Du 1er juillet au 30 novembre 2010, Caroline L'Archevêque s'est engagée sur 32 chantiers et a parcouru 4500 km à vélo sur les routes du Québec. «Je veux démontrer que l'autoconstruction écologique est en effervescence dans notre province, dit-elle. Je veux que ça en inspire d'autres.»

Cette diplômée en ébénisterie artisanale offrait ses bras et son «huile de coude» en échange des repas, d'un espace où planter sa tente et de l'occasion d'apprendre. «Je n'ai pas demandé d'argent, affirme-t-elle. L'expérience acquise me tenait lieu de salaire, de même que le plaisir du partage et des nouvelles amitiés. L'argent aurait tout gâché.»

Caroline L'Archevêque achève l'écriture d'un livre qui relate cette expérience, et se prépare à un autre voyage au Canada et sur la côte Ouest, jusqu'en Amérique latine. C'est du moins sa prochaine direction, mais comme elle le dit elle-même, les choses ne se passent jamais comme prévu. «C'est le bouche à oreille qui mène le plus sûrement d'un chantier intéressant à un autre.»

Racines profondes

«J'ai recherché des autoconstructeurs dont les racines environnementales sont profondes, relate notre cycliste ébéniste. Je voulais des gens qui ont fait des recherches, des gens sincèrement soucieux de l'environnement.» Caroline L'Archevêque souhaitait également mener une vie de simplicité volontaire, prendre une distance face à notre société de consommation.

Au fil des chantiers et des rencontres, elle se familiarise avec de nombreuses techniques alternatives, comme la construction en ballots de paille (la technique du GREB, notamment), la finition aux enduits naturels avec Sylvie Plaire, la construction en chanvre et chaux avec Gabriel Gauthier, etc. «Le soir, je me retirais dans ma tente, je classais mes photos, lisais et écrivais mes courriels, j'alimentais mon blogue. Les week-ends, j'allais explorer la région à vélo.»

Multidisciplinaire

À 16 ans, Caroline L'Archevêque voulait devenir architecte. Après avoir décroché un double DEC (diplôme d'études collégiales) en sciences pures et en danse, au cégep Montmorency, elle est acceptée au Toronto Dance Theater. Mais à la dernière minute, elle s'est plutôt inscrite à l'École nationale de cirque de Montréal, motivée par le côté plus sportif de cette discipline. Un an plus tard, un accident et une opération la conduisent à chercher une autre carrière. «Je ne peux plus m'entraîner 60 heures par semaine», explique-t-elle. De toute évidence, elle peut encore parcourir de longues distances à vélo.

Après un semestre non satisfaisant à l'université, elle emprunte à une conseillère d'orientation un livre décrivant toutes les formations professionnelles existantes au Québec. «À "ébénisterie artisanale", une technique de trois ans, j'ai eu le sentiment d'avoir trouvé.» Son diplôme en poche, Caroline L'Archevêque a rempli des contrats d'ébénisterie et enseigné la danse. Puis elle s'est lancée dans son projet «Rousse qui roule», en juillet 2010, après avoir suivi des formations chez Écohabitation (construction écologique) et chez Distribution Tockay (peintures et enduits naturels).

Caroline L'Archevêque donne une conférence sur les chantiers écologiques au Québec, le dimanche 12 juin, de 13h à 15h, au Centre Saint-Pierre à Montréal. Inscriptions: ecocyclistehotmail.com Prix d'entrée: 20$

Le blogue de Caroline L'Archevêque: www.roussequiroule.com