Les architectes Annie Lalancette et Nelson Ruel ont remporté plusieurs prix d'architecture pour la rénovation de leur ancienne demeure urbaine, un petit bâtiment résidentiel de la rue Saint-Vallier Ouest, dans le quartier Saint-Sauveur, à Québec. Ils ont depuis troqué leur maison en bande tout en hauteur pour le format opposé, un bungalow plus adapté à leur jeune famille, laissant du coup la chance à un autre couple, tombé amoureux de la résidence, de goûter à la vie citadine.

Mme Lalancette et M. Ruel ont acquis l'étroite habitation en 2003. Le propriétaire de la maison voisine et mitoyenne avait alors scindé son lot en deux. La mince parcelle de terre sur laquelle était située la très élancée propriété ne valait pas grand-chose pour la Ville de Québec, soutient Mme Lalancette. «Aux yeux de la Ville, ça n'a aucune valeur comme lot. Je me demande si le terrain valait 5000 $», se rappelle l'architecte. Le terrain vaut aujourd'hui presque trois fois plus cher.

L'ancien duplex ayant une façade large de seulement 3,6 mètres (12 pieds) a été complètement rénové et converti en maison unifamiliale. La construction de trois étages (plus le sous-sol) a été repensée pour la rendre superfonctionnelle.

Mais pourquoi avoir choisi cette demeure qui posait de nombreux défis? «On voyait le potentiel dans cette maison. La largeur n'était pas grande mais les plafonds hauts permettaient d'en faire quelque chose d'intéressant.» Résultat : une maison baignée de lumière avec petite cour privée.

Mme Lalancette aimait profondément le compact projet urbain, qui se distingue de l'appartement et de l'option condo. Pas de problème avec les proprios. Pas d'aires communes. Pas de frais de condo.

Mais le couple a eu des enfants et devait constamment assurer une garde autour des escaliers sans contremarche. Ce n'était pas l'espace disponible dans la maison, mais les bambins qui l'ont poussé à déménager. «Si ça n'avait pas été de l'âge des enfants, ça n'aurait pas justifié un déménagement», indique Mme Lalancette.

«On a acheté un plain-pied de 12 pieds de haut et 50 pieds de largeur. Le même format, mais à l'horizontale!», s'amuse l'architecte.

Coup de coeur en hauteur

Lise et Pierre ont pris possession de la maison de la rue Saint-Vallier Ouest en octobre dernier. Un vrai coup de coeur : la résidence est «la raison pour laquelle le couple est revenu habiter en ville». «On est passionnés d'architecture. C'est un hobby. On construit des maisons, on les bâtit, on les designe, on vit dedans quelques années et on en refait d'autres! On a fait ça pendant 20 ans, on était un peu fatigué», explique Lise. La plupart de ces maisons se trouvaient également à la campagne, loin de leur travail, en ville. «Ça faisait beaucoup de va-et-vient!»

Le couple voulait habiter en ville, mais pas à n'importe quelles conditions. Il était attiré par le quartier Saint-Sauveur, avec son esprit un peu bohème, la présence de jeunes familles et la rivière Saint-Charles tout près. L'étroite maison l'a convaincu. «C'est une maison bien pensée, originale, cohérente, belle et lumineuse!»

De plus, la résidence est bien isolée, contrairement à plusieurs autres dans ce vieux quartier. Lise et Pierre auraient bien aimé trouver une maison à retaper aux alentours, mais les prix des résidences ayant beaucoup augmenté, l'entreprise devient plus difficile. Et l'énergie vient à manquer.

Annie Lalancette et Nelson Ruel «ont été extrêmement patients», soutient Lise. «Ils ont tiré parti de l'espace de façon admirable.» L'avantage, c'est d'abord la lumière, observe-t-elle. Le dernier étage est particulièrement éclairé car la plupart des bâtiments autour n'ont que deux niveaux. Et les nombreux escaliers ne la dérangent pas un brin.

La nouvelle proprio est aussi très satisfaite de la toute petite cour - une enclave encore plus étroite que la façade - , qu'ils viennent tout juste de réaménager. Il s'agit, selon elle, d'une bien jolie preuve qu'il est possible de réaliser un coin de verdure accueillant dans presque n'importe quel espace, aussi minuscule soit-il. Laurie Richard