Pour faire aimer l'architecture de chez nous, déjà très personnelle et émancipée, et ses créateurs, l'École d'architecture de Québec publie, de concert avec la Société d'habitation (SHQ), l'Ordre des architectes, Les Publications du Québec et l'APCHQ, son cinquième «florilège» de grandes réalisations. En 2006, maisons contemporaines. Cette fois, les immeubles collectifs ou à logements.

Il s'agit d'Architecture et habitat collectif au Québec, 65 immeubles résidentiels (*). Un recueil remarquable fait par un collectif de 26 étudiants, d'ici et d'ailleurs, de l'École d'architecture sous la direction de Martin Dubois, chargé de cours aussi bien que consultant en architecture et patrimoine.

La page couverture, qui montre le chemin, présente Les Façades de l'île, oeuvre des architectes Côté, Chabot et Morel, tournée vers l'île d'Orléans qui lui renvoie sa beauté, et posée sur un terrain dénivelé, à l'endroit même où se trouvait la cimenterie Saint-Laurent.

Les immeubles d'habitations doivent avoir leur part d'estime, dit-on. Aussi bien pour leur beauté et pour leur utilité que pour l'art de faire vivre heureux dans des agglomérations urbaines denses. Puisque «un bon arbre peut loger 10 000 oiseaux», reprend par analogie le collectif, citant un proverbe birman.

Plus loin, cette prescription de l'architecte fino-américain Eliel Saarinen (1873-1950), dont le livre se nourrit : «Concevez toujours une chose en la considérant dans un contexte plus large : une chaise dans une pièce, une pièce dans une maison, une maison dans un quartier, un quartier dans une ville.»

Bâtir de l'intérêt

Directeur de l'École d'architecture en 1984 et en 1985, puis de 2000 à 2007, Émilien Vachon a été à l'origine de ces ouvrages dont le premier, Architecture contemporaine à Québec : 112 repères urbains, en 2002.

«Nous avons voulu bâtir, par l'édition, de l'intérêt autour de l'architecture. Cela, avec le concours de partenaires et sans qu'il n'en coûte pécuniairement à l'université», dit-il, humblement.

Au nombre des réalisations présentées dans Architecture et habitat collectif, des immeubles aux logements en copropriété somptueux, des églises et des fabriques converties, des tours parfois mi-chics mi-bohèmes, d'autres dont l'architecture éclate même dans la cour, des résidences populaires pour aînés ou pour étudiants, des coopératives d'habitation. L'ancien et le moderne sont en fusion. Le contemporain s'accorde au traditionnel, le traditionnel au contemporain.

Les architectes font beau, durable, utile, agréable et bien intégré en toutes circonstances. Y compris avec de petits budgets, parfois sur des emplacements inhospitaliers.

«Souvent implantées sur des sites ingrats ou difficiles à valoriser, les coopératives d'habitation sont souvent, malgré leurs moyens financiers limités, à l'origine de belles mises en valeur d'espaces urbains délaissés», peut-on y lire. De même pour les immeubles à logements subventionnés. >

> «Les architectes ne font pas qu'agencer la pierre et le mortier. Ils créent de beaux milieux de vie», a déclaré le président de la SHQ, John McKay, lors du lancement du livre, dernièrement, à l'École d'architecture.

Région de la capitale

Outre Les Façades de l'île, dans la région métropolitaine de Québec, le livre exalte le George-V (Richard Saint-Pierre, architecte), avenue Wilfrid-Laurier; le Quai 107 (Côté, Leahy, Cardas, architectes), dont le quai Saint- André et la rue Saint-Paul ont les façades en partage; le Gutenberg (Ardam, consultants en architecture), boulevard Charest, qui se dresse au-dessus de l'ancienne gare d'autobus Voyageur.

Puis le Saint-Gabriel (Jacky Deschênes, architecte), 524, rue Saint-Gabriel; la Villa Val-Espoir (Larochelle Peirolo, architectes), 1761, boulevard Pie-XI Nord, à Val-Bélair; la Résidence Place du geai bleu (Brière, Gilbert et ass.), 2, rue Rouleau, à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, laquelle exprime d'ailleurs toute la vigueur forestière de l'endroit.

Et encore. L'édifice Fleurie (Côté, Chabot, Morel, architectes), 480, rue de la Chapelle, une résidence d'étudiants près du jardin du Savoir; Les ateliers du roulement à billes (Florent Cousineau, artiste), angle Sainte-Hélène et de la Couronne.

Sans compter La Falaise apprivoisée (Gamache, Martin, architectes), à la rencontre de Saint-Vallier Est et d'Arago; puis Le Saint-Paul-Apôtre (Lafond Côté, Architectes), 2112, 8e Avenue, une ancienne église paroissiale.

Aussi, Les Condos Eurêka (St-Gelais Montminy et ass. architectes), 905, rue des Prairies, dans l'ancienne école primaire Notre-Dame-de-la-Paix qui devint ensuite l'école navale; la Coopérative d'habitation Botany (Martin Brière, architecte, Mélinda Hart, B. Arch.), 1400, boulevard Père-Lelièvre; Le Harfang (ABCP, architecture et urbanisme), 3-11, rue Jean-Boutet, à Beauport.

Enfin, la Coopérative d'habitations Vivre en Ville (Brière, Gilbert et ass., architecture et de- sign urbain), 422-432, rue Saint-Olivier, un projet contemporain en continuité avec l'environnement adjacent bâti, aux logements compacts et fonctionnels. Enfin, Les Résidences Bagot (Ardem, consultants en architecture), angle Charest et de l'Aqueduc. Un immeuble qui refait sa beauté au secteur.

(*) MARTIN DUBOIS en collaboration. Architecture et habitat collectif au Québec, Les Publications du Québec, 2010, 240 p. 32,95 $, chez votre libraire ou à publicationsduquebec.gouv.qc.ca