut faire banal, voire bon marché. À l'inverse, son omniprésence peut engendrer un effet clinique, prévient l'architecte. «Il importe donc que la coloration des murs fasse partie intégrante d'un projet architectural et qu'elle ne soit pas réduite à une simple question de décoration», conclut-il.