Propriétaires depuis juillet 2007, les occupants de cette vaste demeure ont littéralement campé dehors, à l'été 2008, poêle à gaz et réfrigérateur sur le patio. Ils n'entraient que pour dormir et pour surveiller les travaux. Trois ans plus tard, leur propriété de Dorval, devant le lac Saint-Louis, figure parmi les cinq finalistes du concours «maison coup de coeur» de l'Opération patrimoine architectural de Montréal 2010.

En 2005, déjà, le couple admirait cette habitation à vendre devant laquelle il passait à vélo. Le travail l'a appelé à Edmonton. Puis rappelé à Montréal, un an et demi plus tard. «La maison était encore à vendre. Nous voulions vivre sur le bord de l'eau et j'avais le coup de coeur», relate la dame de la maison.

Désireux d'avoir un endroit où se réfugier, le couple commence les travaux à l'étage, où se trouve la chambre des maîtres, trois autres chambres - dont une sert de bureau -, trois salles de bains et un ascenseur. Ce dernier élément, un défi pour l'architecte Mohsen Bishai, a été inséré entre les poutres d'acier de la structure d'origine. L'étage peut recevoir les visiteurs assidus du couple: leurs quatre filles et quatre petits-enfants.

La chambre principale a été agrandie d'une surface de 15 pieds sur 10, au-dessus du toit du balcon, avec des fenêtres en harmonie avec celles de la façade. Son minuscule balcon de trois pieds est devenu un confortable patio, au-dessus du solarium. Détail important: les murs mansardés ont été déplacés de trois pouces vers l'intérieur, «afin de prévenir la condensation dans les combles», explique le propriétaire, ingénieur de formation.

Photo: Ivanoh Demers, La Presse

Dans le «faux» sous-sol, à l'arrière, le lac Saint-Louis se laisse deviner, par-delà une des trois arches de pierre, elles aussi remises en état. L'une des arches soutient un balcon, une autre, le solarium, et la dernière, deux escaliers.

La toiture a été refaite, ainsi que la quarantaine de fenêtres, une opération majeure confiée à la société Pella. Les innombrables carreaux - en triangle, en trapèze, arrondis, ovales, carrés - ont été reconstitués en vitre thermos. «Un jour, relate le propriétaire, je suis revenu du travail, alors que les fenêtres de la cuisine venaient d'être changées, mais pas celles du salon. La différence ne se voyait pas.»

Comme l'ascenseur rapetissait la cuisine, on s'est mis en devoir d'agrandir celle-ci, tout en maintenant le leitmotiv de la maison: toujours conserver une vue sur le lac, ses pêcheurs, ses canoteurs, l'île Dorval...

Les planchers des balcons sont de plastique recyclé. Les garde-corps de bois, oeuvre de Michel Varin, reprennent les motifs d'origine, mais en plus hauts, donc plus sûrs. Le même entrepreneur a réalisé le manteau du foyer, en granit (comme les comptoirs de cuisine: King Granit), et les boiseries. La porte de chêne avant a été reproduite avec précision.

Le faux sous-sol a été entièrement refait, avec plus de fenestration. On a fait gicler de l'uréthane (isolant) par l'intérieur sur le plafond de l'étage et les murs extérieurs. On a refait l'électricité, la plomberie, les canalisations d'égout - rouillées et envahies d'herbage -, de nombreux murs (en carton), etc. On chauffe électriquement à l'air pulsé, avec en plus trois foyers au gaz naturel. Les fondations ont été nettoyées de l'extérieur, isolées et pourvues d'un drain français.

«Nous n'aurions jamais trouvé toutes les solutions à autant de défis, souligne l'ingénieur, sans le maître d'oeuvre, Rénovations Jim MacDonald.» L'entrepreneur Michel Malo a également apporté un grand coup de main pour les travaux extérieurs.

Photo: Ivanoh Demers, La Presse

Dans la chambre des maîtres, le petit balcon de trois pieds est devenu un confortable patio, au-dessus du solarium.