La demande de Mary et John était sans équivoque: une maison santé. Appelés à passer plus de temps à la maison - ils sont fraîchement retraités -, ils ne veulent pas de pollution intérieure. Le couple aspire également à laisser une empreinte légère sur l'environnement. Histoire d'une maison LEED.

En devenant prof de yoga, il y a cinq ans, John a senti s'intensifier sa quête d'une vie saine et en harmonie avec la nature. «C'est une des choses qui m'a plu chez lui», dit Mary, sa compagne depuis trois ans. Pour atteindre l'objectif d'un logis avec le moins de matériaux toxiques et de poussière possible, construire à neuf était la meilleure solution. L'ancienne maison de villégiature de John, avec une vue magnifique sur le lac Saint-Louis, en banlieue ouest de l'île de Montréal, a été rasée pour faire place à la nouvelle.

Les composants - radiateurs à eau chaude, fournaise, fenêtres, portes - de la vieille demeure maison ont été vendue à bas prix ou donnés, et les matériaux (bois, acier), triés pour recyclage.

La première rencontre avec l'architecte Maryse Leduc a lieu au printemps 2009. «Semaine après semaine, Maryse nous a aidés à définir notre projet, dit Mary. J'ai des amis qui ont en tête leur maison de rêve, mais moi, j'avais zéro idée. Maryse nous a prêté des livres et demandé de mettre des petits collants sur ce qu'on aimait.» Un des défis, pour l'architecte, a été de concilier les goûts champêtres de John avec ceux, contemporains, de Mary.

Le couple voulait une maison Novoclimat. En cours de route, il a aussi décidé de viser la certification Leed, niveau argent ou or. «La grille de certification Leed oblige à faire toutes choses avec les bonnes pratiques, explique John. Une inspectrice Leed a participé aux rencontres dès les débuts de la conception, et elle a inspecté régulièrement le chantier, ce qui est une garantie de qualité.»

John affirme avoir beaucoup appris dans le processus. «Des exemples? Sur le plan de la durabilité de l'édifice: un drain dans la salle de lavage évitera de possibles dégats d'eau. Sur le plan de l'économie de matériaux neufs: le béton des fondations contient 30% de cendres volantes récupérées.»

John trouve très important de préserver la nature dans chaque geste. «Ce n'est pas toujours évident pour les autres», confie-t-il. Les travailleurs ne tenaient pas compte de l'avis qu'il avait collé sur le conteneur à déchets: pas de gypse, pas de métal, etc. «L'entrepreneur était très consciencieux, récupérait le bois et avait l'expérience des chantiers Leed, mais il croyait moins que moi à l'efficacité des écocentres.» John a fouillé dans le conteneur pour en sortir des matériaux: une pile pour le gypse, une autre pour le métal, une pour le bois, le plastique, les cables électrique, etc. «Un beau samedi, nous sommes allés porter ces rebuts à l'écocentre.»

Jardin de pluie

Autre élément écologique: le jardin de pluie, pour récupérer les eaux ruisselant du toit. Ce jardin est constitué d'une fosse d'environ quatre pieds de profondeur et quatre pied de côté, au point le plus creux de la cour. Empli de gravier, avec sur le dessus de belles roches de rivière, il disséminera l'eau dans le sol, ce qui allégera la tâche des égouts municipaux et de l'usine d'épuration. L'entrée de garage sera couverte de pavés pâles qui défavorisent l'accumulation de chaleur. Des pavés perméables apporteraient plus de crédits Leed, mais leur pose coûte deux fois plus cher, et il faut bien faire des choix.

La nouvelle maison peut accueillir les quatre enfants du couple (ils en avaient chacun deux). «À Noël dernier, nous étions dix adultes, un bébé (le petit-fils de John), deux chiens et un chat», relatent-ils avec enthousiasme. Et la santé de tout ce beau monde? «Florissante!», répond Mary sans hésiter. À l'entendre évoquer de futurs projets de mobilisation citoyenne, on n'en saurait douter!