La maison du meunier à Neufchâtel a été construite en 1782 soit 20 ans après la conquête par les Anglais. Mais heureusement, la résidence de style québécois est toujours bien portante grâce aux bons soins d'Austin Reed et d'Henriette Legault qui l'ont littéralement sauvée de la démolition en 1964.

«C'était l'époque où les banlieues de Québec commençaient à pousser, explique M. Reed en entrevue. Le lot que nous occupons aujourd'hui avait été acheté par un promoteur immobilier. Il voulait y construire un quartier résidentiel de bungalows.» Mais grâce à la ténacité du couple Reed-Legault, le promoteur finira par leur vendre la vieille maison à la condition qu'ils acquièrent du même coup un acre de terrain. «Une proposition qu'on a aussitôt acceptée, déclare Mme Legault, parce que nous la voulions cette propriété.»

Or, le défi était grand, car le jeune couple - parent d'un premier enfant - n'avait pas beaucoup d'argent. Aussi pour obtenir leur prêt hypothécaire, ils devront s'engager à installer le chauffage central dès la première année. Petit à petit, ils referont l'isolation, la plomberie, l'électricité avant de restaurer une à une les pièces de l'ancienne maison du meunier. «Tout au long des rénovations, notre objectif restait le même : conserver le caractère architectural de la maison en respectant les lignes et les matériaux d'origine.» Mais l'exercice a été difficile, parce qu'à l'époque, il n'existait pas beaucoup de documents pour guider leurs pas.

Néanmoins, le résultat final est à la hauteur des attentes puisqu'ils ont été honorés, en 2008, par les Amis et propriétaires de maisons anciennes du Québec pour la mise en valeur de leur propriété qui a conservé les grandes caractéristiques d'une québécoise du régime français.

Toutefois, le premier carré de la maison aurait été construit en 1782, mais comme dans bien cas au Québec, la résidence a été agrandie dans les années 1840. Dans la partie ancienne, le couple Reed-Legault a presque tout préservé de l'immense foyer de pierre, jusqu'aux fenêtres à crémone en passant par les poutres du plafond, les portes et moulures. Dans la partie plus récente qui est devenue leur salon, on retrouve des plafonds à caissons et de superbes moulures d'une facture un peu spéciale.

Pour les besoins de leur petite famille (trois enfants), les Reed ont dû aménager une garde-robe d'entrée et modernisé la cuisine, parce qu'au XVIIIe siècle, il y avait très peu de commodités, souligne Mme Legault. Grâce aux talents d'ébéniste de Austin Reed, les armoires de cuisine ont l'air d'époque. Et le vieux vert patiné du comptoir donne du caractère à la pièce.

Une des rénovations majeures fut le transfert de l'escalier vers le centre de la maison. «Nous l'avons déplacé, explique M. Reed parce que l'ancienne était dans une chambre à coucher. Ce qui n'était vraiment pas pratique. La nouvelle est inspirée de l'originale.»

À l'extérieur, la résidence de pierres a gardé la même facture si ce n'est la transformation d'une fenêtre en porte, l'ajout de volets et la réapparition d'une lucarne. Pour combler ses besoins en ébénisterie, Austin Reed a construit un garage qui reprend des éléments de la résidence.